Dans le « Grand Rendez-Vous », l’émission de Sonia Mabrouk sur Europe 1, Valérie Pécresse avait tout juste… jusqu’à 5 minutes de la fin.

C’était beau comme de l’antique. Aux questions incisives posées par Sonia Mabrouk, Mathieu Bock-Côté et Nicolas Barré (des Échos), Valérie Pécresse apportait des réponses dignes de… Marine le Pen et Eric Zemmour réunis. Fermeture des mosquées convaincues de salafisme, expulsion des imams étrangers, politique ferme contre les déboutés du droit d’asile, des étrangers frappés d’une OQTM, ou des mineurs non accompagnés délinquants (qui seraient d’après elle en majorité majeurs – Zemmour passe en justice en septembre pour l’avoir souligné !-), plus de repentance d’aucune sorte, contrôle de l’immigration depuis les pays d’origine, obligation pour les candidats à un titre de séjour de parler français, réapprendre le respect, la fierté et l’amour de la France dès l’école, pas plus de 30% de familles étrangères dans les logements sociaux (comme au Danemark), augmentation du salaire net des travailleurs (en baissant les cotisations), baisse parallèle des prestations sociales pour inciter les assistés à se bouger les fesses, baisse des impôts et du train de vie de l’État, j’arrête là, ce n’est qu’un échantillon, vous voyez l’idée. Un programme estampillé à droite, voire à droite de la droite. Au point que j’en suis arrivé à me dire, en me frappant la paume de la main gauche avec mon poing droit (je me suis fait mal) : « bon sang, mais c’est bien sûr », c’est Valérie qu’il nous faut !

Bon, c’est vrai qu’il n’y a pas si longtemps, elle avait claqué la porte des LR lorsque le sulfureux pas-tout-à-fait-extrême-droitiste-mais-presque, Laurent Vauquier, avait été porté à la tête du parti par des militants douteux. Elle avait jugé à l’époque, comme d’ailleurs son compère Xavier Bertrand, que ceux qui surfaient sur la vague populiste islamophobe n’étaient pas dignes de sa présence et de son soutien.
Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Et il faut reconnaître que pendant les 55 premières minutes de l’entretien, Mme Pécresse semblait effectivement vouloir remettre l’église au milieu du village.

Et puis vint une question apparemment sans malice, comme Sonia Mabrouk, l’air de rien, sait les poser au bon moment, quand son interlocuteur, fatigué, a baissé la garde : Il y a un engouement pour Eric Zemmour. Est-ce qu’il pourrait participer aux primaires ? réponse indignée de la belle âme : «  pour participer aux primaires LR et du centre, il y a une valeur centrale, refuser toute alliance avec l’extrême droite. Eric Zemmour prône une alliance de toutes les droites, y compris l’extrême droite… J’ai toujours mis une cloison étanche entre moi et l’extrême droite… L’extrême droite veut détruire les valeurs républicaines. » Et qui est, pour vous, l’extrême-droite ? « L’extrême-droite, c’est Marine le Pen. Pas pour vous ? »

Sacrée Valérie ! Le naturel est revenu au galop. Tout le baratin qu’elle nous a servi depuis près d’une heure sur la sécurité, l’immigration, l’islamisme, la baisse des impôts, en résumé un programme de droite nationale, figure imposée pour se faire élire, mais qu’elle a bien l’intention de ne pas appliquer. Parce que le combat de sa vie, autrement plus noble, plus essentiel, plus beau, c’est la lutte à mort contre le péril brun, le fascisme, l’extrême droite. Valérie Pécresse, copie conforme de Xavier Bertrand qui s’allie sans problème aux communistes mais vomit Génération Identitaire. Elle avait passé près d’une heure à essayer (assez brillamment) de nous convaincre qu’elle était la nouvelle Jeanne d’Arc qui allait bouter les mécréants hors du royaume, et patatras, en deux phrases, elle ruinait tout l’édifice.

Allez, Valérie, va-donc voir chez Macron si tu y es… Tu en meurs d’envie !