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Interdire les propos de haine mène à la dictature, non au consensus

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

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Beaucoup se plaignent qu’internet a libéré la parole antisémite, raciste, xénophobe, lui a donné des ailes, en cela aidé de l’anonymat dont disposent leurs auteurs.

Faut-il s’en plaindre ou s’en réjouir ?

Faut-il se plaindre d’avoir constaté, devant les salles pleines, que la banlieue se délecte du négationnisme de Dieudonné ? Que l’antisionisme du parti brouillait sa haine du juif ?

Faut-il vivre comme une autruche ou comme Jacques Attali la tête dans le sable en répétant que l’antisémitisme n’existe pas ; que l’islam est une religion de paix ; que le FN n’a pas de soubassements xénophobes ; que l’immigration a sauvé l’Europe (de quel péril déjà ?) ; que les activistes gay ont ressuscité l’homophobie pour garroter le débat, ou ouvrir les yeux sur la réalité ?

Aucun théoricien du droit, aucune législation n’a pu tracer les limites aux propos haineux sans fortement violer la liberté de parole. Cela porte un nom : la dictature, avec un Z pour Zemmour, qui emprisonne d’abord la pensée puis la personne. Cela porte un autre nom, qui pend au nez des Européens : la punition du blasphème contre l’islam. Pénaliser les propos de haine mène au totalitarisme façon 21e siècle : sans jamais dire son nom, ni avouer ses racines, et surtout pas ses buts.

« De toute ma vie, je n’ai jamais vu un effort réussi pour définir les propos haineux qui n’interfère pas avec le droit à la liberté d’expression, » déclarait la semaine dernière le professeur de droit à Harvard Alan Dershowitz, ajoutant que les lois contre les propos haineux obéissent à une « tendance mondiale, une tendance vraiment dangereuse. »

Car ce ne sont pas les défenseurs du consensus qui se défoulent en propos choquants. C’est en dehors du consensus qu’ils s’expriment. Mais c’est en dehors du consensus qu’une société peut réfléchir.

Intimider ceux qui ont des choses à dire et encourager ceux qui sont d’accord assèche la pensée d’un peuple, et assoit la paresseuse domination de ceux qui tiennent les rennes : la justice qu’on sait depuis le mur des cons être nourrie de ces nobles idées communistes qui ont fait l’URSS, les médias jamais en retard pour dénoncer les pains au chocolat et admirer l’admirateur des tyrans, les éditeurs, courageux petits moutons qui condamnent les dissidents à une mort littéraire plus puissante que la censure : regardez Guy Millière, regardez Renaud Camus – j’en oublie.

Anthony Kennedy, le juge électron libre de la cour suprême des Etats Unis, référence démocratique du monde, déclarait qu’« il est humiliant pour le processus démocratique de supposer que les électeurs ne sont pas capables de raisonnement rationnel pour décider des sujets sensibles. »

Les « sujets sensibles », en Europe, ont été confisqués aux populations : immigration, peine de mort, intégration, religion, théorie du genre, droit supérieur à la sécurité physique, liberté d’entreprendre, identité, patriotisme, islam, mariage gay, eurocratie…

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Certes, le peuple français n’est que modérément attaché à sa liberté d’expression. Mais il l’est toujours plus que son gouvernement !

Les détenteurs du pouvoir, de gauche comme de droite, et pire s’ils étaient aux extrêmes, ne se sont jamais bousculés pour la défendre. Ils ont en revanche installé, financé et encouragé avec minutie une poignée d’officines néo-KGBistes, des machines à trainer les déviants devant les tribunaux. L’habit ne faisant pas plus le moine que le titre ronflant la mission, les nobles devantures cachent mal leur mécanique répressive : défense des droits de l’homme, lutte contre le racisme, mouvement pour l’amitié entre les peuples, lutte contre l’antisémitisme : rien que du flan !

Ils ont même inventé un Conseil représentatif des associations noires (CRAN) dont les membres, qui n’ont jamais été esclaves, exigent réparation à des gens qui n’ont jamais été esclavagistes !

Et si je me réjouis de l’interdiction faite à Dieudonné, n’allez-pas croire avoir trouvé là une contradiction de mon propos. Dieudonné est censuré, ne l’oubliez pas, dans le contexte d’un pays qui toute honte bue a supprimé le pluralisme d’opinion sur Israël et fait de sa diabolisation la norme médiatique dont tout contrevenant subit les purges.

Imaginez les salles vides si Dieudonné se déchaînait deux heures durant contre les Suédois. Pourtant ce sont les Israéliens, et non les Suédois, qui envoient leurs hôpitaux mobiles à l’autre bout du monde soigner les victimes des grandes catastrophes, les Israéliens et non les Suédois, qui apportent l’eau à l’agriculture africaine, sauvant des millions de la famine. Israël et non la Suède, qui finance l’hôpital qui soigne les blessés syriens. Israël et non la Suède, qui protège les Juifs de l’extermination promise par les Palestiniens.

Dershowitz considère que la liberté d’expression est certes plus grande aujourd’hui, mais en même temps, les gens ont tendance à être plus facilement offensés et plus enclins à demander réparation pour leur offense, une dangereuse tendance selon lui.

« Il y a un isme pour tout : racisme, sexisme, antisémitisme, et quand vous décidez d’en protéger un, les autres ismes arrivent et demandent le même traitement. Il y a un réel danger à satisfaire la susceptibilité des gens. »

Que les extrémistes des deux bords puissent librement cracher leur haine prouve que je vis dans un pays libre. Leurs incitations à la haine sont infiniment moins dangereuses et infiniment plus faciles à contrer que la parodie de justice du syndicat de la magistrature.

Aux Etats Unis encore, et selon les statistiques du FBI, le nombre d’actes violents motivés par la haine (racisme, antisémitisme, sexisme, etc.) est en baisse : 5 796 cas en 2012, contre 6 222 en 2011. Pire, les chiffres sont en baisse constante depuis 1996 (8 759 cas), alors qu’internet, Facebook et Twitter, où les propos de haine sont largement amplifiés, ont eu une progression fulgurante.

Cela prouve une chose : la seule défense qui vaille contre les propos de haine est le marché libre des idées, et non leur répression.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Voir en ligne : http://www.dreuz.info/2014/05/inter...