Dans le privé, quand on veut se débarrasser d’un salarié, on le vire, plus ou moins proprement, plus ou moins rapidement, plus ou moins lâchement, mais enfin, un jour ou l’autre, toutes procédures épuisées, on finit par le mettre à la porte, et on n’en parle plus. Dans le secteur public, le chef de département affligé d’un collaborateur incompétent ne dispose que d’une arme pour l’empêcher de sévir dans son service : lui obtenir une promotion accélérée, dite au grand ou au petit choix, plutôt qu’attendre l’inévitable promotion statutaire à l’ancienneté, qui peut prendre un certain temps, comme disait le regretté Fernand Raynaud.

Et c’est ainsi que les fonctionnaires les moins méritants se voient attribuer par leur supérieur les notes les plus élevées autorisées par la grille d’évaluation annuelle, accompagnées des appréciations les plus flatteuses… Heureusement pour nous, cochons de payants, l’administration n’est ni dupe (il existe des codes subtils pour qu’un appel désespéré au débarras ne puisse pas être confondu avec un éloge réel), ni aussi indifférente qu’on le croit au bon fonctionnement de ses services. Et même si l’utilisation optimale des deniers publics n’est pas son premier souci, elle a mis en place, pour traiter les cas désespérés, des postes aussi prestigieux qu’inutiles dans lesquels ces fonctionnaires exercent sans conséquence fâcheuse leur absence de talent.

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Aussi vous ne vous étonnerez pas que, dans une République bananière où règne en maître la Fonction Publique, les fonctionnaires qui nous gouvernent usent et abusent pour eux-mêmes de la règle d’incompétence… Et c’est ainsi que Harlem Désir - vous savez, ce type qu’on sortait de temps en temps de sa boite. Il marmonnait « antisémitisme », « Heures les plus sombres de notre Histoire », « droitisation de l’UMP », « Sarkozy », et hop, on refermait la boite-, est devenu sous-ministre. Ou que le secrétaire général de l’Élysée, Pierre-René Lemas, vous ne connaissez pas ? C’est le type qui a lu les noms des ministres sur le perron de l’Elysée en 2007, et qui a recommencé en 2012 -, est aujourd’hui président de la Caisse des Dépôts et Consignations – un gros, gros job, très bien payé, très bien considéré, rien à faire, il y a plein de directeurs là-dedans, et encore plus de sous directeurs, de chefs de services, de têtes d’œuf, d’analystes, il suffit de laisser rouler… et rien à objecter, c’est un copain de Hollande, même promotion Voltaire de l’ENA, alors circulez…

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Bon, disons que c’est une honte, que ça fonctionne comme ça depuis des décennies, qu’après tout avec 2000 milliards de dettes, on n’en est plus à quelques milliers d’emplois bidons près… D’accord. Mais où ça en dit long, c’est dans le choix symbolique de ces attributions : je ne m’étendrai pas trop sur Pierre-René Lemas, haut fonctionnaire interchangeable qui, même s’il ne sert à rien, ne devrait pas trop détonner (ou déconner, au choix) dans l’organigramme pléthorique de la CDC. Mais que Harlem Désir, dont les plus nuls des socialistes le jugent encore plus nul qu’eux, c’est dire, soit recasé en sous-ministre chargé des relations avec l’Europe, c’est ni plus ni moins acter que la France compte pour du beurre dans le concert européen, c’est passer clairement le message qu’on se fout de la France, du moment que le parti se débarrasse, à n’importe quel prix, d’un boulet qui risquait de leur faire perdre les sinécures bien juteuses qu’ils se partagent depuis des lustres…

Comme disait à peu près le regretté Jean-François Revel, la gauche, c’est la droite, le mensonge en plus. J’ajouterai l’intolérance, le goût de l’argent, et le dégoût de la France. Que voulez-vous. Je suis en train de devenir socialophobe... Est-ce que c’est grave, docteur ?