C’est fou comme les médias essaient de rendre Marine le Pen présentable - un comble lorsque l’on se rappelle le traitement qu’ils lui réservaient avant l’arrivée dans le champ politique de « l’empêcheur de voter ronron » Zemmour -, pour la faire arriver au deuxième tour, la pilonner de nouveau « as usual » avec le danger fasciste, et faire gagner Macron dans un fauteuil.

Vous avez lu comme moi les titres des médias, MLP « trahie », un coup de poignard dans le dos de personnes qui lui doivent tout, sa nièce, qu’elle a élevée toute petite, un crève-cœur, quelle ingratitude. MLP digne, touchante, émouvante, « humaine », oui, même elle… Le loup d’extrême-droite transformé (provisoirement) en agneau républicain.

Mais, Marine, la vérité est que tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tous ceux qui t’ont quittée n’ont fait que devancer la sentence : c’est toi qui coupes depuis que tu es aux affaires toute tête qui dépasserait un tant soit peu de la file. C’est toi qui ne supportes pas la moindre concurrence, le moindre « courant » divergent, ne seraient-ils qu’imaginaires. Doit-on te rappeler la liste des exclus et des placardisés au seul motif qu’ils risquaient de te voler la vedette ? Marion Maréchal ne t’a pas trahie. Si elle a quitté le RN après en avoir été une députée brillante, c’est parce que tu t’étais acharnée à la marginaliser, elle et tous ceux qui lui étaient proches. Je ne sais pas grand-chose de vos rapports, mais toute ton attitude semble révéler une jalousie mal contrôlée envers une jeune femme belle, intelligente, pleine d’humour… Florian Philippot se montrait un peu trop à son avantage dans les médias, il se murmurait au RN que lui, face à Macron, ne se serait pas fait atomiser comme tu l’as été dans ce débat de la honte ? Flingué. Collard et Messiha étaient trop « visibles » sur les plateaux télé ? Sur la touche pour l’un, privé de liste aux municipales à Paris pour l’autre, ça l’aurait trop mis en valeur. Les conseillers régionaux et les députés européens non reconduits, et tant d’autres cadres « purgés », catholiques conservateurs, souverainistes, identitaires, parce que pas assez modernes, insupportablement rétifs à l’air du temps de la normalisation et du progrès sociétal…

Les Identitaires, parlons-en, comme d’ailleurs de la « Manif pour tous ». Toute à ton obsession d’être admise au « sérail », tu n’as pas eu un mot en leur faveur lorsqu’ils ont été dissous. Tu es allée jusqu’à enjoindre à tes cadres de ne pas participer au rassemblement de protestation contre cet arbitraire inique. Pire, quand ton homme-lige Sébastien Chenu, un de tes seuls proches, s’est aperçu qu’il avait dans son équipe Thaïs d’Escuffon, la « sulfureuse » égérie de ce groupuscule honni de la bienpensance, il s’est empressé de la virer.

Il y avait eu la présidentielle, un coup de semonce, et il y a eu les Régionales, catastrophiques. Tu te gargarises du soutien populaire qui te légitimise, mais ouvre les yeux. Si les électeurs RN étaient aussi acquis que tu t’en persuades, ils ne se seraient pas abstenus, ils auraient au contraire voté en masse. Et ce n’est pas zéro, ni une, ni deux, ni même trois, mais une demi-douzaine de régions que le RN aurait gagnées en profitant de l’abstention des autres. Il faut te rendre à l’évidence : une bonne partie de « tes » électeurs, dont tu prétendais que lorsqu’on vote une fois RN, on vote toujours RN, l’ont été faute de mieux. Et aujourd’hui, pendant que tu essaies de rentrer dans le moule, s’est levée une véritable espérance, mais ce n’est pas toi qui la portes, c’est Zemmour.
Non, les élus, les militants et les électeurs qui te quittent ne sont pas des traîtres. Ce ne sont pas eux qui ont changé. C’est l’offre politique.