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La faillite de l’Education Nationale : les origines.

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France
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Ça y est, dites-donc ! La semaine dernière, les bisounours qui pensent à notre place découvraient la violence des « djeunes » ; cette semaine, ils constatent avec effroi que dans nos écoles de banlieue, la vie n’est pas aussi rose qu’ils le croyaient pour les malheureux enseignants qui, faute de piston, se retrouvent face à ces fauves dont ils niaient farouchement l’existence. Et que ce n’est pas possible, que ce gamin (1m80, 75 kg) de 15 ans n’avait après tout brandi qu’un pistolet factice (à billes, quand même), que c’était pour rire (jaune) et qu’il était fort marri des proportions que ce fait divers somme toutes anodin était en train de prendre.

Bon, passons sur la lâcheté ordinaire et écœurante de tous ces gens qui nous gouvernent du haut de leur Olympe aseptisé. Ce dont je voudrais vous entretenir aujourd’hui, c’est d’un sujet que la plupart des français ignorent : la condition des enseignants, origine à mon avis de la déliquescence de l’Éducation Nationale. Lorsque le système éducatif ne respecte plus les enseignants – la dérive a commencé à partir des réformes d’Edgar Faure en 1968 et s’est constamment accélérée depuis -, les élèves ne peuvent que suivre le mouvement. Et quand un enfant ne respecte plus un adulte qui est censé lui apporter le savoir, il ne respecte plus aucun adulte.

On a commencé, comme toujours, par changer les mots et les symboles : ainsi, plus de directeur, mais le « principal », plus le chef, mais le « référent ». Aux oubliettes le censeur, qui punissait, remplacé par le CPE (conseiller Principal d’Éducation), qui conseille et console. Plus d’instituteur, ordre et autorité, mais le « professeur des écoles », qui ne veut rien dire mais qui fait joli. Et plus d’estrade, enseignant et apprenant au même niveau. Exit, donc, l’autorité.

Parlons-en, de l’autorité : savez-vous qu’un « principal » n’a pas son mot à dire sur le recrutement des enseignants qui vont constituer les « équipes pédagogiques » (que des mots ronflants sans contenu) de « son » établissement ? Les attributions de postes se font par un système de points parfaitement mécanique, sous la surveillance vétilleuse de syndicalistes bornés qui veillent à l’égalité à tout prix. C’est ainsi que, parce qu’ils n’ont pas les points nécessaires pour être affectés à un établissement proche de leur domicile, des enseignants sont envoyés à des dizaines de kilomètres de chez eux, sans aucune compensation financière. Les demandes de mutation sont rejetées à 80%, alors qu’avec un minimum de concertation et de souplesse, on pourrait traiter favorablement 90% des cas.

Savez-vous encore qu’un enseignant peut effectuer toute sa carrière sans le moindre contact avec les Ressources Humaines de son ministère, quand bien même il rencontrerait des difficultés qui mériteraient un minimum d’attention d’un service qui normalement est fait pour cela ?

Savez-vous qu’un principal doit donner chaque année une note administrative et une appréciation à chacun de ses enseignants ? C’est plutôt bien, n’est-ce pas ? Sauf que la note est parfaitement encadrée, selon les échelons et l’ancienneté dans l’échelon. Si le principal donne une note inférieure à la note minimum prévue par les textes, il doit le justifier par un rapport circonstancié, qui peut être contesté par l’enseignant, mais aussi par le rectorat. Le principal ne peut pas non plus donner une note supérieur à la note maximum prévue dans la grille, et, s’il s’y risque, la note est automatiquement ramenée dans la fourchette. Autant dire qu’être un très bon ou un très mauvais professeur n’a pratiquement aucune incidence sur la carrière d’un enseignant.

Savez-vous que dans certains établissements (tous, je ne sais pas), lorsqu’un professeur veut « coller » un élève, il a deux possibilités : soit le faire venir en dehors des heures de classe, et le surveiller lui-même. Soit lui faire faire sa punition dans la classe d’un collègue, à une heure où l’élève puni n’aurait pas cours, pour que la contrainte lui conserve un minimum de sens. Mais il faut que le professeur donne du travail à l’élève, un vrai travail, pas des lignes à recopier, et bien entendu en assure la correction : si un professeur punit un élève, il se punit lui-même.

Savez-vous que lorsqu’un conseil de discipline exclut définitivement un élève, c’est au principal de trouver à ce mauvais sujet un nouvel établissement. Ce qui se fait par marchandage avec un collègue : je te prends le tien, mais tu prends le mien… Tout cela accompagné de l’inévitable montagne de formulaires, justifications, appel des parents… Et on s’étonnera que les chefs (gag !) d’établissement ne soient pas particulièrement enthousiastes à l’idée de devoir exclure un malfaisant.

Savez-vous que lorsqu’un enseignant change d’échelon, la régularisation de sa nouvelle rémunération prend à peu près 9 mois. Et serez-vous surpris si je vous précise que ce n’est pas le principal qui est informé le premier de l’avancement dont bénéficie son collaborateur, mais le délégué syndical, qui reçoit l’information de son collègue présent à la commission ad hoc.

Voilà quelques exemples concrets et inscrits dans les textes. Il y a en plus, d’une manière plus sournoise, toute la pression mise par certains parents qui ont définitivement pris le parti de leurs enfants contre les enseignants, confortés par le pédagogisme suicidaire qui met au même niveau l’apprenant et celui que l’on considérait autrefois comme un maître…
Et l’on se plaindra que le corps enseignant ne soit pas assez « motivé ».

Ajoutez dans ce baril de poudre les problèmes spécifiques liés aux « territoires perdus de la République » (ce sont les duettistes du Monde, Drevet et Lhomme qui le constatent, c’est donc que c’est vrai), mépris pour les femmes – une honte d’envoyer des jeunes enseignantes sans expérience au casse-pipe dans ces jungles, les points, toujours le nombre de points -, haine de la France et des Gaulois, victimisation absolutoire, et on s’étonnera que ça foute le camp de partout.