Pendant 24 heures, à défaut, pour les médias, de trancher ce qui était politiquement correct, de s’en indigner ou d’applaudir, ce fut un silence prudent. Et puis, d’un seul coup, grâces soient rendues à Internet, l’information a littéralement explosé, et les informateurs agréés ont bien été obligés de suivre : sur plainte de l’association Libre Pensée, le tribunal administratif de Nantes, considérant qu’une crèche était un signe religieux ostentatoire qui n’avait pas sa place dans un lieu public, a condamné le Conseil Général de Vendée à démonter sur le champ l’objet du délit.

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Je ne m’étendrai pas sur le ridicule d’une telle décision, sur l’imbécillité de ceux qui l’ont suscitée, sur l’étroitesse d’esprit et le manque de jugement, c’est le cas de le dire, des magistrats qui ont appliqué à la lettre la loi de 1905, sans le moindre recul, et plus grave pour eux, sans la plus petite parcelle d’humour. Mais il se trouve qu’il y a quelques jours, il m’est venu que l’UMP avait mandaté la Fondation pour l’Innovation Politique (comme quoi elle a encore de l’argent à perdre), dirigée par le cathodique politologue Dominique Réynié, pour éclairer le mystère du vote musulman. C’est que figurez-vous que les musulmans Français, qui avaient voté à près de 90 % pour Hollande en 2012, auraient aux municipales et aux européennes voté à proportion équivalente pour l’UMP. Et pour l’UMP, qu’on vote pour elle sans qu’elle sache pourquoi, c’est à la fois une grande satisfaction et beaucoup d’angoisse : ferait-elle une politique islamophile, comme monsieur Jourdain faisait de la prose, sans s’en rendre compte ?

Mais quel rapport entre la crèche de la Roche-sur-Yon et le vote musulman, allez-vous à juste titre m’objecter ? Vous allez voir…

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En 2012, la communauté musulmane Française a voté massivement Hollande, pour des raisons qui ont en leur temps été abondamment développées : valeurs universelles favorables à l’« autre », multiculturalisme, redistribution, vote des étrangers, visas généreusement accordés, aide médicale d’État, bienveillance vis-à-vis des exigences communautaires, et j’en passe... Il y avait bien une autre raison, plus profonde, mais celle-là, personne ne s’y est trop risqué, et pour cause : il faut l’extraire des prêches en arabe des imams de nos banlieues : la conviction que la gauche française, avec sa détestation maladive de la "Nation", était l’alliée objective idéale de l’Islam de la « Conquista ». Pour les leaders islamistes qui tirent les ficelles depuis le Moyen-Orient, la France est le « maillon faible » de l’Occident. Le socialisme au pouvoir en France, c’était des années de gagnées…

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Alors pourquoi les musulmans, les mêmes causes produisant logiquement les mêmes effets, se retournent-ils aujourd’hui vers la droite, voire vers le FN ? Hé bien une partie de la réponse tient dans le constat que tout compte fait, les musulmans qui votent, donc qui sont Français, seraient plus "Français" qu’on ne le pense. Qu’ils ne se retrouvent pas pas plus que les autres Français dans l’idéologie de gauche, et qu’ils se sentent en parfaite symbiose avec tous ceux qui, en France, se font traiter de conservateurs, de réactionnaires, voire de fachos homophobes et, paradoxalement, de xénophobes. Les musulmans Français n’ont accepté ni le mariage pour tous, ni les ABCD de l’Égalité. Ils ne veulent, pas plus que leurs concitoyens chrétiens, juifs ou athées, que la France soit ouverte à tout vent. Ils ne veulent pas non plus que l’État se mêle de leur vie privée, qu’on leur interdise de donner une fessée ou une bonne gifle à leurs mouflets quand ils la méritent, et surtout, surtout, qu’on vienne leur expliquer comment ils doivent traiter leurs femmes.

Et puis, aussi surprenant que cela puisse paraître à ceux qui ne les connaissent pas, et on revient à la décision du tribunal de Nantes, les musulmans, même s’ils considèrent que les autres religions dites « du livre » ne sont que des esquisses de la « vraie » religion, respectent les chrétiens et les juifs. Ce qu’ils haïssent, c’est l’athéisme, et son avatar, la laïcité. Pour un musulman, l’athéisme est le pire des blasphèmes, puisqu’il nie l’existence d’Allah. Pire que l’homosexualité, en deuxième position, qui ne fait qu’insulter le créateur.

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Que des libre-penseurs, par définition de gauche, veuillent interdire les signes de Noël, le petit Jésus, qui est un prophète pour l’Islam, et Marie, que les musulmans adulent, est un sacrilège insupportable. Continuer à porter ces gens-là au pouvoir serait acheter la conquête d’un prix exorbitant. Alors tant pis si la France doit attendre un peu pour être consacrée Dar Al-Islam (maison de l’Islam). Après tout, Allah a l’éternité devant lui. Quant aux socialistes, pour le vote musulman, ils iront dorénavant se brosser.