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Le pouvoir de la culture n’est pas une affaire de croyance

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Anthropologie et "culture cultivée". Toute production de l’esprit au moyen de laquelle l’homme s’arrache à sa condition animale et appréhende le monde qui l’entoure, s’appréhende lui-même et appréhende ses rapports au monde qui l’entoure, autrement que par les actes automatiques et répétitifs qui lui permettent de satisfaire ses besoins immédiats.

Le pouvoir de la culture n’est pas une affaire de croyance, mais d’évidence. Prise au sens globalisant des anthropologues -l’ensemble des croyances, des connaissances et d’attitudes acquis par héritage social plutôt que génétique-, la culture détermine les comportements des groupes sociaux -voyez la "culture ouvrière" ; produit de l’éthos national -les nations, on le sait, sont des artefacts culturels ; influe sur les législations- l’attachement viscéral des Américains au 2e Amendement est ancré dans la culture de la "frontière", de l’autonomie locale et de la méfiance à l’égard du gouvernement central ; façonne les attitudes à l’égard de la vie et de la mort, de soi et de l’autre - c’est notamment le rôle de ce phénomène culturel global qu’est la religion. Toute attitude collective procède d’une culture particulière. Entendue comme "culture cultivée" (Antoine Compagnon), soit la culture comme système de production des œuvres de l’esprit, son "pouvoir" est sans doute moins aisément traçable, moins mesurable.

Comment nier, cependant, et pour ne rester que dans le domaine de la politique, champ privilégié du pouvoir, l’influence d’un Rousseau, d’un Hugo, d’un Wagner ? C’est dire que la culture, anthropologique ou "cultivée", n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Comme la dynamite, elle est moralement neutre. Je l’ai dit ailleurs, mener des juifs aux chambres à gaz aux sons de Beethoven, ce fut un acte de culture.

Ce pouvoir influence-t-il votre quotidien ? C’est une question étrange. A l’instar de tout être social, je suis un produit culturel ambulant -voici pour la culture entendue dans son sens anthropologique. Quant à la "culture cultivée", elle est omniprésente dans ma vie. Je travaille en musique, je m’endors avec un livre et tout ce que j’écris est imprégné de références littéraires. Ce n’est pas que le pouvoir de la culture "influence mon quotidien, ma façon de travailler ou de créer", il en est une part essentielle et inséparable.

Inutile de chercher à donner du pouvoir à la culture ; si ce que j’ai dit plus haut a en sens, elle l’a déjà. Ce qui me semble important, c’est de réfléchir à deux aspects d’une politique culturelle efficace. L’un est la délimitation, au sein du vaste ensemble amorphe que nous appelons "culture", un champ culturel utile pour l’individu, pour la collectivité et pour les rapports entre les deux. J’entends par là une culture humaniste, autrement dit centrée sur l’individu "adulte" (Kant), capable de se prendre en mains et de bâtir avec ses semblables un ordre vivable. Dans cette perspective, la "culture cultivée" -les grandes œuvres qui nous donnent à comprendre le monde où nous vivons- est essentielle, mais pas elle seulement.

Toute culture, haute, populaire et ce qu’il y a entre les deux, est bonne à prendre, à condition qu’elle réponde à ce critère humaniste. L’autre est l’éducation à la culture des jeunes - une action volontariste, dans la lignée du programme qu’assignait Malraux au ministère du même nom qu’il inaugurait voici un demi-siècle. Il n’y a aucune raison pour qu’un adolescent ne soit pas capable de comprendre et d’apprécier une œuvre littéraire ou artistique. Comme à tout autre champ de savoir, l’éducation à la "culture cultivée" est une question de volonté politique. Le jeune arrivera au rap par ses propres moyens ; pour lui ouvrir le mode de l’opéra, il faut le prendre par la main.

Le Forum d’Avignon a pour objectif d’approfondir les liens entre les mondes de la culture et de l’économie en proposant des pistes de réflexion au niveau international, européen et local. "Les pouvoirs de la culture",
thème 2013 du laboratoire d’idées du Forum d’Avignon, alimentera les débats des Rencontres internationales du 21 au 23 novembre 2013.

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