On va encore affirmer que je suis un « nostalgique de l’Algérie française » ! C’est une réaction épidermique à chaque nouvel article, sous ma signature, concernant l’Algérie.
Je peux vous certifier que ce n’est pas mon cas. Si j’ai le souvenir vivace de ma jeunesse dans ce pays béni des Dieux, ma carrière s’est déroulée en France et je n’ai nulle envie d’y retourner.
Le texte qui suit est pourtant, me semble-t-il, une véritable nostalgie de l’Algérie « Pieds-Noirs » et il est écrit par Ahmed Farrah, sur « Le quotidien d’Oran » du 9 novembre 2014 :
« Le malheur d’une certaine frange d’Algériens (les vieux) c’est d’avoir des repères que les jeunes n’ont pas. L’indépendance a fait la fierté de notre peuple, mais peut-on, aujourd’hui, parler de fierté en Algérie alors que la régression est partout visible à rendre myope ? L’Algérie semble être figée à un passé révolu, mais idéalisé : l’époque de Voltaire, Corneille, Racine, Kant, des « Misérables » et de « Germinal ».
Le temps des bibliothèques scolaires et municipales, des librairies et des grandes éditions, des bouquinistes et des kiosques dans les villes et les villages.
Le temps de la lecture et de la culture.
Le temps où le maitre d’école en blouse grise était le notable et le modèle.
Le temps de l’obligation de sortir les poubelles à la tombée du jour et de les rentrer avant le passage de l’arroseuse communale qui nettoyait les rues.
Le temps des denrées bien achalandées dans des lieux nets, propres et astiqués.
Le temps de la pudeur, du respect, où l’on n’importunait pas les femmes dans les bus.
Le temps des vertus et de l’honnêteté.
Le temps des solidarités entre voisins qui partageaient ce qu’ils avaient.
Il n’est nullement question de sentiments nostalgiques « pieds-noirisés », ni de l’idéalisation d’un passé décomposé (qu’est-ce que ce serait alors ?) mais simplement de rappeler que l’Algérien était alors travailleur, laborieux, appliqué, consciencieux, bien élevé, respectueux, sociable, pacifique et civilisé.
Une fois le « colon » chassé où en sommes-nous un demi-siècle plus tard ?
En 2014 l’Algérie est l’un des pays les plus importateurs du monde. Ce sont les Chinois, les Français, les Espagnols, les Turques, les Italiens, les Américains, etc. qui construisent nos logements, nos routes, notre chemin de fer, qui prospectent notre sous-sol et soignent nos malades.
L’Algérien, à l’âge de 40 ans, vit chez ses parents et à leurs dépens.
Tant que coulera le liquide noir l’illusion sera là, avec un peuple qui fait semblant de travailler dans un pays qui fait semblant de l’entretenir.
On récolte ce que l’on a semé ! »
J’ajouterai, à cet article « nostalgique » celui plus pragmatique paru ce même jour sur le quotidien « El Watan » et concernant l’état actuel de ce pays sur le plan de la santé et des services hospitaliers :
« 70% des actes médicaux se font dans le secteur privé et ce sont les classes défavorisées qui y recourent car elles n’ont pas toujours accès aux services hospitaliers qui ne sont accessibles qu’aux riches et aux « recommandés ».
La gratuité des soins n’est qu’un mythe. Seulement quelques algériens bénéficient de la Sécurité Sociale.
Les examens nécessaires pour le diagnostic et le suivi d’un cancéreux se chiffrent en millions de dinars (+ de 10.000 euros). La chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie, les examens, IRM, Scanner, biopsie, bilan biologique, etc. se font en dehors de l’hôpital en raison des pannes répétitives des appareils et restent à la charge du patient, entre 100 et 200.000 dinars (1000 et 2000 E).
Des femmes sont contraintes de vendre leurs bijoux pour avoir accès aux examens pour un cancer du sein.
Les mutuelles et assurances complémentaires sont inexistantes en Algérie et les remboursements dérisoires. Le montant des dépenses de santé s’est multiplié par 7 entre 1995 et 2011, pour des services hospitaliers qui laissent à désirer.
L’Etat était censé contribuer pour 75% aux dépenses de santé et la « Sécu » à 25%. C’est l’effet inverse qui se produit car la « Sécu » en a seule la charge, jusqu’à sa faillite ! »
Eh oui ! Je l’écrivais au début de cet article : ce n’est pas moi qui regrette « le temps béni des colonies ».