Vous vous demandez pourquoi diable Hollande a nommé Valls premier ministre à la place du si commode Ayrault ? Vous croyez faire un cauchemar quand vous lisez la liste des ministres « resserrés » chargés de « mener le combat » contre la crise, la sinistrose, les déficits publics, le chômage, la croissance « négative » du PIB (ça fait moins négatif que d’avouer que le PIB baisse), l’insécurité, l’illettrisme, sans oublier l’homophobie, la xénophobie, l’anti-sémitisme et les inégalités ? Vous vous dites que tout cela relève du gag, qu’on se fout de votre gueule, qu’à force de les exaspérer, les Français vont exploser, que ça va se terminer dans un bain de sang. Bref, Hollande est fou, ou il boit, ou il se charge aux amphétamines, ou au Viagra, en tous cas il est en pleine crise de delirium tremens… Hé bien non ! Hollande n’a pas perdu les pédales (de son pédalo), il n’est pas idiot non plus, il n’est pas si mou qu’on veut bien nous le faire croire, ni si indécis qu’on le dit… Il n’est sans doute pas fait pour le job de Président, ça, c’est une évidence, mais, pour se faire élire en faisant prendre au bon peuple des vessies pour des emplois, il ne craint personne.

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Et ce que Hollande a très bien retenu, de ces élections municipales où les socialistes se sont pris une raclée phénoménale, ce n’est pas, comme on l’a répété à droite ou à gauche, que le gouvernement Ayrault n’avait pas fait assez de ceci ou fait trop de cela, qu’il était trop libéral et pas assez social, trop capital et pas assez sociétal, ou dieu sait quoi, non, ces explications de perroquets savants, ça lui en a « touché une sans faire bouger l’autre » (Chirac). Mais ce que le Président le plus madré, le plus sournois, le plus menteur, le moins affectif que la France ait hélas élu a reçu 5/5, c’est que ses « amis », sous la houlette des Adolfo Ramirez, Duflot, Mélenchon, Aubry et consorts, entendaient profiter de cette fessée pour lui faire porter in personam le chapeau de toutes les avanies qui frappent notre pauvre pays depuis les présidentielles de 2012… exactement comme lui-même avait pris la place de Sarkozy en lui imputant toutes les plaies de la galaxie. Que les socialistes, pour sauver leur propre peau, fassent croire au bon peuple que ce n’est pas le socialisme qui est le problème, mais Hollande, même si c’est en partie vrai, ça, ça lui est resté en travers de la gorge, au capitaine de pédalo. Et il a décidé de se venger, comme seuls peuvent se venger les cyniques de son espèce.

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Alors il a nommé Valls, son faux ami, à la place d’Ayrault, son vrai ami – lequel Ayrault, au lieu de pleurer sur l’injustice du sort que le Président lui a fait, devrait le remercier chaudement de l’avoir tiré de ce guêpier-. Et, comme il peut être très réactif quand il le veut bien, il n’a pas perdu de temps pour glisser au matamore de ces dames les premières peaux de banane d’une longue série dont il espère qu’elles finiront par l’envoyer au tapis. Et c’est ainsi que les ministres qu’il lui a imposés sont tous, au mieux des amis de Hollande, au pire des ennemis intimes du nouveau premier ministre, lesquels se feront un plaisir de le dégommer à la première occasion [1] . Quant à Valls, il est tellement persuadé que son intelligence supérieure et son savoir-faire inégalable lui permettront de rouler tout ce joli monde dans la farine, qu’il a tout accepté, trop heureux d’être enfin nommé premier ministre… en attendant le plébiscite de 2017, qui fera de lui le maître de la France et de ses colonies… en attendant l’Europe, le Monde, l’Univers, et au-delà, s’il y en a.

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Je résume : nous avons à ma gauche Hollande, qui, mine de rien vient de changer d’ennemi intime, en substituant à Sarkozy tous ses amis de gauche (ça fait du monde !), et qui donc est prêt à tout, y compris à perdre ou ne pas être en mesure de se présenter en 2017, pourvu que ni Valls, ni aucun de ceux qui, à gauche, l’ont flingué à vue ces derniers jours, ne puissent prendre sa place… le comble de la félicité, dans ce cas, serait que ce soit Sarkozy qui l’emporte (je m’avance, mais vous allez voir que dans les semaines qui viennent, la pression judiciaire sur Sarkozy va tomber).

Et nous avons à ma droite Valls, qui va passer son temps, tout en essayant d’éviter les skuds qu’on va lui décocher, à court-circuiter ses ministres et son Président, pour prendre directement à témoin le peuple de Gauche, et tant qu’à faire aussi le peuple de droite…

Rappelez-vous Mitterrand et Chirac... Le premier méprisait le second, à un point qu’on a du mal à imaginer, et le second détestait le premier, dans les mêmes proportions… et pourtant, lorsque Mitterand est arrivé au bout de ses deux mandats, il a tout fait, en sous-main, pour que Chirac l’emporte sur Jospin…

Restez attentifs… les temps qui viennent vont être très intéressants.