Si tout le politiquement correct est monté au créneau, ce n’est pas l’indignation d’une vierge outragée, mais la crainte que le patient se réveille pendant l’anesthésie.
J’ai visionné pour vous « Hold-Up », le documentaire que toutes les « critiques autorisées » se font un devoir de descendre en flammes. « Hold-Up », autant le dire tout de suite, n’est pas fait pour faire plaisir aux maîtres de nos destinées : il ose donner la parole à des « charlatans » qui ont le culot de s’appuyer sur des références scientifiques en béton, disent des choses qu’ils ne devraient même pas être autorisés à penser, et, comble de la malhonnêteté, vont même jusqu’à exhiber des preuves irréfutables de ce qu’ils avancent... salauds de complotistes.
Bon, je ne reviendrai pas sur ce que les commentateurs de la réinfo-fachosphère (dont je fais apparemment partie, mea culpa) ont déjà souligné, les mensonges du gouvernement, l’infantilisation des masses, les palinodies autour du professeur Raoult, le bidonnage des morts du Covid, le confinement à géométrie variable, la panique qui s’est installée dans tout l’occident, tous éléments factuels qui ne sortent pas d’esprits dérangés, obnubilés par un complot mondial, et qui justifieraient, si l’on n’était pas dans une « dictature molle », que l’on « s’autorise » à demander des comptes.
Ceci dit, il y a deux ou trois séquences du documentaire qui m’ont particulièrement interpelé, et que je voudrais souligner ici.
J’ai d’abord appris grâce à « Hold-Up » que le docteur Martin Blachier, ce nouvel oracle des plateaux télé, jeune et sémillant médecin qui prédit depuis des mois l’avenir apocalyptique du Covid en se trompant quasi-systématiquement, en plus d’être dévoué à 120% à ses malades, était à la tête d’une petite entreprise spécialisée dans le conseil de santé, « Public Health Expertise », pour laquelle les corona virus pourraient s’avérer un véritable jackpot... partie de son curriculum qui n’a jamais été mise en avant dans les médias où il officie à quasi-plein temps depuis le début de la pandémie... Où est le lézard ?
Je me suis intéressé aussi à la séquence Philippe Douste-Blazy : il y soupçonne sans ambiguïté des intérêts plus ou moins occultes de vouloir flinguer (terme en adéquation avec les truands qui seraient à la manœuvre) l’hydroxy-chloroquine, alors que ce produit, avec d’autres, fait preuve depuis des dizaines d’années de son efficacité dans les maladies infectieuses. Qui d’ailleurs n’en a pas pris lorsque ce médicament, sous le nom de nivaquine, était vivement recommandé en préventif pour les déplacements dans les zones à paludisme en Asie ou en Afrique ? Alors quelle véritable raison avait Douste-Blazy d’intervenir lundi dernier sur RMC -les Grandes Gueules-, pour se désolidariser du documentaire, sous prétexte qu’il s’était fait piéger par le réalisateur, Pierre Barnérias. Hé bien le gentil Philippe, décidément toujours aussi naïf, n’a pas pu s’empêcher de donner la réponse : il travaille depuis plus de 10 ans avec Bill Gates, dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas particulièrement ménagé par « Hold-Up » - sachez que la fondation Bill et Melinda Gates est très impliquée dans la recherche de vaccins, et que Bill, en particulier, investit dans tout ce qui va de l’avant et qui peut rapporter gros...
Et puis il y a eu le show glaçant du docteur Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo, expliquant à une assemblée d’apprentis énarques qu’ils étaient des futurs dieux, et qu’ils auraient à gérer une immense populace d’inutiles qu’il faudrait occuper pour qu’elle reste bien sage... Je sais bien qu’on a ensuite essayé de faire passer la pilule en invoquant le second degré, mais, franchement, ce n’est pas l’impression que le docteur, par ailleurs farouche contempteur de Didier Raoult, donnait (décidément, il semblerait bien que, dans le grand cirque de la pandémie de covid, le professeur Raoult soit l’empêcheur de confiner en rond).
Pour le reste, le lien possible entre le covid et la numérisation progressive de l’humanité, sa réduction à des consommateurs abrutis et dociles, l’hypothèse que le virus aurait été fabriqué (pas forcément pour de mauvaises raisons, sinon je gage qu’il serait beaucoup plus mortel), le rapprochement prêtait à controverse, et les détracteurs de « Hold-Up » n’ont bien entendu pas manqué l’occasion de tirer à vue. Pourtant je crois que ce que « Hold-Up » démontre, ce n’est pas tant que la pandémie de covid serait le fruit pourri d’un complot organisé par tel démiurge, tel groupe d’intérêts, Soros, les Gafa, Davos, et que sais-je. Ce qui apparait clairement, c’est que, une fois le corona évalué, les élites mondialisées qui jouent avec le destin de l’humanité ont vite compris le parti qu’elles pouvaient tirer d’une peur universelle. Et c’est pour cela que l’on veut la peau de « Hold-Up ».
En introduction du premier cours de management dans les grandes écoles, le conférencier commence par dessiner un idéogramme chinois. Cet idéogramme, explique-t-il de l’air supérieur du sachant qui va épater la galerie, a une double signification : « crise », et « opportunité ». Tout l’art des puissants est de savoir transformer les crises en opportunités (opportunités pour eux, pas pour vous, l’altruisme est un mot inconnu dans les hautes sphères). C’est exactement ce qui est en train de se passer, et que « Hold-Up » dénonce. Je préfèrerais que tout cela soit pure fiction, mais je ne parierais pas là-dessus.