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Être franco-algérien, c’est possible ?

, par  NEMO , popularité : 3%
NJ-Ile de France

Dur, dur, de se dire français quand ça vous arrange, et algérien quand ça vous dérange.

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J’écoutais distraitement la radio la semaine dernière dans les bouchons parisiens, quand je me suis brutalement réveillé de mon semi-coma. Dans le poste, où le thème était le rapport Stora pour une « réconciliation » entre la France et l’Algérie (ce dont les Algériens se fichent comme de leur première chechia), une auditrice, qui se disait franco-algérienne, se plaignait amèrement de l’incapacité de la France à reconnaître tout le mal qu’elle avait fait à l’Algérie. Elle se disait aussi, comme la plupart des Algériens qui vivent en France (à l’exception de ces malheureux harkis et enfants de harkis, encore aujourd’hui interdits de séjour en Algérie, sans doute parce qu’ils en auraient beaucoup à raconter sur la réalité de la guerre), fille de résistants FLN – un peu comme les Français se disaient tous résistants après la Libération.

Bon, il y a un moment que je ne m’énerve plus quand j’entends ce genre de foutaises, que je n’ai même plus envie de rappeler à ces « franco-algériens » que si leurs parents se sont battus pour libérer l’Algérie de l’oppression coloniale, que n’y sont-ils restés pour profiter de leur liberté conquise, plutôt que de venir se faire « stigmatiser et discriminer » en France ? Je n’ai pas non plus envie de leur apprendre (s’ils ne le savent pas), qu’il n’y avait pas que des saints chez les « patriotes » algériens, que la guerre intestine entre FLN, MNA et à l’intérieur même du FLN, a fait plus de morts arabes que l’armée française, que la torture pratiquée par l’armée française était de la roupette de sansonnet comparée à ce que les gentils patriotes faisaient subir non seulement aux soldats français ou aux harkis faits prisonniers, mais aux pauvres villageois arabes qui rechignaient à se rallier, ou aux fermiers pieds-noirs sans défense. Et j’ai encore moins envie de leur énumérer la litanie des crimes contre l’humanité que nous avons commis en Algérie : élimination des barbaresques esclavagistes, assainissement de la Mitidja, scolarisation des arabes, médecine génocidaire qui a fait passer la population arabe d’un million d’habitants en 1830 à 10 millions en 1962, un crime impardonnable. Et les routes, les chemins de fer, les ports, les villes, l’électrification, la découverte du pétrole au Sahara, une honte indélébile.

Mais, dites-moi, madame la soi-disant franco-algérienne, puisque vous prétendez être française autant qu’algérienne, il vous faut assumer « votre » destin français autant que vous semblez revendiquer votre histoire algérienne. En tant que française proclamée et bénéficiant de tous les avantages de la condition, c’est autant à vous qu’à moi, qui ne suis que français mais qui ne suis pas plus français que vous – vous et moi disposons de la même carte d’identité-, de reconnaître tout le mal que nous (vous et moi) avons fait à l’Algérie. Si vous voulez que l’Algérie reçoive des excuses, alors commencez par battre votre propre coulpe de française avant d’exiger que je batte la mienne, moi qui ne me sens nullement concerné par les malheurs des Algériens, ni d’ailleurs des noirs, des jaunes, ou des petits hommes verts.

Puisque vous prétendez que la partie de vous-même qui est algérienne doit recevoir les excuses des Français, donnez l’exemple, commencez, en tant que française vous-même, par vous excuser la première. Après tout, vous êtes la mieux placée pour le faire : la partie « franco » de moi-même présente ses excuses les plus plates à la partie « algérienne » de moi-même. La partie « algérienne » de moi-même accepte les excuses de la partie « franco » de moi-même. Voilà, tous les « franco-algériens » n’ont qu’à vous imiter, et c’est gagné pour la réconciliation de vous-même avec vous-même.

One, two, tree, viva l’Algérie ! Mais de là à y vivre...