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La France et l’Italie rattrapées par leurs dettes publiques

, par  Simone Wapler , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Par Simone Wapler.

« Nous faisons le compte-rendu d’une conférence importante sur l’avenir de la dette italienne qui s’est tenue hier à Rome et a fait la une de l’actualité italienne ce matin ». Eurointelligence, 4 juillet 2017.

Dans cette note, Eurointelligence se pose la question de savoir si l’Italie se dirige vers une restructuration de sa dette. C’est une première qu’un Parlement européen tienne une discussion sur ce sujet et sur la compatibilité avec l’euro d’une dette publique trop lourde.

Entre autres thèmes débattus, celui d’une « monnaie fiscale » : des coupons émis par l’État italien que les gens pourraient utiliser en paiement de leurs impôts. C’est une mesure sur laquelle avait travaillé en son temps Yanis Varoufakis.

Je sais que beaucoup de gens considèrent Yanis Varoufakis comme un génie de la finance et se pâment sur ses écrits. Pour ma part, je le considère – pour bien avoir étudié ses actions – comme un manipulateur retors.

La « monnaie fiscale » n’est pas une solution à la dette mais permet d’enfumer encore un peu plus longtemps. Rappelons que la seule solution, quand on dépense trop et que les dettes s’accumulent, consiste à dépenser moins.

Comme nous allons probablement entendre de plus en plus parler de « monnaie fiscale », voici les principes de cette nouvelle panacée monétaire.

D’abord une définition par les promoteurs de la monnaie fiscale :

« Toute créance, privée ou publique, que l’État accepte de détenteurs pour les décharger de leurs obligations fiscales, soit sous la forme d’une remise d’impôt ou pour régler (payer) l’État.

La monnaie fiscale n’est pas une monnaie à cours légal et peut ne pas être convertie comme monnaie à cours légal par l’État. Cependant, elle est négociable, transférable à des tiers et s’échange sur le marché. » « Fiscal Money » to End the Unending Crisis, Biagio Bossone and Marco Cattaneo1.

Perplexe, cher lecteur ? Je vous comprends. Moi aussi.

Pour mieux comprendre, vous devez adopter la mentalité dominante des défenseurs de ce genre d’idée : la monnaie ne peut être QUE crédit (dette).

La monnaie n’est jamais marchandise, ou encore – horreur et abomination – de l’or ou de l’argent. Ce serait beaucoup trop contraignant. Car voyez-vous, la dette peut s’émettre en quantité illimitée ; tant que les gens croient qu’elle sera un jour remboursée, ils l’acceptent.

La monnaie n’est QUE dette et la meilleure monnaie est celle qu’émet l’État. La reconnaissance de dette d’un État est supérieure à toute autre monnaie pour la simple et unique raison que l’État a comme garant les contribuables et qu’il peut faire usage de la « violence légale » pour les faire payer.

Si, vous, vous vouliez émettre des dettes en quantité illimitée, il faudrait bien vous trouver de sources de revenus illimitées et avouez que c’est difficile… Mais pour l’État (qui ne veut que notre bien) ce n’est pas un problème.

La « monnaie fiscale » est donc une monnaie que l’État émet pour le règlement des impôts en parallèle avec la monnaie qui a actuellement cours, l’euro.

Vous voyez dans cette définition que l’État « accepte » cette monnaie de « détenteurs » qui ont à acquitter des impôts.

Mais c’est l’État qui a émis cette monnaie ! Comment les détenteurs l’ont-ils donc obtenue en premier lieu ?

Si vous reformulez, l’arnaque devient plus claire : l’État paye en « monnaie fiscale » mais vous avez aussi le droit de le payer (ou de payer quelqu’un d’autre) en « monnaie fiscale ».

Reprenons :

Lorsque l’État doit payer quelque chose à quelqu’un, il émet sa monnaie fiscale.

Par exemple, votre entreprise qui a fourni un service à l’État reçoit de la monnaie fiscale plutôt qu’un règlement en euro. Ensuite, si votre entreprise doit payer l’État, ou l’URSSAF, ou l’assurance-maladie des employés… elle le règle avec cette monnaie fiscale.

Autre exemple : vous recevez une prestation sociale (votre pension de retraite ou une indemnité de chômage) en monnaie fiscale et vous allez payer vos impôts sur le revenu avec cette monnaie fiscale.

Comme vous le voyez, cela résout un problème épineux : l’émission de monnaie fiscale est laissée à la libre appréciation du gouvernement émetteur. Gageons donc que des tombereaux de monnaie fiscale circuleront. Les gens voudront s’en débarrasser au plus vite.

Exercice pratique pour tout simplifier : remplacez dans le paragraphe ci-dessus monnaie fiscale par monnaie de singe.

Aujourd’hui, l’Italie, ou la Grèce sont dans l’Europe comme l’Illinois ou Porto Rico dans les Etats-Unis : des États sans possibilité de création monétaire illimitée, des États à qui la faillite par hyperinflation est interdite.

Mais la monnaie fiscale permet d’y arriver. Youpiiii.

Aujourd’hui :

  • Le système bancaire italien est insolvable ;
  • Le taux de chômage des jeunes est de 37% ;
  • La dette de l’État italien représente 130% du PIB de l’Italie ;
  • La « croissance » de l’économie italienne est de 1,2% (croissance bidon par des dépenses publiques non-financées) ;
  • La Banque centrale européenne rachète la dette d’État italienne.

Comme vous le voyez la « monnaie fiscale » permet de résoudre élégamment le dernier point !

Mais je ne voudrais pas donner l’impression d’être europhobe ou de tirer à boulets rouges sur l’Italie ou Varoufakis.

En France aussi, la dette va nous rattraper malgré notre président marcheur-parleur.

À moins que nous n’ayons pour vocation à devenir un pays communiste, l’État ne possède pas le PIB d’un pays.

Exprimer la dette publique en fonction du PIB est donc une tromperie.

L’État dispose de recettes fiscales (nos impôts).

Le déficit doit donc s’exprimer en proportion de la recette fiscale.

Dans notre douce France, pays de l’art de vivre au modèle social que le monde nous envie mais que personne ne copie, les chiffres sont les suivants pour 2016 :

Recettes nettes fiscales (2016) : 284,1 Mds€ Déficit (2016) : 75,9 Mds€ Déficit : 26,7%

Pour 2017, les chiffres ne sont pas encore définitivement arrêtés.

Recettes nettes fiscales (prévisions) : 292,3 Mds€ Déficit (revu par la Cour des comptes) : 78,3 Mds€ Déficit : 26,8%

Attention… Respirez un bon coup… En marche !

Cette présentation plus honnête vous permet de constater qu’il faudrait augmenter nos impôts de plus de 26% pour avoir un budget équilibré.

L’autre solution serait évidemment d’avoir un débat approfondi sur les dépenses publiques, leur justification, leur bien-fondé et dans quoi sabrer d’abord.

Pour le moment nous n’avons que des belles paroles sur l’amélioration de l’efficacité de l’État concernant ceci ou cela par des bricolages.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici

  1.  Biagio Bossone est consultant financier à l’international et président du Groupe de Lecce sur la gouvernance financière mondiale. Marco Cattaneo, président de CPI Private Equity, travaille dans le private equity et les transactions de crédit structuré, en tant que conseiller et investisseur principal.

Cet article La France et l’Italie rattrapées par leurs dettes publiques est paru initialement sur Contrepoints - Journal libéral d'actualités en ligne

Voir en ligne : https://www.contrepoints.org/2017/0...