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Martine Aubry prend la tête de la fronde anti-Valls

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

La maire de Lille « combattra » l’extension du travail du dimanche, prévue par la loi Macron.

Martine Aubry entre en résistance. Contre la loi Macron. Mais aussi et surtout contre Manuel Valls, à six mois du prochain congrès du PS, qui s’annonce comme une épreuve de vérité pour la ligne sociale-démocrate ou sociale-libérale du gouvernement. La maire de Lille est une nouvelle fois sortie de sa réserve, mercredi, pour critiquer durement les dispositions concernant le travail du dimanche comprises dans le projet de loi Macron. Ce texte que François Hollande a défini comme une « loi de progrès et de liberté » mais qui sème la zizanie à gauche, était présenté mercredi en grande pompe à l’Élysée par le premier ministre, à l’issue du Conseil des ministres.

Martine Aubry avait déjà fait part de ses critiques à l’encontre du gouvernement, il y a quelques semaines dans leJDD. Avec cette tribune publiée par Le Monde, elle franchit une étape supplémentaire dans son bras de fer avec Manuel Valls. Notamment dans le choix de ses mots, qui prennent ici des accents guerriers : « Je combattrai cette régression pour notre société au niveau national comme dans ma ville », lance ainsi l’ancienne ministre du Travail.

Pour Aubry, ce texte qui sera examiné par les députés fin janvier n’est pas une « réforme subalterne », c’est un « moment de vérité » autour de la « seule question qui vaille : dans quelle société voulons-nous vivre ? ». Elle déplore ainsi que la gauche n’ait « désormais à proposer comme orientation de la vie que la promenade du dimanche au centre commercial et l’accumulation de biens de grande consommation ». « Veut-on faire de la

consommation l’alpha et l’oméga de la notre société ? », interroge-t-elle.
« Harcèlement politique »

Avec cette charge, violente, la maire de Lille met en scène l’affrontement idéologique entre deux gauches, qui n’ont de cesse de s’éloigner depuis 2012. « Il y deux options au sein de la gauche de gouvernement, résume ainsi le député frondeur Christian Paul. Une gauche libérale qui produit ce genre de texte. Et une gauche qui considère que la modernité n’est pas à rechercher systématiquement dans la régression sociale. » Cette tribune contre le travail du dimanche est aussi le signe que les grandes manœuvres pour le congrès du PS ont commencé, la loi Macron - étiquetée libérale et portée par un jeune ministre incarnant cette ligne - servant d’objet de cristallisation aux différentes postures qui s’aiguisent. « Il y a une volonté pour l’aile gauche de faire de ce texte un symbole, décrypte le député Christophe Caresche. Ils vont s’employer à le diaboliser. La bataille est enclenchée. » « Aubry, qui cherche à affirmer son leadership sur l’aile gauche ou frondeuse du PS, se pose en alternative à Valls », renchérit un proche de Hollande. Ce qui a fait dire au patron des députés PS, Bruno Le Roux, que la loi Macron n’était pas une contribution à un congrès PS mais une « contribution à la réussite du gouvernement ».

Dans le sillage de Martine Aubry, les frondeurs - qui espèrent que son intervention poussera le gouvernement à reculer - restent vent debout contre cette loi Macron. Mais pas seulement. Pour de nombreux parlementaires PS, traumatisés par les défaites électorales passées et à venir, circonspects devant la politique menée, ce texte pourrait servir d’exutoire, alors que la plupart des mécontents s’étaient refusés à franchir la ligne jaune sur le budget ou la confiance. « Des députés vont profiter de cette loi pour dire à Hollande : maintenant, les dérives droitières, ça suffit ! », pronostique un élu PS. Le premier ministre s’est dit assuré d’avoir une majorité au Parlement sur ce texte. À l’Élysée, on ne dit pas autre chose : « Ça va être plus compliqué que d’habitude mais ça passera. » Mais au PS, d’autres sont moins optimistes. « Si 50 députés votent contre, la loi n’est pas votée », soupire un député.

Chez les élus réformateurs, la charge d’Aubry est celle de trop. « Ça ne facilite pas la tache de Valls et Hollande », enrage Caresche, qui propose en souriant de créer « une incrimination de harcèlement politique ». « Aubry part à la guerre avec un sabre de bois, ironise de son côté un ministre. Expliquer qu’on change de civilisation parce qu’on passe de 5 à 12 dimanches travaillés ne tient pas debout. Ça va être Waterloo ! »

Voir en ligne : http://www.lefigaro.fr/politique/20...