La femme (noire) la plus détestée des Français (racistes qui refusent obstinément les avancées sociétales) a encore fait la une de l’actualité, en gardant ostensiblement les lèvres serrées pendant que s’élevait vers le ciel de la France laïque la Marseillaise d’un énième Autodafé de repentance coloniale. Et, pour ceux qui n’auraient pas compris que, si Christiane Taubira avait été un homme, leurs indignations lui en toucheraient une sans lui faire bouger l’autre, elle s’est empressée de répondre aux offusqués de comédie en comparant l’exercice choral obligé de nos édiles à un « karaoké d’estrade », appréciation qui, il faut bien le reconnaître, n’est pas tout-à-fait dénuée de pertinence.

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Bon, tout ça, c’est le degré zéro de la politique, réactions obligées de Gauche comme de Droite, jusqu’à la publication par le Figaro de l’avis définitif et oh combien éclairé de Lambert Wilson soi-même, promu juge des élégances, venu clamer son « exaspération » qu’aucun responsable ne se soit avisé de changer ces abominables paroles racistes et xénophobes de la Marseillaise, qui sont la honte (une de plus !) de la République… Vous vous rendez compte, en plein 21ème siècle, chanter encore « qu’un sang impur abreuve nos sillons », un appel au massacre des étrangers dans la patrie multi-ethnique des Droits de l’Homme ? Qu’est-ce qu’on attend pour faire réécrire les paroles de l’hymne national par Nique ta Mère (Patrie) !

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Hé bien figurez-vous que cette histoire ridicule m’a fait venir quelques réflexions… Et comme je les ai trouvées plutôt savoureuses, je vous les livre brut de fonderie.

Primo : si Christiane Taubira, c’est un fait incontestable, est noire de peau, cela ne l’a pas empêchée d’être aussi et surtout Garde des Sceaux, Ministre de la Justice de la France, ce qui n’est pas rien. Elle a été députée de Guyane, candidate à la Présidence de la République. Il y a des millions de Français à peau blanche dont la carrière professionnelle est loin d’être à la hauteur de celle de Mme Taubira. Je connais des fils de paysans, pourtant d’autant plus blancs qu’ils n’ont pas les moyens de se faire bronzer sur les plages de Méditerranée ou des Iles, qui « ne sont que » chauffeurs routiers, plombiers, peintres en bâtiment, employés dans une grande surface, ou carrément chômeurs. Ces Français, contrairement à Mme Taubira, ne passent pas leur temps à se plaindre d’être victimes d’un ostracisme anti-blanc qui leur interdirait l’accès aux plus hautes fonctions de l’Administration, de l’Industrie ou de la Finance…

Secundo : Christiane Taubira, en tant que ministre, exerce des responsabilités politiques. A ce titre, je ne vois pas pourquoi il serait malvenu de porter un jugement critique sur son action publique. Je revendique le droit de penser, hors toute considération sur la couleur de sa peau, dont je me fiche, qu’à la fois ses paroles et ses actes, depuis qu’elle est garde des Sceaux, tendent à saper les fondements même de notre République, voire de nos convictions religieuses ou même humaines, avec le mariage pour tous, les peines de substitution, les écoutes Sarkozy, ses mensonges et ses provocations, toujours destinés à vomir une France qui ne serait pas assez ouverte, assez accueillante, assez égalitaire, assez juste, assez repentante, et j’en passe.

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Oui, mais voilà : Christiane Taubira, est, quoi qu’elle fasse, quoi qu’elle dise, incontestable, incritiquable, irrévocable, inamovible. Bien sûr, si les propos et les actes de Christiane Taubira avaient été proférés ou accomplis par une femme blanche ou un homme blanc, cet homme ou cette femme aurait été illico limogé. Mais pas Christiane Taubira.

Et ce n’est pas, comme Duflot en son temps, grâce à son poids politique, qui est nul, qu’elle échappe à la sanction. Si elle est encore au gouvernement, soyons clair, c’est uniquement parce qu’elle est noire. De là, à ce que ses « amis » en soient à tolérer de la part d’un être qui n’en est pas à leur stade d’évolution, mais qui fait bien dans le tableau, des débordements qui seraient autrement inacceptables… ? Comble de l’ironie, ce seraient donc ses « protecteurs » de gauche qui seraient ontologiquement les véritables racistes qu’ils sont censés combattre ?

Qu’est-ce qu’on se marre, avec les socialistes !