Les manifestations historiques à Paris et en province contre le terrorisme ne sont guère que des "calmants" anti-douleur qui n’arrêteront pas la montée du "choc des civilisations", a estimé ce mardi un quotidien officiel chinois. Dans un éditorial, le Global Times, un des journaux du Parti communiste chinois (PCC), a jugé que les marches ce dimanche de millions de manifestants descendus dans la rue avec une cinquantaine de dirigeants étrangers "ne devraient guère produire de résultats significatifs".
"Malgré son échelle impressionnante, la marche de Paris dimanche faisait songer à la mise sous antalgiques d’un malade gravement atteint", écrivait le journal.
"Un symbole du choc des civilisations"
"Ce que les sociétés occidentales développées traversent, c’est le prix de leurs actes historiques d’esclavage et de colonialisme qui ont conduit à leur démographie actuelle", poursuit le journal, au ton volontiers nationaliste. "Quand le calme sera rétabli, si le magazine (Charlie Hebdo, ndlr) maintient sa position sur l’islam, il mettra le gouvernement français en position difficile et deviendra un symbole du choc des civilisations".
La presse chinoise est strictement contrôlée par les autorités communistes, qui ont récemment emprisonné des dizaines de journalistes, avocats, universitaires ou internautes, muselant toute voix critique dans un mouvement sans précédent depuis des années.
"La liberté elle-même a ses limites"
Pékin s’est engagé en juin dernier dans une violente campagne de répression au Xinjiang (ouest), région à dominante musulmane en proie à une recrudescence de violences que le PCC attribue à l’extrémisme religieux et au "séparatisme".
Après l’attentat contre Charlie Hebdo, la Chine a condamné à la fois le terrorisme et les caricatures du journal, estimant qu’elles étaient des invitations à la violence. L’agence officielle Chine nouvelle avait jugé ce lundi que le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo "ne devrait pas être réduit à une attaque contre la liberté d’expression, car la liberté elle-même a ses limites".
"Il est grand temps pour le monde occidental de revoir les causes du terrorisme ainsi que les limites de la liberté de la presse", avait estimé l’agence. L’ambassadeur de Chine en France, Zhai Jun, s’est toutefois joint à la manifestation ce dimanche à Paris, a fait savoir lundi un porte-parole de la diplomatie chinoise.
La rédaction vous recommande
- Attentats en France : Coulibaly figurait sur la liste des terroristes de Washington
- Attentats de Paris : un autre jihadiste est activement recherché
- Chine : exaspérés, des passagers ouvrent les portes de l’avion