Et voilà ! Ça n’a pas loupé. La cour de Cassation, dont le rôle est de faire appliquer la loi telle qu’elle a été votée, ne pouvait pas faire autrement que de donner raison à l’employée de la crèche Baby Loup, virée à tort par sa direction pour cause de port de « voile islamique ». Non, madame la directrice, votre crèche étant un établissement privé, la loi ne prévoit pas de cause de licenciement pour port d’un voile, fût-il islamique. La loi n’a été prévue que dans le cadre des services publics, et l’un des principes intangibles du Droit est qu’il n’y a pas de peine sans loi.
Et nos politiques, droite et gauche pour une fois réunies dans une même indignation électorale autour du matamore préféré des Français de droite, j’ai nommé Manuel Valls, de jeter l’anathème sur les juges suprêmes. L’hôpital qui critique la charité !
Pourtant, je le répète, la Cour de Cassation n’a aucune responsabilité dans cette pantalonnade. Elle est là pour dire la loi. Et quand la loi est imbécile, son application ne peut être que stupide. J’ai consacré il y a bientôt trois ans deux tribunes à la loi sur le port ostentatoire d’insignes religieux : « Le carnaval des Islamaux », du 2 mai 2010, et « Hier le voile, aujourd’hui la burqa, demain les minarets », du 16 mai 2010. Comme je ne suis pas payé au nombre de signes, je ne vais pas me répéter. Je m’en tiendrai donc à trois observations :
La première, c’est que quand on ne veut pas poser un problème, on ne risque pas de le résoudre. Quand le problème est le prosélytisme et le communautarisme islamique, mais qu’on ne veut pas le dire et encore moins prendre les mesures qui s’imposent pour ne pas stigmatiser le « gentil » Islam de nos rêves, on pond une loi qui met toutes les religions dans le même sac. Ça s’appelle une punition collective, et, tous les pédagogues ou criminologues vous le confirmeront, la punition collective, c’est la manifestation de l’impuissance de l’autorité. Si vous punissez tout le monde, vous ne punissez que les innocents. Si vous interdisez à tout le monde, vous n’interdisez à personne.
La deuxième, c’est que notre fameux modèle laïque, comme du reste notre non moins fameux modèle social, est une ânerie. Vouloir réduire notre pays, sans doute ouvert à tous vents, mais néanmoins pétri de culture chrétienne, à une surface géographique vierge de toute référence spirituelle, est un véritable pousse au crime ! Combien de fois faudra-t-il répéter que pour un musulman, Allah est partout et dans tout. Une terre sans Dieu est une hérésie ! A la rigueur, un musulman peut accepter que des infidèles croient en un Dieu pas bien fini, comme le Dieu des Juifs ou le Dieu des Chrétiens, mais pas de Dieu, c’est impossible. La France doit être soumise à Dieu, que ça lui plaise ou non, par le fer, par le feu, ou, plus insidieusement, par la « taqqia » (stratégie de la dissimulation). Le voile est une arme, comme les piscines réservées aux femmes, les médecins du même sexe que le patient, les cantines hallal, et rien qu’hallal. Demain, nous aurons la prière du muezzin, après demain, autre chose… Le temps est éternel et Allah n’est pas pressé.
La troisième, c’est qu’à force de reconnaître des droits à toutes les minorités, on en a complètement oublié que ce qui fonde une société, c’est l’acceptation de devoirs communs. Alors, et pour ceux qui me reprochent (à mon avis à tort) de critiquer sans proposer, je vais comme d’habitude donner une solution, pratique, pour ce problème particulier : il ne faut surtout pas interdire le voile dans le domaine privé. Une musulmane veut porter le voile ? Un sikh un turban ? Un juif la kippa, voire, idée saugrenue, un chrétien, une croix ? Respectons leur choix. Du moment qu’il est libre et consenti, pourquoi interdire ?
Mais alors, puisqu’il s’agit de respecter le choix de tout le monde, respectons aussi le droit pour un employeur de décider de qui peut travailler dans son entreprise. Si moi, patron, j’estime que quelqu’un qui porte ostensiblement le voile, une kippa ou même une croix nuit à mes affaires, ou tout simplement me hérisse le poil chaque fois que je le croise, je dois aussi avoir le droit de ne pas le recruter, ou de le licencier, ne serait-ce que pour incompatibilité d’humeur. Vous avez le droit d’être un zélote de votre religion, j’ai le droit de n’avoir aucune envie de travailler avec vous. Et c’est ainsi que les vaches seront bien gardées.
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