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Que veut le peuple de droite ?

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Philippe Baccou, essayiste, contributeur.

♦ Parmi les Français, les sympathisants du Front national et de l’UMP, aujourd’hui Les Républicains, ont des opinions voisines sur beaucoup de sujets. Ces deux groupes, lorsqu’on les interroge, sont souvent plus proches l’un de l’autre qu’ils ne le sont des électeurs de gauche. Les sympathisants des partis dits du centre, UDI et Modem, se rapprochent, à un moindre degré, des électeurs du Front national et des Républicains.

Ce « peuple de droite », formé de deux composantes -une droite populiste, autour du Front national, une droite « classique », celle des Républicains et de leurs alliés centristes- est aujourd’hui, de loin, la force électorale dominante sur l’échiquier politique. Au sein de cette force, l’électorat du Front national est en voie de devenir prépondérant.

Quel serait le programme politique correspondant aux souhaits du peuple de droite ? Pour le savoir, il faut sélectionner, sondage après sondage, les propositions auxquelles adhèrent une majorité d’électeurs du Front national et des Républicains. Certaines d’entre elles recueillent aussi l’approbation d’une majorité ou d’une part substantielle des électeurs de gauche. D’autres propositions sont plus clivantes entre la droite et la gauche. Quel que soit le cas de figure, c’est avec de telles propositions que devrait être bâti un programme politique présidentiel capable de rassembler le peuple de droite au-delà de chacune des deux forces qui le composent.

La présente note, actualisant et complétant des travaux précédents (1), vise à identifier un certain nombre d’éléments de ce programme, sur la base des plus récentes enquêtes d’opinion, réalisées et publiées depuis environ un an.

Immigration : refuser que les migrants qui arrivent par dizaines de milliers sur les côtes italiennes et grecques soient répartis dans les différents pays d’Europe et que la France en accueille une partie.

Trois Français sur cinq sont opposés à ces mesures voulues par Mme Merkel et par la Commission européenne. Ce refus est partagé par 97 % des sympathisants du FN et 71 % de ceux des Républicains. Par contre, 71 % des sympathisants du PS et 57 % de ceux du Front de gauche y sont favorables. L’opinion des sympathisants de l’UDI est, sur ce point, semblable à celle des sympathisants du Front de gauche (IFOP, 21 janvier 2016).

Cette question a été posée cinq fois en des termes identiques depuis le début de septembre 2015. En cinq mois, la proportion des Français opposés à ces mesures est passée de 51 % à 60 %. Chacun de ces sondages fait apparaître à ce sujet un profond accord au sein du peuple de droite et un profond clivage entre la droite et la gauche.

Immigration : réserver les allocations familiales et les aides aux logements aux seuls Français et ressortissants de l’Union européenne.

Cette mesure est approuvée par deux Français sur trois. 93 % des sympathisants du FN et 81 % de ceux des Républicains y sont favorables, alors que les sympathisants de gauche la rejettent nettement (à 65 % pour le Front de gauche, 58 % pour le PS et 54 % chez les écologistes). Les sympathisants de l’UDI rejoignent sur ce point le peuple de droite (65 % d’approbation), ceux du Modem sont partagés à 50-50 (IFOP, 29 septembre au 1er octobre 2015).

Immigration : supprimer l’acquisition automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents immigrés clandestins.

Il suffit aujourd’hui que ces enfants justifient de leur résidence en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins cinq ans, depuis l’âge de onze ans, pour qu’ils deviennent automatiquement français à dix-huit ans. Près de trois Français sur cinq sont d’accord pour supprimer cela. Cette proposition est fortement soutenue par les sympathisants FN (à 73 %) et Républicains (à 66 %) alors que ceux de gauche la désapprouvent à 52 %. Elle est également soutenue par la majorité des sympathisants UDI (58 %) et Modem (59 %) (IFOP, 29 septembre au 1er octobre 2015).

Immigration : expulser systématiquement, à l’issue de leur peine, tous les étrangers condamnés pour crime ou acte de délinquance en France.

Cette mesure, détestée par l’extrême-gauche et stigmatisée par elle sous le nom de « double peine », a été abrogée en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur. Celui-ci n’est pas revenu sur cette abrogation pendant les cinq années de son mandat présidentiel. Aujourd’hui, pourtant, plus de quatre Français sur cinq sont favorables à la double peine. Le peuple de droite souhaite unanimement la rétablir (à 98 % chez les sympathisants du FN, 93 % chez les Républicains et 90 % chez les UDI). Même les sympathisants de gauche soutiennent aussi cette proposition, mais seulement à 71 % (IFOP, 29 septembre au 1er octobre 2015).

Immigration : supprimer l’aide médicale d’État (AME) permettant aux immigrés clandestins de profiter de soins médicaux gratuits en France.

Plus de trois Français sur cinq le souhaitent. Il existe sur cette question un profond clivage entre le peuple de droite, qui approuve massivement cette réforme (95 % au FN, 76 % chez les Républicains, et même 65 % à l’UDI), et les sympathisants de gauche, dont les deux tiers la refusent (76 % pour le Front de gauche, 67 % pour le PS, 61 % pour les Verts) (IFOP, 29 septembre au 1er octobre 2015).

Immigration : obliger automatiquement les migrants dont la demande d’asile est rejetée à quitter le
territoire français.

77 % des Français réclament l’expulsion automatique des « déboutés du droit d’asile ». Cette proportion culmine à 95 % chez les sympathisants du FN et 87 % chez ceux des Républicains. Elle est encore de 74 % pour ceux de l’UDI. Les sympathisants de gauche ne sont que 52 % à souhaiter le départ automatique des déboutés (BVA, 28-29 janvier 2016).

La même question avait été posée par le même institut de sondage en mai puis en novembre 2015. En moins d’un an, la proportion des Français se déclarant en faveur de l’expulsion automatique a augmenté de 7 points.

Famille : restreindre ou abroger la loi Taubira pour supprimer la possibilité d’adoption par les couples homosexuels.

Une majorité des Français (54 %) est favorable, soit à une révision de la loi Taubira sur le mariage homosexuel, en supprimant la possibilité d’adoption filiative, soit à l’abrogation pure et simple de cette loi, contre 46 % qui souhaitent la maintenir telle quelle. Les partisans de la révision ou abrogation sont nettement majoritaires chez les sympathisants de droite : 70 % pour le FN (dont 37 % pour l’abrogation), 76 % pour les Républicains (dont 36 % pour l’abrogation), et même 62 % pour l’UDI. Leur position s’oppose à celle des sympathisants de gauche, qui sont près de 70 % à ne vouloir toucher à rien : 69 % pour le Front de gauche, 71 % pour le PS, 68 % pour les écologistes (IFOP, 9-11 septembre 2015).

Après avoir un temps laissé penser qu’il souhaitait que la loi Taubira soit abrogée ou « réécrite de fond en comble », Nicolas Sarkozy, dans son livre La France pour la vie (janvier 2016), a clairement choisi de suivre sur ce sujet la position de la gauche : « je ne souhaite donc pas qu’on légifère à nouveau ». Parmi les autres candidats des Républicains à la primaire, ses deux principaux concurrents actuels, Bruno Le Maire et Alain Juppé, étaient déjà depuis longtemps sur la même ligne.

Europe : remettre en cause les accords de Schengen et restreindre les conditions de circulation et d’installation des citoyens européens sur le territoire français.

Trois Français sur cinq sont en faveur de cette proposition qui recueille l’assentiment d’une large majorité (72 %) des sympathisants de droite : 84 % pour le FN, 62 % pour l’UMP/Les Républicains et 59 % pour l’UDI, alors qu’elle est majoritairement repoussée, à 60 %, par l’électorat de gauche (IFOP, 22-27 mai 2015).

Remarquons que ce rejet de l’Europe de Schengen a été exprimé avant même que l’invasion migratoire prenne les proportions que nous connaissons aujourd’hui et qu’elle apparaisse, ainsi que le terrorisme, hors de contrôle. Les opinions exprimées sur ce point par les Français en mai 2015 étaient déjà sensiblement les mêmes quinze mois auparavant, avec 59 % de réponses favorables à la remise en cause de Schengen (IFOP, 12-14 février 2014). Restreindre la liberté de circulation et d’installation des non-Français en France semble être un souhait durable de l’opinion et qui distingue durablement le peuple de droite de la gauche.

Interrogé sur Europe 1, le 5 janvier 2016, Alain Juppé a néanmoins considéré comme « une régression historique » le rétablissement des contrôles aux frontières de la Suède et du Danemark -décidé le 4 janvier par ces deux pays, après bien d’autres- et déploré que la France, en cette matière, n’ait « pas assez transféré sa souveraineté ».

Europe : exclure la Grèce de la zone euro si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit, ou si elle arrête de rembourser sa dette vis-à-vis de ses partenaires européens.

Une majorité de sympathisants de droite, tant chez le FN que chez l’UMP/Les Républicains, est favorable à cette mesure qui, au contraire, n’est pas majoritairement souhaitée par les sympathisants des partis de gauche.

Français FN UMP/Rép Droite Gauche
Exclure la Grèce de la zone euro …
Si elle arrête de rembourser sa dette (IFOP, 22-27 mai 2015)
*favorables 64 % 80% 72 % 77 % 50 %
*opposés 36 % 20 % 28 % 23 % 50 %
-Si elle ne parvient pas à réduire sa dette et son déficit (IFOP, 19-20 juin 2015)
*favorables 46 % 73 % 51 % 59 % 33 %
*opposés 53 % 27 % 47 % 40 % 66 %

De la même façon, 54 % des Français sont opposés à ce que l’Union européenne doive encore soutenir financièrement la Grèce. 75 % des électeurs de Marine Le Pen et 60 % de ceux de Nicolas Sarkozy sont de cet avis alors qu’au contraire, 50 % des électeurs de François Hollande et 66 % de ceux de Jean-Luc Mélenchon pensent qu’il faut encore soutenir financièrement ce pays (Opinionway, 1er-2 juillet 2015). Au même moment, 64 % des Français souhaitent que l’Europe arrête de prêter de l’argent à la Grèce (respectivement 85 % et 84 % des sympathisants du FN et des Républicains) alors que 53 % des sympathisants de gauche souhaitent que l’Europe continue de le faire (Harris, 30 juin-1er juillet 2015).
Économie : renforcer la compétitivité des entreprises (baisse des charges, réforme du droit du travail, simplification réglementaire, …).

« Renforcer la compétitivité des entreprises », dans le sens précisé ci-dessus entre parenthèses, est classé par 44 % des Français parmi les trois priorités à choisir en ce qui concerne la réforme de l’État. C’est l’objectif le plus souvent cité par eux, ex aequo avec celui de « réaliser des économies budgétaires ». Il est cité plus souvent que la moyenne parmi les trois priorités par les Français du peuple de droite, qu’ils soient proches du FN (50 %), de l’UMP/Les Républicains (67 %) ou de l’UDI (49 %), et bien moins souvent que la moyenne par les Français proches du Front de gauche (24 %), du PS (31 %) et des écologistes (24 %) (IFOP, 8-10 avril 2015).

Cette attitude pro-entreprise est un trait commun du peuple de droite, qu’il soit proche de la droite populiste ou de la droite classique, et qui le distingue clairement du peuple de gauche.
Économie : ne pas avoir recours aux contrats aidés pour améliorer la situation de l’emploi.

Près de deux Français sur trois estiment que la création de 100 000 nouveaux contrats aidés, annoncée le 1er juin 2015 par François Rebsamen, alors ministre du travail, n’est pas une bonne chose pour améliorer durablement la situation de l’emploi. Le peuple de droite est massivement de cet avis (à 76 % chez les électeurs de Marine Le Pen et à 82 % chez ceux de Nicolas Sarkozy), alors qu’au contraire, ces contrats aidés sont considérés comme une bonne chose par 51 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 58 % de ceux de François Hollande (Opinionway, 3-4 juin 2015).

Économie : François Hollande et Manuel Valls devraient mener une politique économique plus à droite.

C’est ce que souhaitent 41 % des Français, contre 32 % qui demandent une politique économique plus à gauche et 17 % une politique maintenue telle quelle (10 % étant sans opinion). Une politique plus à droite est réclamée par une large majorité des personnes proches du FN (65 %) et des Républicains (78 %), par une majorité plus courte des sympathisants de l’UDI (54 %). Les sympathisants du Front de gauche, des écologistes et du PS souhaitent une politique économique plus à gauche, respectivement, à 88 %, 58 % et 49 % (CSA, 31 mars-1er avril 2015)

Économie : pour relancer la croissance, limiter au maximum le rôle de l’État dans l’économie française et donner aux entreprises le plus de liberté possible, plutôt que renforcer le rôle de l’État dans certains secteurs de l’économie française jugés porteurs et stratégiques.

Une majorité des Français (53 %) préfère limiter, plutôt que renforcer, le rôle économique de l’État, contre 47 % qui sont d’un avis inverse. La première solution est plébiscitée par le peuple de droite, à 64 % chez les sympathisants FN et 71 % chez ceux de l’UMP/Les Républicains ; la seconde est tout aussi fermement soutenue, à 70 %, par les sympathisants de gauche (IPSOS, 22-27 avril 2015).

Social : moins d’assistanat !

Près de trois Français sur cinq sont d’avis qu’« on évolue vers trop d’assistanat » contre 31 % qui préfèrent l’opinion qu’« il n’y a pas assez de solidarité envers les gens qui en ont besoin ». Le soutien à la première idée est massivement majoritaire au sein du peuple de droite : 80 % chez les sympathisants du FN, 87 % chez ceux de l’UMP/Les Républicains. Les sympathisants de gauche, de leur côté, sont très divisés sur cette question : la moitié d’entre eux penche pour la première opinion, l’autre moitié pour la seconde (IPSOS, 22-27 avril 2015).

Social : supprimer la durée légale du travail à 35 heures.

Cette suppression, approuvée par 51 % des Français contre 49 %, est l’objet d’un fort clivage entre le peuple de droite et le peuple de gauche : 64 % des électeurs de Marine Le Pen et 79 % de ceux de Nicolas Sarkozy y sont favorables, 78 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 71 % de ceux de François Hollande y sont opposés (Opinionway, 26-27 novembre 2014).

Social : privilégier le référendum dans l’entreprise plutôt que la négociation entre les syndicats de salariés et ceux des employeurs.

Cette orientation est soutenue par près de quatre Français sur cinq, mais nettement plus par les électeurs de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy, dont les taux d’approbation sont très proches (respectivement 85 % et 90 %), que par ceux de François Hollande (74 %) et, plus encore, de Jean-Luc Mélenchon (62 %) (Opinionway, 27-28 janvier 2016).

Social : laisser les entreprises fixer librement le temps de travail en accord avec leurs salariés.

Proposition appuyée par plus de sept Français sur dix, mais beaucoup plus vigoureusement par les sympathisants du FN, des Républicains et de l’UDI, qui sont d’accord là-dessus, respectivement, à 77 %, 85 % et 75 %, et tout à fait d’accord à 47 %, 50 % et 49 %. En comparaison, les sympathisants de gauche ne sont d’accord qu’à 61 % et tout à fait d’accord à seulement 27 %, avec un taux d’approbation plus faible pour les sympathisants des Verts (53 %) et du Front de gauche (49 %) et certes plus élevé pour ceux du PS (69 %), mais avec seulement 30 % de « tout à fait d’accord », soit environ 20 points de moins que chez le peuple de droite (CSA, 1er-2 septembre 2015).

Laïcité : interdire le port du voile ou du foulard islamique dans les salles de cours des universités et par les personnes accompagnant les enfants lors d’une sortie scolaire.

IFOP, 18-19 mars 2015
Interdire le port du voile ou le foulard islamique
Français FN UMP/Rép UDI Gauche
- dans les salles de cours des universités
*favorables 72 % 86 % 84 % 77 % 62 %
*opposés 18 % 12 % 13 % 19 % 26 %
- par une personne accompagnant des enfants lors d’une sortie scolaire
*favorables 68 % 83 % 76 % 71 % 59 %
*opposés 22 % 14 % 18 % 21 % 30 %

Ces deux mesures, largement approuvées par environ sept Français sur dix, sont certes également soutenues par une majorité des sympathisants de gauche, mais dans une proportion bien moindre que chez les sympathisants des partis de droite, y compris ceux de l’UDI.

Laïcité : supprimer les plats de substitution halal dans les cantines scolaires.

Cette proposition, soutenue par 55 % des Français contre 33 % (12 % étant sans opinion), suscite un très net clivage entre le peuple de droite, qui l’approuve largement (à 84 % pour le FN, 63 % pour l’UMP/Les Républicains et 66 % pour l’UDI), et les sympathisants de gauche, qui la rejettent à 47 % contre 39 % favorables et 14 % sans opinion (IFOP, 18-19 mars 2015).

Réforme de l’État : remettre en cause le principe de sécurité de l’emploi pour les nouvelles embauches d’agents dans la fonction publique.

Approuvée par deux Français sur trois, cette réforme est soutenue par une encore plus forte proportion de ceux qui sont proches du FN (72 %) et de l’UMP/Les Républicains (79 %). Elle n’est en revanche acceptée que par 49 % des personnes proches du Front de gauche et 52 % des sympathisants du PS (IFOP, 30 décembre 2014-1er janvier 2015).

Réforme de l’État : mettre en place, dans le secteur public, trois jours de carence pendant lesquels, lors d’un arrêt maladie, les salariés ne perçoivent pas de rémunération, comme cela existe dans le secteur privé.

Trois Français sur quatre souhaitent aligner sur ce point la situation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé. Une telle mesure est très fortement souhaitée tant par les personnes proches du FN (79 %) que par les sympathisants de l’UMP/Les Républicains (82 %). Les sympathisants du Front de gauche et du PS l’approuvent aussi, certes à un bien moindre degré (55 % pour les premiers, 66 % pour les seconds), mais en dépit du fait que c’est la gauche qui a supprimé, à la fin de 2013, l’unique jour de carence existant alors dans la fonction publique.

Réforme de l’État : faire revenir le temps de travail hebdomadaire à 39 heures au lieu de 35 heures dans la fonction publique.

Trois Français sur quatre soutiennent cette proposition, mais le peuple de droite beaucoup plus massivement (respectivement à 80 % et à 92 % chez ceux qui sont proches du FN et des Républicains) que les sympathisants des partis de gauche, qui l’approuvent seulement à 57 % pour la gauche radicale et à 60 % pour le PS (Opinionway, 22-23 septembre 2015).

Le clivage est encore plus net en ce qui concerne la proposition similaire de supprimer les 35 heures et de revenir à 39 heures à l’hôpital : cette mesure est approuvée par trois Français sur cinq et, respectivement, par 69 % des électeurs de Marine Le Pen et 78 % de ceux de Nicolas Sarkozy, alors que 74 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et 55 % de ceux de François Hollande la rejettent (Opinionway, 20-21 mai 2015).

Sécurité et défense : rétablir un service militaire obligatoire.

Cette réforme approuvée par trois Français sur cinq l’est bien plus encore par les sympathisants du FN (73 %) et des Républicains (72 %). Elle n’est en revanche soutenue que par 45 % des sympathisants de gauche (BVA, 18-19 novembre 2015).

Quelques mois auparavant, après la première vague d’attentats à Paris, une proposition un peu différente, « créer un nouveau service national, d’une durée de quelques mois, obligatoire pour tous les jeunes garçons et filles », était approuvée par quatre Français sur cinq : massivement par les sympathisants du FN (89 %) et de l’UMP/Les Républicains (90 %), moins fortement, mais à 72 % quand même, par les sympathisants de gauche (IFOP, 21-23 janvier 2015).

Le service national, dont la durée avait été réduite d’un an à dix mois en 1992, a été supprimé, à l’initiative de Jacques Chirac et sous le gouvernement d’Alain Juppé, par la loi de programmation militaire de juin 1996 qui a fixé à six ans la durée de la transition. Alors que trois Français sur cinq regrettaient cette suppression (2), Nicolas Sarkozy, qui avait la possibilité de rétablir le service national pendant son mandat présidentiel, de 2007 à 2012, ne l’a pas fait. Après les attentats de janvier 2015, Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé et François Fillon, tous trois anciens Premiers ministres, se sont déclarés opposés au rétablissement du service national. Le 26 septembre 2015, devant les auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), Alain Juppé a confirmé catégoriquement cette opposition : « Il serait irréaliste et même irresponsable de grever la capacité des armées à exercer leur métier (…) en leur imposant une mission d’intégration civique et de brassage social ».

Sécurité et défense : que l’armée puisse intervenir en soutien à la police ou à la gendarmerie pour sécuriser certaines zones où les migrants sont rassemblés, comme à Calais.

Près de trois quarts des Français sont favorables à cette proposition, dont 45 % très favorables. Le peuple de droite se prononce très largement en faveur de l’intervention de l’armée, à 95 % chez les sympathisants du FN, 86 % chez ceux des Républicains et encore 75 % à l’UDI. Les sympathisants de gauche sont beaucoup plus divisés sur ce point : 53 % sont en faveur de l’intervention, mais 45 % y sont opposés (BVA, 28-29 janvier 2016).

Chez les Républicains, Alain Juppé ne semble nullement favorable à cette demande : le 26 septembre 2015, à l’IHEDN, il s’est au contraire montré hostile au « déploiement permanent de (…) militaires dans les opérations intérieures ».

Sécurité et défense : déchoir de la nationalité tous les Français condamnés pour actes de terrorisme.

Deux tiers des Français sont favorables à cette mesure, plus large que celle de même nature proposée pour les seuls binationaux. Un large accord existe là-dessus au sein du peuple de droite entre les sympathisants du FN et ceux des Républicains, qui soutiennent cette déchéance respectivement à 94 % et à 76 %. La proposition est également soutenue par une majorité de sympathisants UDI (60 %). La gauche est, en revanche, totalement divisée sur ce point, avec seulement 47 % de sympathisants favorables à une déchéance applicable à tous les Français, binationaux ou non (BVA, 7-8 janvier 2016).

Le 6 janvier 2016, au bureau politique des Républicains, Nicolas Sarkozy « s’est dit (…) opposé à cette mesure susceptible de créer des apatrides, selon des participants. Cette opinion est partagée par Alain Juppé et Bruno Le Maire » (Le Figaro, 6 janvier 2016).

Le jour précédent, interrogé sur Europe 1, Alain Juppé s’était déclaré catégoriquement opposé à une déchéance étendue aux nationaux, en affirmant que « c’est la ligne rouge absolue », au motif que « la patrie des Droits de l’Homme ne doit pas fabriquer d’apatrides ».

Sécurité et défense : rétablir la peine de mort.

La peine de mort a été abolie en 1981 en France sous la présidence de François Mitterrand. En février 2007, son interdiction a été inscrite dans la Constitution par un vote du Congrès, avec le soutien du gouvernement de Dominique de Villepin dont le numéro deux était Nicolas Sarkozy. Les groupes de l’UMP et les groupes centristes de l’UDF à l’Assemblée nationale et au Sénat avaient explicitement pris position pour voter cette interdiction.

52 % des Français pensent qu’il faudrait rétablir la peine de mort en France. Cette mesure est soutenue par une très large majorité des sympathisants du FN (82 %) et par une majorité plus réduite, mais significative de ceux de l’UMP/Les Républicains (57 %), alors que les sympathisants de gauche y sont hostiles à 68 % (IPSOS, 22-27 avril 2015).

Il y a donc un très net clivage entre le peuple de droite et la gauche sur ce point, mais il faut noter que ce clivage s’est réduit, du fait de la conversion d’une part significative des sympathisants de gauche à l’idée de rétablir la peine de mort : ils n’étaient que 22 % à le souhaiter en janvier 2014, mais 32 % quinze mois après. C’est la principale explication de la progression de 7 points (de 45 % à 52 %) du soutien à la peine de mort entre ces deux enquêtes.

Interrogé sur Europe 1 le 5 janvier 2016, Alain Juppé a indiqué qu’il ne souhaitait pas rouvrir le débat sur la peine de mort, à laquelle il reste opposé.

Philippe Baccou
7 février 2016

Notes :

(1) Voir par exemple Philippe Baccou, “L’union de la droite dans l’opinion des Français“, en ligne sur polemia.com, 16 novembre 2012.

(2) Dans une proportion remarquablement stable dans le temps : IFOP, 29-30 juin 2006, 10-11 juillet 2008, 12-13 juillet 2012.

Correspondance Polémia – 10/02/2016

Voir en ligne : http://www.polemia.com/que-veut-le-...