Vous les avez entendu ?
Un « choc », un « séisme », un « tremblement de terre », disent commentateurs et politiques, comme s’ils découvraient soudain le métier dont ils ont fait profession.
« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. » disait Brecht en substance.
Pareil dans Le Monde, avec ce dessin pété d’orgueil de Xavier Gorce :
Qui sont les vrais ploucs ce matin ? Méprisé, le peuple a fait l’inverse : « Puisque le gouvernement vote contre le peuple, il faut dissoudre le gouvernement. »
Pierre-André Taguieff, dans Le Figaro, explique ce que les leaders politiques ne comprennent pas – et ils ont montré, dans leurs interventions hier soir, qu’ils sont loin de comprendre :
« l’antinationalisme est devenu idéologiquement hégémonique à la faveur de la construction européenne. Les nations étant perçues comme des obstacles à cette dernière, le sentiment national lui-même a été réduit par les élites dirigeantes et discutantes à une survivance nuisible d’un passé heureusement révolu, à un archaïsme détestable. »
Pierre-André Taguieff : « Le problème, c’est que le sentiment de l’appartenance nationale, qui revient à celui de posséder une identité nationale, n’a nullement disparu de l’opinion, et, plus profondément, des mentalités ou des croyances culturelles. »
Mais Taguieff va plus loin : « l’endoctrinement idéologique peut rendre stupides ceux qu’il aveugle » et « la reductio ad Hitlerum… vise un sophisme beaucoup plus pernicieux, qu’on peut illustrer par ce syllogisme défectueux [et si courant] : « Hitler aimait les chiens (ou Wagner) ; X aime aussi les chiens (ou Wagner) ; donc X est un disciple d’Hitler ».
Là, j’affirme que le peuple a été plus intelligent que les élites endoctrinées.
Diaboliser une partie de la population qui refuse d’abandonner son identité a fait lentement monter la pression – merci internet – et fini par provoquer une réaction : le vote pour le FN – qu’on retrouve à l’échelle européenne, et qui n’est ni un vote xénophobe ni facho, mais un vote de réaction à l’arrogante surdité des élites, au mépris condescendant de ceux qui savent et qu’il faut suivre.
Hier, le faux pas de Copé accusant le PS et ses errements, de l’échec de l’UMP – confirme une rumeur : il existe bien un UMPS.
Hier, le faux pas de Juppé affirmant que centre + UMP = majorité, qu’il faut reconstruire la droite avec ce centre qui le 5 mai 2012, par la voix de Bayrou, appelait à voter Hollande, confirme la rumeur : la seule droite française est le FN (et sa ligne économique, catastrophique pour la France, est soviétique).
On ne peut éternellement humilier un peuple, voilà le sens du vote. Mais laissons les élites endoctrinées devenues stupides en douter, elles ne s’enfonceront que plus profond encore.
Les eurosceptiques ont fait :
26% France
23% Danemark
22% Royaume-Uni
20% Autriche
15% Hongrie
13% Finlande
12% Grèce
En France,
Le FN a fait 26%,
L’UMP 20,66%,
Le PS 13,88%,
L’abstention est restée stable à 56,5%.
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