J’ai suivi pour vous les auditions de Vincent Bolloré et de Cyril Hanouna par « la commission d’enquête sur l’attribution, le contenu et le contrôle des autorisations de services de télévision à caractère national sur la télévision numérique terrestre ». Vu comment les deux « accusés » ont été traités par les initiateurs LFI de la commission, on se dit que sous la Terreur, le Tribunal Révolutionnaire ne devait pas agir très différemment.
Quelques précisions techniques préalables : ce sont les parlementaires LFI (voir proposition de résolution n°1746 dont je vous donne le lien en fin de texte) qui ont demandé la création de cette commission. Il est en effet prévu par le deuxième alinéa de l’article 141 du Règlement de l’Assemblée nationale un « droit de tirage » qui donne le droit aux groupes politiques minoritaires ou d’opposition d’obtenir, une fois par an, la création d’une commission d’enquête, sur un sujet discrétionnaire, à condition de respecter un certain nombre de règles que je ne développerai pas ici.
Par cette initiative républicaine (je rigole), le groupe LFI, avec le cynisme que donne l’assurance d’être applaudi par la bienpensance médiatico-intellectualo-politique, n’a jamais vraiment caché son but : retirer aux chaînes « Bolloré », C8 et CNews, leur agrément, au nom bien entendu du droit des Français à recevoir une information juste, honnête, propre, belle, vraie, et, surtout, surtout, au nom de la lutte contre le fascisme dont ces deux chaînes abritent ses plus dangereux représentants.
Il est vrai que Vincent Bolloré est Breton, mais qu’il se revendique Français jusqu’au plus profond de ses convictions, ce qui est déjà suspect. Il est vrai que lui, contrairement aux autres patrons de médias, tout aussi milliardaires sinon plus riches que lui, tels que Bouygues, Arnaud, Drahi, Saadé, Kretinsky ou Rothschild, ne considère pas que la France est finie et qu’il faut passer à autre chose. Il est vrai aussi qu’il est catholique pratiquant, et qu’il n’en a pas honte ; qu’il vient d’une famille honorable, que non seulement il ne renie pas, mais dont il est fier ; qu’il est riche, qu’il a réussi à créer un empire industriel, et qu’il n’en éprouve aucun regret. Bref, tout ce qui caractérise l’extrême-droite.
Mais il y a bien pire que la personnalité de Bolloré, c’est le contenu de ses médias. Parce que les médias de Bolloré, contrairement aux autres, soumis à la doxa macronaine, écoutent les Français, les représentent, et surtout leur montrent le réel. Et cela, les fossoyeurs de la France ne peuvent pas le tolérer, parce que C8 et CNews les ramènent chaque jour à leur médiocrité et à leur veulerie de soumis. Il n’y avait qu’à écouter, et regarder surtout, le « rapporteur » LFI de la commission, Aurélien Saintoul, la bave aux lèvres, l’œil noir, inquisiteur au petit pied, pâle réincarnation de l’accusateur public Antoine Fouquier Tinville. Et les « questions/accusations de ses collègues LFI, EELV ou PS, qui m’ont fait penser à l’affaire Calas, où un « procureur » additionnait les « quarts » et les « demi-preuves » pour en faire des preuves « entières » et conduire le pauvre père au supplice. Le type de question, et je n’exagère pas : « en 2018 (il y a donc 6 ans !), tel mois, tel jour, un de vos chroniqueurs d’extrême-droite (brrrr) a émis un commentaire manifestement islamophobe. Vous n’avez pas réagi à l’antenne. C’est donc que vous étiez d’accord avec lui ? Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? »
Il y avait de quoi perdre son sang-froid, ne trouvez-vous pas. Hé bien à ma grande surprise, et à ma grande admiration, aussi bien Bolloré qu’Hanouna ne sont pas tombés dans le piège. Ils ont tous les deux balayé ces ordures avec beaucoup de classe, sans se laisser jamais démonter, ni perdre leur attitude courtoise et un brin ironique, rendant coup pour coup et ridiculisant au passage leurs contempteurs.
J’ai évoqué la Terreur, le tribunal révolutionnaire, la justice d’avant les Lumières. Comparaison quelque peu exagérée, je l’avoue. Ces gens qui idolâtrent Robespierre n’ont pas le niveau auquel ils prétendent, même dans l’abjection. Une consolation : la révolution, c’est connu, dévore ses enfants. Ces minus ne seront pas guillotinés, leurs prédécesseurs ayant pris la précaution d’abolir la peine de mort. Espérons simplement qu’ils subissent le seul sort qu’ils méritent : retourner au néant qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Et longue vie à CNews, C8, et à tous les médias libres !
P.S. Un coup de chapeau, une fois n’est pas coutume, au président Renaissance de la commission, Quentin Bataillon, qui a su tenir en laisse les roquets LFI.
Annexe : Proposition de résolution n+1743
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b1743_proposition-resolution#