Avez-vous pris votre abonnement 2024 ? Non ! CLIQUEZ ICI !
Ou alors participez avec un DON


Découvrez des pages au hasard de l’Encyclo ou de Docu PN
A compter du 25 mai 2018, les instructions européennes sur la vie privée et le caractère personnel de vos données s’appliquent. En savoir +..

Trump à Jérusalem ! Fou ou lucide ?

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France

J’avais écrit « Palestiniens et Israéliens, ce n’est pas pour demain », en juin 2010, à l’occasion du blocus de Gaza par la marine israélienne. La décision de Donald Trump d’installer l’ambassade américaine à Jérusalem semble prouver, toute modestie mise à part, que son conseiller pour le Moyen-Orient a dû me lire. Voilà la tribune, actualisée.

JPEG - 118.6 ko

Je ne vais pas vous dire si je suis pour ceux qui sont contre une ambassade américaine à Jérusalem ou contre ceux qui sont pour qu’il n’y en ait pas, parce que quand il s’agit de Juifs et d’Arabes, on marche sur des œufs !
Alors, pour ne pas faire prendre de risque à Notre Journal, et accessoirement à ses rédacteurs, je vais m’en tenir aux faits, en tentant de répondre à la seule question qui vaille : quand est-ce que tout ce merdier va se terminer, si tant est que cela soit possible ?
Je vous propose pour commencer six points qui me paraissent résumer assez fidèlement la situation :
1 - l’état d’Israël n’est pas né d’un consensus international. Il a été imposé par la force par des Juifs venus principalement d’Europe, entre les années 30, et la fin de la deuxième guerre mondiale. Les « Sionistes » se sont d’abord battus contre les Britanniques qui assuraient le protectorat de la Palestine, puis contre les voisins Arabes qui ne voulaient pour rien au monde d’un « état juif en terre d’Islam ». La Communauté Internationale a été mise devant le fait accompli, et, si elle a reconnu l’état Juif, c’est à contre cœur, et essentiellement pour s’acheter à peu de frais une bonne conscience. S’il n’y avait pas eu la Shoah, il est vraisemblable qu’il n’y aurait pas détat d’Israël, du moins en Palestine.
2 - Depuis la création de l’état d’Israël, et pendant toutes les années de guerre plus ou moins larvée qui se sont succédées, les Palestiniens ont été progressivement expulsés de chez eux par les Juifs, jusqu’à ne représenter aujourd’hui qu’environ 20% de la population d’Israël [1]. Vous noterez que j’ai écrit « expulsés de chez eux », et pas de leur « pays », « nation » ou autre « état ». Il n’y a jamais eu d’état Palestinien.
3 - Les pays Arabes voisins de la Palestine n’ont jamais envisagé de laisser se créer un état Palestinien. A la fin de la deuxième guerre Mondiale, et en échange de leur collaboration avec les Alliés, ils étaient certains de se répartir entre eux la Palestine : le Nord pour la Syrie, le centre pour la Jordanie, le sud pour l’Egypte. Les Palestiniens seraient devenus Égyptiens, Syriens ou Jordaniens, et on n’en aurait plus entendu parler.
4 - Les pays Arabes n’ont jamais manifesté la moindre volonté de faire une place aux réfugiés Palestiniens qui leur demandaient asile. Ils ne les ont accueillis que contraints et forcés par la solidarité Arabe, au mieux sans enthousiasme, le plus souvent avec hostilité (par exemple « septembre noir » en Jordanie). Aujourd’hui encore, c’est-à dire après plus de cinquante années de conflit, la plupart des Palestiniens sont enfermés dans des camps de réfugiés, et ne survivent que grâce à l’aide internationale.
5 - Quoi que fassent les pays Occidentaux, et quoi qu’en disent les dirigeants Arabes, Israël est considéré par les musulmans du Monde entier comme le symbole de l’arrogance de l’Occident, et du mépris des « Chrétiens » envers les Arabes. Prenez la peine de regarder quelques minutes la chaîne de TV Al Jezirah, et même si vous ne comprenez pas les paroles, vous serez édifiés par les images. Pour les Arabes, Israël est littéralement inconcevable.
6 – Il y a dans les cartons une proposition de création d’un état Palestinien : il serait constitué des deux territoires actuellement sous autorité palestinienne, la bande de Gaza d’une part et une grosse partie de la Cisjordanie d’autre part. Dans la bande de Gaza, qui fait environ 40 km de long sur un maximum de 12 km de large, vivent à peu près 1,6 million de gens dont près de la moitié sans ressource. La bande de Gaza est maintenue sous perfusion grâce à l’aide internationale. Pour la Cisjordanie, c’est à peine moins catastrophique. Et en plus il y a un gros os dans le potage : dans l’un et l’autre territoire subsistent ou continuent de s’établir des « colonies » Israéliennes dont les « locataires » ne sont pas disposés à rendre les clés.

Ça c’est pour les faits principaux. Il y en a d’autres, mais avec ceux-là, admettez qu’il y a déjà de quoi procéder à quelques conclusions :
1 – Les Israéliens savent parfaitement qu’ils ne survivent que pour autant qu’ils sont plus forts que les Arabes. Si un jour les Arabes prennent le dessus, il n’y aura plus d’Israël. Les Israéliens savent aussi qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, que si les Arabes sont en mesure de les vaincre, les prétendus « garants » de la souveraineté d’Israël, après avoir poussé les inévitables cris d’indignation et fait voter une résolution solennelle à l’ONU, s’empresseront de ne rien faire, trop contents d’être enfin débarrassés du boulet Juif.
2 – Sachant que quoi qu’ils fassent, ils n’obtiendront jamais une paix définitive, les Israéliens n’ont aucun désir de faire la moindre concession à leurs « ennemis ». En réalité, ils n’ont pas d’autre choix que d’être les plus forts et de le montrer. Alors ils profitent de la moindre occasion pour s’agrandir, consolider leur territoire, coloniser ce qui peut l’être. Plus les Juifs seront nombreux en Palestine, plus ils auront acquis d’espace, et plus ils seront forts. Et plus ils seront forts, plus longtemps ils resteront… C’est du cynisme ou de la réal politique, comme vous voudrez. Évidemment, on aurait attendu des victimes de la Shoah une autre façon de voir les choses...
3- Les Palestiniens et le Hamas ont toutes les raisons de refuser de payer la facture de la Shoah, dans laquelle ils n’ont aucune responsabilité. Ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient accepter qu’un état Juif se soit installé chez eux. Pour eux, il n’y a rien à négocier. Ils veulent que les Juifs s’en aillent, un point, c’est tout. Quant aux voisins Arabes, ne croyez-pas qu’ils aient abandonné leur ambition de se partager la Palestine. Et ils estiment que le temps joue pour eux. Et le temps, vous savez que les Arabes savent mieux que tout autre peuple le domestiquer.
4- le conflit entre Israël et ses voisins n’est plus, s’il l’a jamais été, un conflit local. Il n’y aura sans doute jamais d’état Palestinien, mais aujourd’hui c’est en Palestine que se joue le bras de fer entre l’Occident et l’Orient, avec, pour brouiller encore plus les cartes, la lutte à mort entre sunnites et chiites. Il est trop tard pour chercher des responsables ou revenir en arrière. Nous sommes tous pris au piège : que l’on soit pro-les-uns ou anti-les-autres, il faut être conscient que toute défaite d’Israël serait vue par le monde Arabo-Musulman comme une défaite de l’Occident Chrétien !
5 – Pour en revenir à l’actualité, je pense que Donald Trump, qui ne doit pas être entouré que de crétins, et qui, en chef d’entreprise soucieux de résultat, n’a pas peur de tirer les conséquences de ses analyses, a dû en conclure qu’il valait mieux envoyer un signal de « pas touche à Israël » au monde Arabe, plutôt que de laisser la situation dégénérer. Des Israéliens menacés de disparaître, qui n’auraient plus rien à perdre, n’hésiteraient pas à se servir des bombinettes qu’ils ne sont pas censés posséder. Et alors...
Autant vous dire que la paix au Moyen Orient, c’est pour les calendes grecques, mais la Guerre, avec un grand « G », ce n’est pas pour demain non plus, peut-être grâce à Trump…

[1par contre si l’on ajoute Gaza et la Cisjordanie, on comptabilise à peu près le même nombre de Juifs et de Palestiniens, soit 6 millions pour chaque communauté