Avouez qu’il est surprenant, cet ex-ministre des polices recyclé en gardien de la justice. Il semblerait qu’il voie des choses que le commun des mortels ne voit pas, et qu’il ne voie pas ce que même les aveugles verraient s’ils n’avaient pas perdu la vue.
C’est vrai, quoi. On l’interroge sur les OQTF expulsés que l’Algérie nous renvoie dans un sinistre jeu de ping-pong, il répond que les Russes aussi ne veulent pas reprendre leurs ressortissants expulsés, et on n’en fait pas un cake. Et de citer à l’appui de son gros mensonge les assassins de Samuel Paty et de Dominique Bernard, égorgés par un Tchétchène et un Ingouche, certes techniquement russes, mais pratiquement surtout et avant tout musulmans, comme d’ailleurs les terroristes Tadjiks qui, au nom d’Allah, ont fait l’an dernier 144 morts au Crocus City Hall de Moscou. Gonflé le Darmanin ? Encore plus que vous ne pensez : il accuse carrément les russes, en ne reprenant pas leurs ressortissants, d’être responsables de la mort des deux enseignants, alors que c’est la justice Française, aidée en l’espèce par des associations tout aussi Françaises et en s’appuyant sur la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui a interdit l’expulsion des deux futurs tueurs, au motif que si on les envoyait à Moscou, ils risquaient de ne pas être aussi bien traités que dans notre pays des droits de l’Homme et de l’Assassin, les pauvres chéris.
On pourrait penser que le garde des sceaux a dérapé, qu’il s’est laissé emporter par un juste ressentiment envers le maître dictateur nazi fasciste communiste du Kremlin, s’il ne nous avait pas déjà fait le coup du « si je peux me permettre ». Rappelez-vous 2022, le match de foot Liverpool-Real Madrid, au Stade de France, une catastrophe pour l’image de la France et de ses services de police. Darmanin, l’œil innocent d’un ministre de l’Intérieur qui vient de naître, n’avait pas manqué de souligner la lourde responsabilité des supporters anglais dans les viols, les vols, les agressions et j’en passe, que ces mêmes supporters avaient subi. Je conviendrai, pour l’avoir vécu, que le supporter anglais a tendance à abuser de la bouteille, que nombre d’entre eux étaient bourrés comme des petits Lu, mais de là à agresser d’autres supporters anglais, alors là, je dis non ! L’anglais ne frappe l’anglais que s’il ne trouve personne d’autre. Il préfère le supporter Espagnol, ou, s’il n’en a pas sous la main, le premier Français qu’il trouve. En réalité, à part Darmanin, tout le monde avait vu d’où venaient les agresseurs, et ils n’avaient pas traversé le Channel, ils venaient juste d’à côté du stade, lequel est situé où ?
Un an plus tard, l’homme le « mieux informé » de France nous révéla dans une intervention télévisée les noms des émeutiers qui avaient mis la France à sac après la mort du petit ange : vous, avec votre mauvais esprit aux relents racisto-facistes, vous accusiez sans la moindre preuve de jeunes innocents, au seul motif qu’ils étaient issus de la diversité ? Honte à vous. Devant une France rouge de confusion, Darmanin égrena solennellement les pédigrées : Kevin et Mateo ! Des prénoms de soap opéras qui fleurent bon la populace nourrie des émissions vulgaires de Cyril Hanouna et des manipulations de Pascal Praud. Sans le dire expressément, Darmanin instruisait déjà le procès de C8 et de Cnews, le vaisseau amiral de la sphère totalitaire bolloréenne.
Dans les trois cas que je viens de citer, on ne peut que constater que Darmanin a essayé de faire diversion. Aussi bien pour la Russie que pour les émeutes de 2023 ou le match du Stade de France, les coupables étaient parfaitement identifiés comme « issus de la diversité », maghrébins, africains, et, pour nombre d’entre eux, de tradition sinon de religion musulmane. Or Darmanin s’est acharné à présenter, contre toute vraisemblance, d’autres « coupables ». Pourquoi ? Par peur d’être accusé de stigmatisation, d’islamophobie, de perdre « sa » mairie de Tourcoing ? Peut-être, mais je n’y crois pas trop. Au contraire, et sans tomber dans la psychanalyse de comptoir, il me semble que Darmanin présente les mêmes symptômes que nombre de « Français » de deuxième ou troisième génération, dont l’un des ascendants est issue de l’immigration maghrébine ou plus largement africaine (en l’espèce la mère du garde des Sceaux est d’origine algérienne) : pour ces « Français », qui se sentent aujourd’hui moins Français que leurs parents ou grands-parents (à qui la faute ?), toute mention de la religion ou ne serait-ce que du prénom réel des auteurs de ces exactions sont vécus comme une attaque contre l’ensemble de leur communauté.
Le problème, c’est que Gérald Darmanin a été ministre de l’Intérieur, et il est maintenant garde des Sceaux. On est donc légitime à se demander s’il est bien « the right man at the right place » ?