Un roman d’anticipation plutôt que de science-fiction de Clifford D.Simak, « Demain les Chiens », décrivait la dégénérescence de l’espèce humaine, remplacée par les chiens. Où que vous marchiez aujourd’hui, dans la rue, sur une plage, dans une forêt, il vaut mieux regarder ses pieds que contempler le paysage si vous voulez éviter de marcher dans une de ces choses immondes que leur propriétaire a négligé de ramasser…
Cela devient franchement insupportable, et en dit plus que de savantes études sur la perte totale du sens collectif qui gangrène nos sociétés dites « civilisées » et « progressistes ». Des trottoirs maculés de déjections canines, le « pas vu pas pris » comme règle de vie d’enfoirés qui se fichent comme d’une guigne que la merde de leur toutou adoré finisse sous les pieds d’un passant, d’un enfant, sous les roues d’une poussette, entre par effraction dans les foyers, les boutiques, les transports en commun, et en macule les sols. Il y a les crottes de chien abandonnées, qui deviennent un véritable fléau – les municipalités ne savent plus à quel saint se vouer pour inciter à un minimum de civisme-, qui ont pour conséquence que quelques malappris font jeter l’opprobre sur l’immense majorité des propriétaires de chiens qui respectent leurs concitoyens. Et s’il y a les chiens, il y a toutes ces « petites incivilités » qui finissent par exaspérer les gens respectueux des autres.
Le gardien de ma résidence de vacances qui s’arrache les cheveux devant le comportement de certains locataires amenés par les loueurs à la semaine : des portes cassées à force d’être malmenées, enfoncées par des valises à roulettes, des ordures jetées à côté des poubelles, jusqu’à des merdes de chien dans l’ascenseur, des murs zébrés par des vélos ou des caddies montés jusqu’aux appartements, loués pour deux personnes, occupés par six, sans compter animaux de compagnie, des canalisations bouchées par du sable dont on n’a pas pris la peine de se débarrasser à la plage, des factures d’eau qui explosent… et les nuisances sonores. Le je m’enfoutisme institutionnalisé, je fais ce que je veux et je vous emmerde (au sens propre).
Et je ne vous parle pas d’un phénomène purement français, que je n’ai rencontré nulle part ailleurs dans les pays que je connais, et j’en connais un certain nombre, cette désinvolture avec laquelle des piétons de tous âges, sexes et conditions traversent les rues aux passages idoines alors que le feu est au vert pour les automobiles, sans se presser et en les ignorant superbement. Pour ma part, je fais ronfler le moteur et je klaxonne à fond… vous verriez comme ça galope ! On décompresse comme on peut.
Le paradoxe est que les mêmes qui ne respectent en rien les règles élémentaires du savoir vivre obéissent avec un zèle de cul-bénis aux injonctions liberticides du « Pouvoir », aussi absurdes soient-elles, quand ils n’en redemandent pas. Les mêmes qui réclament justice lorsqu’on leur fait ce qu’ils font aux autres, les mêmes qui, une fois lassés de leur animal de compagnie, l’abandonnent sans le plus petit pincement au cœur sur une aire d’autoroute. Bande de salauds.
En attendant, l’exaspération monte, monte, chez les gens bien élevés. Ça va mal finir, c’est sûr.
N.B. Pour en revenir à nos moutons, en dehors de l’Occident, au Maghreb, en Afrique sub-saharienne, au Moyen Orient, en Asie, ça existe, les animaux de compagnie ?