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On ne sait pas lutter contre le FN

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

La lutte contre le Front National telle qu’elle est menée jusqu’ici est inefficace.

La stratégie de l’évitement et de la diabolisation est obsolète et inadaptée quand le Front National pèse près d’un quart des intentions de vote. Il faut en finir avec ces stratégies inadéquates et prendre enfin les sujets qui préoccupent les Français à bras-le-corps. Pour ce faire, il faut avant tout que les partis républicains regagnent la crédibilité que des années d’errance ont mise à mal. C’est à ce prix que l’on pourra faire reculer les extrêmes.

Lorsque l’idée d’écrire contre le Front National a été lancée au sein du think-tank, j’ai commencé par m’interroger sur la validité d’un tel combat. En effet, même si une telle lutte semble couler de source pour beaucoup, il m’a semblé légitime de se poser cette question alors que près d’un quart de la population semble prête à accorder sa voix à ce parti. Au-delà de cette question, une évidence m’est apparue au fil de nos discussions : nous ne savons pas lutter contre le FN ! Tant de personnes ont pris leur plumes, sont descendues dans la rue, ont mené ce combat en articles, en discours ou même en chansons avec le maigre résultat que l’on constate aujourd’hui.

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La stratégie de lutte contre le FN mise en place depuis plusieurs décennies (diabolisation, rejet au ban de la vie politique) est inefficace. Loin de freiner sa progression, elle lui laisse le champ libre et se retourne contre ses auteurs. On pouvait refuser de débattre avec le FN comme l’a fait Jacques Chirac en 2002 sans grand risque. Peut-on se permettre de continuer sur cette voie à l’heure où le FN est en position d’être le premier parti de France aux prochaines européennes ? Et pourtant, entendez les cris d’orfraie des opposants dès qu’un homme politique républicain évoque un sujet peu ou prou associé au FN ! Marine Le Pen en use et étend la portée de ses propositions pour s’accaparer une grande partie du débat politique. A partir du moment où tout ce qu’elle évoque devient tabou pour les autres, elle a tout intérêt à se positionner sur tout. Il lui suffirait d’expliquer qu’elle préfère les journées ensoleillées pour que l’UMP et le PS ne rivalisent de déclarations sur leur amour de la pluie.

Au-delà de l’ineptie de cette approche, en écartant Marine Le Pen du débat politique par ce rejet systématique et les manœuvres politiciennes (Proposition d’introduire une part de proportionnelle aux législatives qui renait de ses cendres à chaque présidentielle pour repartir aux oubliettes le soir même de la victoire) on lui a offert son plus bel atout : la virginité politique dont elle use à loisir à la veille des municipales.

Où en est-on de la lutte contre le FN aujourd’hui ?

La gauche n’a objectivement aucun intérêt à freiner la montée du FN. Un score élevé du FN étant l’un de ses seuls espoirs d’éviter la débâcle annoncée aux municipales et aux européennes. Elle se contente donc de son discours de diabolisation qui a le double intérêt de ramener les sujets de prédilection du FN sur le devant de la scène tout en limitant au maximum la possibilité de rapprochement des électeurs tentés par le mouvement bleu marine et l’UMP. Côté concret, si ce mot à encore un sens, on a droit à des mesurettes dont la charte de la laïcité de Mr Peillon est un exemple qui se passe de commentaires.

La droite quant à elle ne sait plus sur quel pied danser, elle oscille entre front républicain et droitisation à tout va. La vraie difficulté pour elle réside dans l’absence totale de résultats du quinquennat Sarkozy qui a achevé de lui faire perdre toute crédibilité : on peut clamer la fin de l’impunité pendant la campagne de 2007. Si c’est pour faire passer une loi sur les peines planchers non appliquée tout en en faisant une autre sur la non-exécution des peines fermes de moins de 2 ans, on n’est pas plus avancés.

En 2007, Les électeurs tentés par le FN ont cru au discours de Nicolas Sarkozy : La perspective de voir un parti républicain adresser enfin les problématiques jusqu’ici réservées au FN a été accueillie avec espoir par les uns, qui y ont vu la perspective de voir leurs thèmes de prédilection abordés par un parti en mesure de gagner les élections, et avec soulagement par d’autres, qui y ont vu une possibilité de se faire entendre sans devoir voter pour un parti aux passé sulfureux et aux idées controversées. Le FN est tombé de 16% en 2002 à 10% en 2007. Le fait que les propositions de Nicolas Sarkozy n’aient pas été suivies d’effet a été sanctionné en 2012, avec un FN qui a atteint le score historique de 18%, soit bien au-delà de son niveau de 2002.

Les électeurs FN ne sont pas des "paumés" !

Lutter contre le FN nécessite de réinvestir les véritables problèmes des Français.
Marine Le Pen a des solutions simplistes mais elle répond aux difficultés que nos compatriotes rencontrent dans leur quotidien au contraire des partis républicains qui oscillent entre refuser d’aborder ses sujets ou les prendre de haut. A entendre nos politiques, il n’y a pas d’injustice en France, pas plus que d’insécurité : il y a juste un sentiment d’injustice ou d’insécurité. Cette formulation en elle-même est de nature à rebuter ceux qui rencontrent des difficultés au quotidien. De même, Il faut arrêter de penser comme on le lit souvent que Marine Le Pen s’adresse aux populations fragiles Ca a pu être vrai à une époque mais à 25% d’intentions de vote, cette analyse est peu crédible. Il y a une forme de condescendance à approcher le sujet de cette façon.

Soyons clairs sur ce point, je ne pense pas que celui qui vote FN après s’être fait cambrioler trois fois est fragile, je crois qu’il est fragilisé par l’inefficacité de nos gouvernements successifs. Je ne pense pas qu’il soit paumé, juste révolté. De même, le parent qui vote FN parce qu’il est exaspéré par le fait que ses enfants n’aient pas de maitresse une semaine sur deux n’est pas fragile, il a envie d’essayer autre chose puisque ni la droite ni la gauche n’ont su apporter de réponse.

Le smicard qui économise pour payer ses frais médicaux en pestant contre le fait que les étrangers en situation irrégulière aient une couverture à 100% n’est pas raciste, il trouve simplement sa situation injuste. Celui qui vote FN en réaction aux affaires politico-financières n’est pas extrémiste, il n’a juste plus confiance dans l’offre politique traditionnelle.

En qualifiant les électeurs FN de population fragile, nous sommes non seulement condescendants, animés d’un sentiment de supériorité que rien ne justifie mais en plus spectaculairement inefficaces. A observer la montée du FN sous cet angle, qui consiste peu ou prou à considérer que c’est la crise qui profite aux extrêmes et que le soufflé retombera de lui-même, on sous-estime largement la capacité de mobilisation du FN.

Comment ramener les électeurs FN dans le champ républicain ?

Il est nécessaire que les partis républicains réinvestissent le débat. Il est temps de proposer des solutions concrètes et applicables aux sujets qui préoccupent les Français. C’est à ce prix que le Front National marquera le pas. L’obstacle majeur à surmonter, outre l’absence de créativité et d’imagination de nos politiques, reste la reconquête de la crédibilité. En toute objectivité, il est plus facile d’entendre un discours sur l’éthique du politique et la transparence quand il sort de la bouche d’un jeune candidat du FN que lorsqu’ il émane du secrétaire général du parti au pouvoir (Harlem Désir condamné pour recel d’abus de confiance pour avoir occupé un emploi fictif) ou du président contesté du parti principal d’opposition (Jean François Copé -qui passe ses vacances dans la piscine du très respectable Mr Takkiedine). Marine Le Pen l’a bien compris, qui s’apprête à lancer sa horde de candidats juvéniles aux visages poupins à l’assaut des conseils municipaux de France.
C’est contre cette perte de crédibilité qu’il faut se battre pour pouvoir contrer le FN.

Deux mesures simples et drastiques pour rendre la crédibilité à l’offre politique des partis républicains

1/ Pour regagner en respectabilité, nous proposons que les partis inscrivent dans leur statuts que toute personne condamné par la loi ne puisse se présenter sous leur étiquette : exit les Désir, les Juppé, les Ayrault, les Longuet... L’UMP perdra peut être Bordeaux si Alain Juppé se présente en dissident et le PS, certains de ses élus du sud de la France, mais l’un et l’autre ont bien plus à perdre que quelques villes.

2/ Pour en finir avec les promesses non tenues, nous proposons que pour la campagne de 2017, les propositions des candidats soient accompagnées des projets de loi rédigés et consultables par tous les Français. Ces projets de lois seraient remis par les candidats à une instance indépendante comme le Conseil d’Etat. La désignation du candidat vainqueur entrainerait la transmission automatique par cette instance indépendante des projets de lois à l’assemblée pour vote.
On en aurait ainsi fini avec les promesses qui n’engagent que ceux à qui elles sont faites.

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Voir en ligne : http://www.huffingtonpost.fr/jagdis...