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Quand revient le calme (sur Arte TV)

, par  NEMO , popularité : 1%
NJ-Ile de France

A voir et à méditer, une série TV danoise que jamais les réalisateurs appointés de France Télévision n’auraient osé tourner, et pour cause, elle frappe là où cela fait mal, très mal…

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Nous sommes à Copenhague, en 2020. La ministre de la Justice, progressiste jusqu’au bout des ongles, révoltée par le sort qui est fait aux immigrés clandestins dans son pays, n’a qu’une obsession, qui serait le couronnement de sa carrière : leur permettre de sortir des camps où ils sont enfermés en attendant que l’on statue sur leur cas. Lorsqu’une cache d’armes est découverte près d’un camp, et qu’il s’avère qu’un attentat terroriste se prépare contre un festival de musique, elle essaie d’étouffer l’affaire jusqu’au vote de sa loi « humanitaire ». Mais les terroristes, alertés, changent de cible et font un carton - 19 morts, un petit Bataclan -, dans un restaurant, lequel, au passage, est spécialisé dans la cuisine du porc (le concept est une viande bon marché et goûteuse, mais allez savoir comment ça peut être pris, par les temps qui courent), arrosé de bière, et s’appelle logiquement « Porc ».

Ce qui pourrait être une série dégoulinante de politique-correction, avec le discours « vous n’aurez pas ma haine » qui va avec, ou au contraire, fascisto-islamophobe (le risque d’un tel scénario est quand même bien moindre), se révèle à a fois tout en nuances, et implacable dans le diagnostic des valeurs et des mœurs de la société danoise, et, par-delà, de l’Occident. Il y a la ministre, lesbienne, dont l’épouse est tuée dans le restaurant ; le plombier, qui sauve une petite fille, est le père d’un ado drogué, veule et irresponsable, fruit gâté d’une éducation où l’enfant roi n’obéit plus qu’à ses propres désirs ; une jeune SDF, tout aussi inconsciente, vivant de chapardages, grain de sable à l’origine de la mort de l’épouse de la ministre et de son père ; le patron du restaurant, un Inuit épargné par les terroristes parce qu’il n’était pas un « natif ». Une chanteuse connue, qui vient de quitter son mari pour un amant qui s’est lâchement enfui du restaurant en l’abandonnant. Et, de l’autre bord, si l’on peut dire, un jeune afghan homosexuel, rejeté violemment par sa "communauté lorsque sa "tare" est découverte, bel exemple d’intégration en plein Danemark de la glorification LGBT !

Et puis il y a, ou il n’y a pas, plutôt, les terroristes. C’est comme s’ils n’existaient pas, ou étaient interchangeables. On apprendra seulement que les deux tueurs sont nés au Danemark. D’origine syrienne et pakistanaise, ils sont « Danois » depuis trois générations. Pourquoi ont-ils assassiné froidement ? C’est vague. Ils se sentaient stigmatisés, ils ont voulu entrer dans l’armée, mais ils ont été recalés, et ils estiment que c’est à cause de leur origine – sans doute leur serine-t-on, depuis l’enfance, qu’ils sont des victimes ontologiques des blancs, comme chez nous ?

Bref, une revue de détail sans concession de l’effondrement moral du 21ème siècle occidental dans toute sa splendeur. Et le constat, terrible, à la fin du dernier épisode de la série, fait par la ministre démissionnaire de la justice, que la mort de sa compagne a fait complètement virer de bord : pendant 27 ans j’ai lutté pour un Danemark dans lequel nous pourrions tous vivre ensemble. J’ai perdu mon temps. C’est impossible.

Sortons de la fiction pour en revenir au vécu : il se trouve que j’ai passé une dizaine de jours il y a deux ans à Copenhague. Ce n’était pas encore flagrant, mais il m’est arrivé de prendre le bus avec au volant une femme voilée de pied en cap. Et de croiser des familles en promenade, la mère bâchée comme une installation de Christo, enceinte jusqu’aux yeux, le père barbu, khamis et short long, une poussette avec un marmot non identifié, un petit garçon casquette baskets, une ou deux petites filles voilées… Et je m’étais dit, ils sont comme nous, les Danois, la naïveté des ignorants en plus. Ils vont tomber de haut ! Hé bien j’ai l’impression de m’être heureusement trompé. Depuis, c’est une première-ministre de gauche qui a sifflé la fin de la partie, qui ne veut plus d’immigration sans contrôle, qui met les clandestins dans une île en attendant de les renvoyer se faire intégrer ailleurs … Peut-être qu’il leur reste encore du sang de Vikings dans les veines, après tout ?