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Lettre ouverte aux gilets jaunes, mes frères de taille et de corvée.

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France
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Gilets jaunes, ne vous laissez plus intimider, soyez fiers de ce que vous êtes et résolus à défendre l’héritage de vos pères. Il y a des décennies qu’ils vous réduisent au silence en vous menaçant d’indignité, en vous insultant et en vous méprisant. Comme la recette a fonctionné, au-delà de leurs espérances, pendant (trop) longtemps, ils vont continuer jusqu’à plus soif à vous refaire le coup du populisme, du nationalisme, de l’islamophobie, de l’homophobie, du repli, et, pour faire bon poids, vous accuser d’antisémitisme, ce qui n’a strictement rien à voir avec votre combat, parce que c’est tout ce qu’ils savent faire et qu’ils sont trop arrogants, trop imbus d’eux-mêmes, trop conditionnés pour vous considérer comme des interlocuteurs valables. Mais ne vous y trompez pas : ils sont aux abois. Ils chient dans leur froc. Vous leur faites peur. Non pas tant qu’ils craignent pour leur position financière ou sociale de riches (ou de larbins bien nourris de riches), mais parce que vous les mettez face à eux-mêmes, à leurs contradictions, à leur égoïsme de belles âmes qui pensent si bien, mais qui agissent si mal.

Leur tactique (ce serait leur faire trop d’honneur de parler de stratégie), c’est le pourrissement. Ils espèrent, en mobilisant l’ensemble de leurs affidés, en manipulant l’information, en menaçant des pires représailles, et même en vous rendant moralement responsables d’éventuels attentats islamistes, retourner contre vous le peuple si versatile, si méprisable, si prêt à oublier, pensent-ils, pour peu qu’on lui agite devant le nez le spectre de l’hyper marché sans sucre ou de la station service sans carburant. Ils sont abjects ! Vous valez mille fois mieux qu’eux.

Alors ne vous laissez plus prendre au piège.
Ils vous ont dit qu’à 287.710 gilets jaunes comptabilisés par les services officiels samedi dernier (on se demande comment ils sont arrivés à une telle précision), vous n’avez pas de légitimité, que le président a été élu sur un programme et qu’il est donc légitime à l’appliquer, que c’est ça, la démocratie… sauf que quand on a décidé de diriger tout seul le pays, sans tenir compte de rien ni de personne, avec l’adhésion d’un cinquième des électeurs, et encore, difficile de donner des leçons de démocratie… qu’ils ne s’étonnent pas, puisque vous n’avez pas d’autre choix, que vous descendiez dans la rue, comme le font, d’ailleurs, avec leur imperturbable bienveillance, une kyrielle de mouvements tous plus corporatistes et minoritaires les uns que les autres.

Ils vont aussi essayer de vous faire passer pour des crétins : vos revendications sont incohérentes, loufoques, parfois orientées (suivez mon regard), vous n’êtes pas toujours à l’aise face aux caméras et aux micros, certains de vos porte-parole s’expriment dans un français un peu trop rustique… Et alors ? Vous n’êtes pas, vous, des professionnels de la contestation politiquement correcte, vous n’avez pas, vous, une armée de communicants pour vous éviter de dire des âneries (rassurez-vous, ils en disent malgré tout, et pas qu’un peu). Vous parlez peuple, quoi d’étonnant, vous êtes le peuple. Vos revendications, incohérentes ? Oh que non.
Vous n’êtes pas représentés par une organisation syndicale intra-système, là, ils savent faire. Vous n’attendez en réalité aucune mesure poudre de perlimpinpin qui renverrait tout le monde devant sa télé, et c’est ce qui les rend si fébriles.

Ce que vous voulez, vous le savez très bien, même si vous ne l’exprimez pas selon des règles académiques : que l’on arrête de vous tirer vers le bas, pendant qu’eux ne se trouvent jamais assez haut. Vous pouvez comprendre que la gare de votre village ait été fermée faute de clients, qu’un hôpital de proximité ne soit pas « rentable », que la poste ait confié ses services à la seule épicerie-bistrot-tabac-boulangerie qui vous reste, ou qu’il soit difficile de maintenir une gendarmerie ou une école dans les 36.000 communes de France, et vous vous débrouillez sans, mais vous ne voyez pas pourquoi vous devriez payer, et encore payer, de plus en plus, jusqu’à vous appauvrir, pour des services qu’on ne vous rend plus. L’équité fiscale, puisqu’il s’agit de cela, ce n’est pas de toujours donner pour les autres, sans rien recevoir en retour.

Ce que vous voulez, c’est que les « élites » qui nous font la morale manifestent un minimum de pudeur, qu’elles ne vous montrent pas du doigt quand vous roulez au diesel –la pollution des campagnes par les moteurs diesels, ce serait pire que Tchernobyl, si on les écoutait-, quand elles ne se déplacent qu’en limousines et en jets "kérosénophages" ; qu’elles arrêtent aussi de considérer que l’argent, quand il est public, ne coûte rien, et que leur engagement (verbal) envers toutes les causes nobles de la Terre vaut bien quelques (larges) compensations.

Ce que vous voulez, mais ça, il ne faut pas le dire, ce n’est pas bien, c’est être un peu chez vous dans votre pays, avec votre Histoire, vos valeurs et votre destin. Parce que contrairement à ceux qui vous reprochent de rechigner à la repentance, au vivre ensemble et à l’accueil universel, mais qui vivent dans un entre-soi bunkérisé, vous, vous savez qu’il y a des limites à tout, surtout quand c’est de vous qu’on exige ouverture et générosité.

Ce que vous voulez, ce que vous attendez, c’est un signe : vous savez bien qu’on ne changera pas le pays en quelques jours et en quelques mesures cosmétiques. Mais il y a manière de montrer non pas qu’on vous a entendus, ça, ça vous fait une belle jambe, mais qu’on a compris qu’il y a un vrai problème, et, surtout, qu’on va dorénavant agir dans le sens d’une solution. En commençant par abroger les augmentations de taxes. En présentant des budgets basés sur des recettes raisonnables et pas sur des dépenses inconsidérées. En envoyant les forces de l’ordre reprendre les territoires perdus de la République, plutôt que de menacer les gilets jaunes…

Bref, en montrant qu’ils sont enfin résolus à se mettre au service de la « NATION ».