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La Grande Solitude du RN

, par  NEMO , popularité : 5%
NJ-Ile de France

Marine Le Pen voulait faire du Rassemblement National un parti fréquentable. Mais voilà, pour être fréquentable et fréquenté, il faut être au moins deux. Et le RN est seul, isolé, bref, infréquentable.

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Ce n’est pas que de la faute de Marine le Pen, mais c’est aussi de sa faute. Ce n’est pas que de sa faute, parce qu’elle a subi dès avant son accession à la tête du FN le handicap quasiment insurmontable d’être la fille et l’héritière, pour le meilleur et surtout pour le pire, de Jean-Marie, repoussoir absolu et assurance tous risques de la bienpensance aux affaires. Cette ascendance lui colle à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock. Quoi qu’elle fasse, quels que soient les gages qu’elle donne à la « bonne » société, elle ne sera jamais admise dans le « sérail ». C’est un état de fait, et on ne peut pas lui en tenir rigueur.

Mais c’est aussi de sa faute, de sa très grande faute, parce qu’elle se refuse à en tirer les conséquences. Marine le Pen est le sparadrap du camp « patriote ». Elle vit dans l’illusion que non seulement elle sera un jour présidente de la République, mais qu’elle y arrivera toute seule, comme une grande, sans avoir besoin de personne. MLP a certes fait du RN un parti puissant, mais c’est un parti repoussoir. Ses 88 députés sont isolés, pestiférés. On le constate tous les jours à l’Assemblée Nationale. Personne ne veut apporter sa voix à une proposition du RN, serait-elle aussi sensée que celle qui demandait la réintégration des soignants non-vaccinés. Tous les autres députés, de droite, de gauche, d’extrême-gauche, ont refusé le texte, parce qu’il venait du RN ! La présidence de la commission des Finances est allée à Eric Coquerel, un LFI de l’espèce la plus authentiquement anti-France, plutôt qu’à Jean-Philippe Tanguy, brillant économiste, ancien de Debout la France, mais qui portait le signe infamant du parti « fascisant ». Ce sont les LR qui ont fait basculer pour LFI. Xavier Bertrand préfère voter pour un communiste plutôt que pour un RN. Dans la dernière partielle la députée sortante RN a vu un « mur républicain » s’élever devant elle pour la faire perdre. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée Nationale, reproche, des trémolos d’inquiétude dans la voix, à la Nupes, de faire, par ses outrances, le lit du RN. Chez les élus, dans les médias, la mission primordiale est « sauvons la France de l’apocalypse RN ».

Marine le Pen ne comprend pas que LR ne fera jamais cause commune avec elle parce que ce n’est pas dans son intérêt, quand bien même ce serait dans l’intérêt de la France. Le calcul de Ciotti et de sa bande, c’est qu’en 2027, il n’y aura plus Macron (ce que Marine ne semble pas avoir intégré), et que la Macronerie va se dissoudre dans les limbes. Les cartes vont être totalement rebattues, les éléphants sont sur les starting-blocks. Les LR présenteront un candidat consensuel qui aura toutes les chances de l’emporter (si le Parquet National Financier ne s’en mêle pas), surtout contre la représentante des heures les plus sombres de la France, et l’Assemblée Nationale suivra. Pourquoi iraient-ils se compromettre avec le RN ?

Marine le Pen a eu plusieurs opportunités de faire sortir son parti de l’isolement sanitaire. Mais elle ne l’a pas voulu, parce que, comme dit son père, c’est une écarteuse, pas une rassembleuse. En interne, elle s’est débarrassée de tous ceux qui risquaient de la contrarier, pour ne laisser de place qu’à la bande de Hénin-Beaumont, qui lui mange dans la main. Avec les autres partis « patriotes », elle n’a jamais réussi, ni sans doute vraiment souhaité, contracter des alliances, ne serait-ce qu’électorales, parce qu’elle n’était pas prête à céder une seule chance d’élection pour son propre camp. Avec Reconquête, le risque était certes de se voir déborder par Zemmour, mais quelle opportunité aussi en aidant à se développer un parti « frère » qui ferait sortir RN de son isolement. Zemmour a été maladroit (on ne sait pas ce qui s’est passé entre eux, mais apparemment il y a un contentieux sévère), mais cela ne justifiait pas que Marine le Pen mette systématiquement un candidat RN dans les pattes des candidats de Reconquête pour les faire perdre. Vous imaginez une Assemblée Nationale où ils seraient deux à prendre des coups, mais aussi à les donner ?

Marine le Pen, je le dis et le répète, ne sera jamais présidente de la République. Quant aux députés RN, je crains qu’ils n’aient mangé leur pain blanc, et, qu’en cas de dissolution, la vague se transforme en vaguelette, voire en calme plat. Marine le Pen aurait dû partir en 2017. Je ne retire rien à ce que j’avais écrit à l’époque Marine le Pen doit partir !