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Juifs en pays d’islam : regards sur la fin d’une histoire

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Plusieurs ouvrages, éclairants et bien documentés, ont été publiés ces derniers temps sur la disparition des juifs en pays arabo-musulmans. Leurs titres évoquent avec éloquence la fin d’une séquence historique plurimillénaire. On n’en citera ici que quelques uns : Juifs en pays arabes, le grand déracinement de Georges Bensoussan ; La fin du judaïsme en terres d’islam, coordonné par Shmuel Trigano ; ou encore Une si longue présence : comment le monde arabe a perdu ses juifs de Nathan Weinstock.

Du Maroc à l’Irak en passant par la Libye, l’Egypte et la Syrie, les communautés juives ont été présentes dans ces vastes espaces bien avant l’avènement de l’islam. De longs siècles durant, elles furent nombreuses à demeurer en terres musulmanes. Moyennant l’acceptation d’un statut d’infériorité imposé par l’islam, celui de dhimmis (protégés), elles purent continuer à pratiquer leur culte ancestral, et à tenir une place dans la vie économique, sociale et culturelle. Il en est résulté un modus vivendi en dents de scie avec la majorité musulmane : aux jours néfastes faits de sévices et de discriminations succédaient des périodes d’accalmie voire de prospérité. Ce statut d’infériorité dévolu aux juifs (et aussi aux chrétiens) dès les débuts de la conquête musulmane, disparaîtra progressivement à la fin du XIXe siècle.

Commence alors une période d’émancipation, suivie d’un exil qui a dépeuplé le monde arabe de ses juifs. Même au Maroc où l’on s’enorgueillit de compter aujourd’hui encore une communauté juive, ils ne sont pas plus de 3000 sur une population totale de près de 33 millions d’habitants, quoi qu’en disent les chiffres que certains officiels se plaisent à afficher.

Un exode brutal et massif s’est donc produit à partir du milieu du XXe siècle. Les raisons en sont diverses et complexes. Indiquons ici simplement, entre autres facteurs, deux éléments de contexte qui ont joué un rôle déterminant dans cet exode : d’une part, la montée du panarabisme et du panislamisme et, d’autre part, le développement du sionisme qui aboutira, en 1948, à la création de l’Etat d’Israël.

On trouvera, dans les livres cités précédemment, des analyses circonstanciées des causes et conséquences de cette fin d’histoire.

A sa façon, Kamal Hackar s’attache aussi, avec justesse et émotion, à comprendre le pourquoi de ce déracinement dans son beau film Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah, dont la sortie nationale en salle est prévue pour le 9 octobre. Ce film - j’ai déjà eu l’occasion d’en rendre compte dans ces colonnes lors de sa diffusion mouvementée au Maroc - se présente comme un va-et-vient entre le Maroc et Israël pour tenter de capter ce qu’il reste sinon d’une vie pleinement partagée, tout au moins de la mémoire d’une histoire commune, ressentie comme telle par juifs et musulmans. En ces temps de crispations identitaires de tous bords, où juifs et musulmans sont souvent pensés comme deux entités irrémédiablement antinomiques, ce film a ceci de salutaire qu’il permet de dépasser un face-à-face meurtrier.

Sur le film, lire aussi : Tinghir-Jérusalem, retour sur images



Voir en ligne : http://www.huffingtonpost.fr/ruth-g...