Lundi dernier, dans le métro, je suis tombé sur une affiche énorme qui m’a laissé sur le cul : un visage de femme partagé verticalement en deux, une moitié figurant une blanche, blonde, et l’autre moitié une femme de couleur, à peine « bronzée » [1], cheveux noirs pour le contraste avec la blonde. Un texte, pour la blonde « à demain ». Pour la colorée, « désolé, on ne cherche personne ». Sous les visages, « Les compétences d’abord », et une adresse internet pour que tous ceux qui se sentent « victimes » de ségrégation à l’embauche du fait de leur race (laquelle n’existe pas, on se tue à vous le répéter), de la couleur de leur peau ou de la longueur de leur barbe puissent dénoncer aux autorités compétentes le racisme et l’islamophobie des patrons voyous.

Depuis, j’ai vu que d’autres affiches du même acabit inondaient les espaces publicitaires (quand il s’agit d’une cause aussi noble, on ne compte pas l’argent des contribuables), avec des textes aussi rassembleurs que « vous commencez lundi » contre « vous n’avez pas le profil », « bienvenue dans l’équipe » contre « on vous rappelle ». Du lourd, du pachidermique, pour que les pauvres crétins que nous sommes comprennent enfin de quoi il s’agit. Il y a eu une campagne Télé en février-mars, il y en avait eu une autre à la rentrée l’an dernier ; au train où ça va, on va nous en sortir une nouvelle toutes les semaines-, à croire que c’est le racisme et la xénophobie des souchiens qui seraient responsables de la non inversion de la courbe du chômage.

Je vous disais que j’en étais resté sur le cul ? Comment des publicitaires sains d’esprits peuvent-ils avoir concocté une pareille inanité ? Comment les ministres qui ont commandé cette campagne peuvent-ils croire une seconde à l’efficacité de cette bouffonnerie ?

Imaginez la réaction d’un chômeur blanc de longue durée devant cette affiche : il faut que nos gouvernants soient bel et bien « hors sol », pour nous raconter qu’il suffit d’être blanc pour trouver du travail. Quant aux arabes et aux noirs – les asiatiques, curieusement, ne semblent pas être concernés par la discrimination -, s’ils ne trouvent pas de boulot, ce ne serait pas parce qu’il y n’y en a pas, mais seulement à cause des patrons racistes qui préfèrent refuser des commandes plutôt que d’embaucher des robeus ou des blackos ! Les 6 millions de chômeurs de France seraient donc soit issus de la diversité, et, en tant qu’êtres humains discriminés ils justifient l’inépuisable sollicitude dont ils sont l’objet par les élites sanctifiées, par définition ouvertes au monde et anti-racistes, soit il s’agirait de français de souche qui abusent de notre incomparable système social pour se la couler douce, et ceux-là doivent être impitoyablement démasqués.

Maintenant mettez-vous à la place des français pas tout à fait bretons ou coréziens, sans compter les étrangers en situation régulière et les migrants qui fuient les guerres provoquées par l’Occident. Si on voulait les persuader qu’en plus d’être victimes éternelles de la colonisation occidentale, ce que l’éducation nationale fait déjà très bien, ils ne seront jamais considérés que comme Français de deuxième zone, voire de troisième, après nos amies les bêtes, on ne s’y prendrait pas autrement. De là à s’étonner qu’ils finissent par détester la France et les français de souche, et qu’ils ne rêvent que de nous rendre la monnaie de notre pièce…

Et puis admettons que toutes choses égales par ailleurs, un employeur « blanc » ait tendance à recruter « local » plutôt qu’« importé », et convenons que c’est un scandale… Que faudrait-il faire pour que le monde du travail soit plus « juste », plus œcuménique, plus égalitaire, plus évangélique, plus admirable, plus beau, plus grand, plus généreux ? Embaucher systématiquement le second plutôt que le premier ? Et laisser le français de souche sur le carreau pour faire la preuve qu’on n’est ni raciste, ni islamophobe, ni xénophobe ? C’est le souchien qui serait content ! De là à ce qu’il lui vienne des pensées « nauséabondes » !

Vous voyez que tout cela est stupide, irresponsable, imbécile, ne peut qu’attiser encore les haines et les frustrations… Bref, l’inverse du but recherché… à moins que…

A moins que derrière cette pseudo lutte à mort pour éradiquer le racisme et l’islamophobie se révèle la lâcheté de nos gouvernants successifs : débordée par un communautarisme qu’elle a créé et qu’elle ne contrôle plus, ne sachant par quel bout prendre le problème, ou ne le sachant que trop mais n’osant pas décider les mesures qui désintègreraient des décennies de préchi précha bien pensant, notre intelligentsia irresponsable passe la patate chaude à la populace pour qu’elle fasse elle-même le sale boulot : une bonne guerre civile, que le meilleur gagne et qu’il n’y ait plus de problème.

N.B. Si j’ai utilisé les termes de « bronzé, coloré, de couleur et autres joyeusetés pas très catholiques, c’est par contraste, et pas par mépris ou racisme. Alors merci aux « lanceurs d’alerte » de s’abstenir.