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UMP / FN : Fillon a fait ses comptes !

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

On se souvient encore qu’après les élections régionales de 1998, un certain nombre de leaders locaux de la droite de gouvernement – composée à l’époque du RPR et de l’UDF – avaient été confrontés à une douloureuse alternative : soit garder le contrôle de leur région en admettant le Front national dans leur majorité, soit en exclure l’hypothèse et abandonner la région à la gauche. Un moment tentés, Michel Giraud en Île-de-France et Jean-Claude Gaudin en Provence-Côte d’Azur avaient respecté les consignes de leur parti et cédé la place à Jean-Paul Huchon et Michel Vauzelle. Charles Baur en Picardie, Charles Millon en Rhône-Alpes, Jean-Pierre Soisson en Bourgogne et Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon avaient au contraire franchi le pas et tenté de gouverner avec le parti de Jean-Marie Le Pen. Mal leur en avait pris. Les deux premiers avaient finalement flanché, les deux autres qui avaient bravé la réprobation et les ukases de leurs instances dirigeantes avaient perdu dans l’affaire toute chance de poursuivre une carrière nationale.

C’est qu’à l’époque, le FN et son président avaient le front cornu et les pieds fourchus. Michel Noir, alors maire de Lyon et promis au plus brillant avenir, avait formulé de manière frappante ce qui devait être pendant près de quinze ans la doctrine de la droite « républicaine » : mieux vaut perdre une élection que perdre son âme. On ne pactise pas avec le diable.

Une cloison étanche avait alors été interposée entre le parti d’extrême droite et le reste de la classe politique. Toutes les fois qu’il y avait péril en la demeure, la droite et la gauche parlementaires formaient contre l’ennemi commun un « front républicain », dont la plus spectaculaire et la plus grotesque manifestation devait être l’union sacrée, au deuxième tour de la présidentielle de 2002, d’une droite réticente et d’une gauche qui se pinçait le nez et la triomphale réélection, avec 82 % des voix, de
l’ « escroc », du « voleur », face à la bête immonde.

Ceux qui, à droite, protestaient contre ce cordon sanitaire qui avait été si bénéfique à Jacques Chirac, une fois, et qui était en général si avantageux à la gauche, étaient marginalisés, et les très rares qui osaient le violer exclus. Chirac et son successeur Sarkozy étaient sur la même ligne : en aucun cas il n’était question d’un rapprochement avec le Front national. S’il y avait danger, la règle républicaine devait être celle du désistement réciproque.

L’élection présidentielle de 2012 devait marquer une première inflexion, d’abord lorsque le président sortant reprit nombre de thèmes et de propositions du Front national, puis lorsque, entre les deux tours, il s’adressa très explicitement à ses électeurs. Trop tard sans doute pour les convaincre. Mais c’est précisément à la suite de cet échec que Jean-François Copé, en prenant acte, passait du « non, jamais » au « ni-ni », renvoyant dos à dos les partis de gauche et le Front.

François Fillon vient de franchir une nouvelle étape, décisive. Pour la première fois depuis 1998, un dirigeant national de la droite classique a envisagé – « pourquoi pas ? » – de voter ou d’appeler à voter pour un candidat du Front national, s’il est « moins sectaire » qu’un candidat socialiste. La restriction est moins importante que la volte-face.

Le propos de l’ancien Premier ministre a en effet une triple signification, dictée par le réalisme, tirée de l’évidence, cohérente avec son ambition.

François Fillon ne peut ignorer la porosité croissante entre son électorat et celui de Marine Le Pen et la radicalisation qui rapproche irrésistiblement celui-là de celle-ci. La présidente du Front est en passe d’en réussir la dédiabolisation.

L’impasse faite par la droite de gouvernement ne l’a pas empêchée de revenir au pouvoir et de le garder entre 2002 et 2012. Mais ce qui était possible avec un FN compris entre 10 et 15 % des suffrages ne l’est plus lorsque la fourchette s’établit entre 20 et 25 %. Ce qui était concevable lorsque certaines références, certaines dérives et certains slogans permettaient d’exclure le mouvement de Jean-Marie Le Pen de « l’arc-en-ciel républicain » — alors même qu’il respectait toutes les règles de la démocratie — n’a plus ni crédibilité ni bases et il faut n’avoir pas plus de jugeote qu’Harlem Désir ou être d’aussi mauvaise foi que Jean-Luc Mélenchon pour brandir encore l’épouvantail du fascisme. Ça ne passe pas.

Si l’on doutait encore de la volonté de François Fillon d’aller jusqu’au bout, le doute n’est plus permis. Le candidat à la candidature UMP, devant une équation analogue à celle qui était posée à François Mitterrand dès 1974, l’a résolue de la même façon. Pour être élu président de la République, il faut plus de 50 % des voix au second tour, ce qui est aussi impossible à la droite sans le Front national qu’à la gauche, il y a trente ans, sans le Parti communiste. La position de Fillon est, à vrai dire, encore plus favorable que celle de Mitterrand. Si d’aventure son adversaire du second tour n’est pas le candidat socialiste mais la candidate du Rassemblement Bleu Marine, il est également assuré d’arriver aux 50 % fatidiques, mais grâce à la gauche. Comme quoi il n’est pas indispensable d’être polytechnicien pour être fort en calcul(s).

Voir en ligne : http://www.bvoltaire.fr/dominiqueja...