Cinq ans d’investigations, pour rien, et on nous en promet encore au moins cinq… Le contribuable français est bien bon.

C’était, à quelques jours près, il y a quatre ans pile. Les Français apprenaient avec stupeur, mais sans pour autant monter sur les barricades, que l’ex-président Sarkozy avait été mis sous écoutes judiciaires depuis près d’un an. Ce que j’ai écrit à l’époque, Sarkozy, l’homme le plus écouté de France..., je le pense toujours. Si les juges ne disposent pas d’éléments plus solides qu’ils n’en avaient en 2014, la méthode employée aujourd’hui vis-à-vis d’un homme qui, quoi qu’on en dise, a représenté la France pendant cinq ans, est parfaitement indigne, sans compter qu’elle est d’un coût exorbitant, pour un résultat jusque là des plus minces.

Donc, à l’issue de deux jours de garde à vue, dont une « séance » non stop de 16 heures de questions, le juge Tournaire, bien connu non seulement pour être celui qui s’y colle chaque fois que l’on peut taper sur un homme politique de droite, mais aussi pour son ambition d’être celui qui fera enfin tomber Sarkozy, a mis l’ex-président en examen.

Bon, soyons francs : que Sarkozy tombe à cause de (ou grâce à, selon qu’on aime ou qu’on déteste) Kadhafi, ce ne serait après tout que bien fait pour lui. Même s’il est innocent comme l’agneau qui vient de naître dans cette affaire de financement libyen, je ne lui pardonnerai jamais d’avoir, avec son « ami » Bernard Henri Levy, entraîné la France dans cette guerre imbécile en Libye qui ne nous concernait en rien, et dont nous payons chaque jour les conséquences interminables, pendant que lui se fait grassement payer des conférences où il explique ce qu’il aurait fallu faire et ce qu’il faudra faire pour que le monde soit meilleur.

Mais permettez-moi de m’inquiéter au moins pour nos finances. Je le répète : les sommes engagées par la justice dans la chasse au Sarko sont parfaitement délirantes. Quand les juges pleurent le manque de moyens, les cadences infernales, les conditions de travail déplorables, les justiciables qui croupissent pendant des mois en préventive sans qu’on s’intéresse à leur cas, on a trouvé pour Sarkozy assez de juges, de policiers et de budget pour lancer des investigations à travers toute la planète. On a même réussi à mettre sous écoutes pendant près d’un an, sans d’ailleurs rien trouver de bien probant, le leader de l’opposition, et ça ne s’est arrêté que parce que le pot aux roses a été découvert… Cerise sur le gâteau, maintenant que Sarkozy a été mis en examen, les spécialistes nous annoncent que la plaisanterie pourrait durer encore au moins cinq ans, dans le cas le plus favorable.

En plus il est fort possible sinon probable que tout cela se termine en eau de boudin. Parce que cette affaire, dont on clame, pour nous faire avaler la facture, qu’elle est horriblement compliquée, qu’il y a des ramifications partout (d’où les commissions rogatoires en Libye, en Afrique du Sud, à Londres, dans les paradis fiscaux et peut-être sur Mars, si on trouve le moyen de s’y rendre), qu’on est dans l’énorme, le colossal, est en réalité des plus simples. Je l’ai déjà écrit il y a quatre ans, et je ne crois pas que, depuis, la donne ait changé :
1- Pourquoi Sarko aurait-il été assez con pour s’en prendre à Kadhafi si ce dernier avait un tel moyen de pression sur lui ? La dernière invention de Médiapart, c’est d’avancer qu’il aurait été le commanditaire de l’exécution de Kadhafi, pour l’empêcher de parler… comme si Kadhafi n’avait pas eu tout le temps de se venger entre le déclenchement des hostilités et sa mort.
2- Le juge Gentil a déjà remué ciel et terre dans l’affaire Bettencourt pour essayer de trouver l’argent liquide qui aurait circulé dans la campagne de 2007, et il a fait chou blanc. Alors on nous sort qu’il y a eu des collaborateurs qui ont reçu des enveloppes. Cinquante millions d’euros ? Euh, non, quelques milliers, mais qui pourraient venir des cinquante millions. Tiens donc. Si on prenait la peine de gratter chez les autres candidats, je parie qu’on trouverait bien aussi quelques billets distribués par-ci par-là.
3- Aux dernières nouvelles, Ziad Takieddine, le principal « témoin » et prétendu porteur de valises d’abord entre Kadhafi et Balladur, puis Sarkozy, affirme maintenant que les 5 millions (et non pas 50) qu’il aurait remis à Claude Guéant et à Sarko n’étaient pas destinés à la campagne présidentielle. Takieddine, rappelons-le, s’est fait prendre deux fois avec des valises remplies de billets. Pour quelqu’un qui bénéficiait de protections au plus haut niveau, cela fait un peu tâche. Alors, une question devrait se poser : et si Takieddine, qui transportait cet argent pour de toutes autres opérations, avait trouvé ce prétexte pour espérer qu’on étouffe l’affaire ?

Voilà. Pensez-vous qu’il faille des années de procédure et d’investigation pour répondre à ces trois questions ? Si Sarkozy était un justiciable comme les autres (ce qu’il n’est pas, que cela plaise ou non à nos égalitaristes forcenés), cette histoire aurait été classée depuis longtemps. Mais il y en a qui veulent sa peau à tout prix, surtout si c’est nous qui payons ! Et là, je ne suis plus d’accord.