Dans le procès des assistants du RN, les procureurs ont montré à l’évidence qu’on ne peut plus « faire confiance à la justice de notre pays »… si on l’a jamais fait.
Je ne reviendrai pas sur l’argument de l’accusation, détournement, au profit d’un parti politique, de fonds publics destinés au travail parlementaire européen, dont j’ai fait litière dans la tribune (Réédition) Procès des assistants parlementaires du RN, pour me consacrer à ce qui a fait et fait encore la une des médias de tous bords, la réquisition de condamnation de Marine le Pen à 5 ans de prison et d’inéligibilité, avec exécution -c’est le cas de le dire, il s’agit bien d’une exécution en place publique- « provisoire », autant dire « définitive », puisque les recours, si le tribunal suivait, ne seraient pas suspensifs et de toute façon n’interviendraient qu’aux calendes grecques.
Admettons - ce que, je le répète, je considère comme un abus de droit -, que l’accusation soit justifiée, et que les mis en cause soient coupables. Il existe dans le droit Français un dispositif que les juges ne se privent pas de mettre en œuvre lorsqu’il s’agit de délinquants qui ont le « bon profil » : « les circonstances atténuantes ». Or, dans cette affaire, les procureurs n’en ont vu apparemment aucune, ce qui les a conduits à requérir le maximum des peines que la loi les autorisait à réclamer. Pourtant, les circonstances atténuantes, en cherchant un peu, ce qui, au passage, fait partie intégrante de leur fonction, ne manquent pas, loin de là…
Pourquoi, auraient-ils pu se demander, le FN devenu RN aurait-il mis en place un financement « illégal » du parti, puisqu’il ne s’agit en aucun cas, ont-ils reconnu, d’enrichissement personnel ? Pour le plaisir de contrevenir à la loi ? La réponse est pourtant simple : si le RN en a été réduit à un expédient prétendument illégal (d’après eux), c’est parce qu’il manquait cruellement de fonds. Et s’il manquait de fonds, ce n’est pas parce que ses membres menaient une vie de nababs, mais parce que tous les autres partis, je dis bien tous, sans exception, s’étaient ligués pour exclure le RN du « banquet républicain ». En menant la politique de tout sauf le RN, les partis dits « de gouvernement » asséchaient (et n’ont toujours pas perdu l’espoir d’y parvenir) les finances du RN, et donc le « nerf de la guerre », au mépris des électeurs et de la démocratie. C’est ainsi qu’à l’exception de l’épisode Mitterrand et l’élection à la proportionnelle, qui avait permis au FN d’être représenté en France à la hauteur des voix obtenues et d’accéder au financement public, Il a fallu attendre 2012, Gilbert Collard et Marion Maréchal pour que le FN ait à peine deux députés, alors qu’il représentait le quart des Français, pendant que des partis ne rassemblant que 1 à 2% des suffrages disposaient de groupes à l’Assemblée Nationale, avec bureaux, secrétariat, voitures de fonction et tout le toutim. Idem pour le Sénat, les mairies, les conseils régionaux, départementaux. Tous contre le FN, un réel détournement de fonds publics, mais au détriment du FN, par les autres partis politiques. C’est parce que l’élection au parlement européen se fait à la proportionnelle que le FN avait pu avoir un nombre de députés correspondant à son implantation dans le pays, et donc recevoir des fonds qui lui offraient un ballon d’oxygène. Fonds qui, je le rappelle, étaient dus, pas volés ! S’il ne s’agit pas là d’une circonstance plus qu’atténuante, c’est quoi ? Et l’entente illégale pour éliminer un parti concurrent et l’empêcher de porter les aspirations de ses électeurs, ce ne serait pas un délit ?
Et puis il y a une autre circonstance atténuante, tout aussi criante : les banques françaises refusent de financer le RN, quelque garantie qu’il leur apporte, alors qu’elles n’hésitent pas à financer, parfois à perte, tous les autres partis, y compris d’extrême-gauche. Ce qui n’a pas retenu l’impayable Macron, lui-même financé par des firmes américaines, de reprocher à Marine le Pen, lors du débat entre les deux tours de la présidentielle, de se financer auprès d’une banque Russe (à 8% d’intérêts, quand même)… Ce n’est pas non plus une circonstance atténuante ?
D’autant plus que les juges, eux, ont pris la fâcheuse habitude de demander des comptes aux élus qui ne leur plaisent pas, tout en refusant, au nom de l’indépendance de la justice, d’en rendre eux-mêmes. Ils jugent et condamnent, mais qui les juge, qui les condamne ? Qui a jugé le juge Burgaud, qui a laissé croupir en prison plusieurs années des pauvres diables parfaitement innocents ? Qui a jugé Françoise Martre, la présidente du syndicat de la magistrature pour le mur des cons – elle a été définitivement condamnée par la Cour de Cassation à 500 euros d’amende avec sursis, vous parlez d’une sanction - ? Qui va juger la juge qui a remis en liberté l’assassin de Philippine ? Et qui jugera le juge qui a infligé un stage de citoyenneté à la racaille qui a menacé de mort le proviseur du lycée Ravel ?…