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Abstention, mensonges et immigration

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Pourquoi 50% des électeurs se sont abstenus, hier encore, aux élections départementales ? Le discours des partis UMPS au pouvoir est toujours le même : Les Français ne font plus confiance à des politiciens qu’ils sanctionnent et qu’ils rejettent globalement. L’explication est trop facile. C’est d’ailleurs la même qu’on donne pour balayer le vote FN des analyses.

Autant dire que les Français ne comprennent rien à la politique, qu’ils ne sont pas du niveau de leurs dirigeants, qu’un effort de communication et de pédagogie est nécessaire. Beaucoup le disent. De même, il se dit que la classe politique doit se rapprocher des Français et être plus représentative, que les élus ne sont pas assez jeunes, pas assez issus des mêmes milieux populaires, etc. Les abstentionnistes seraient les citoyens abandonnés du système. Ils seraient récupérés par les extrêmes et manifesteraient leur colère dans un parti antisystème. C’est absurde.

L’inverse, à savoir que les politiciens ne comprennent pas les aspirations du peuple et qu’ils n’ont ni la sagesse ni l’humilité nécessaires à leurs fonctions, est certainement plus vrai.

Premier mensonge : Le FN est un parti antisystème qui attire tous les réactionnaires. C’est faux. Le vote FN est autant un vote d’adhésion que n’importe quel autre vote. N’avoir aucune chance face au « front républicain » UMPS ne fait pas du vote FN un vote irresponsable. Les idées nationalistes défendues par les électeurs du FN font leur chemin et c’est tout ce qui importe. Il y a une certaine idée de la France propre au FN, idem l’Europe ou l’immigration.

Deuxième mensonge : Le taux d’abstention est très élevé chez les jeunes et les ouvriers. C’est un demi mensonge, un mensonge par omission. Il y a un dénominateur commun, l’immigration. C’est en effet dans les classes ouvrières qu’il y a le plus de Français issus de l’immigration. Et c’est aussi chez les jeunes, la natalité de la population originaire d’Afrique étant très dynamique. La vérité est taboue, soit disant qu’il ne faut pas stigmatiser.

Le lien entre immigration et abstention est facile à prouver. Il suffit de recouper la carte départementale de l’abstention avec celle de l’immigration. C’est net, la corrélation est significative.

Troisième mensonge : Les électeurs s’abstiennent parce qu’ils sont désabusés, parce qu’ils ont le sentiment que leur vote ne changera rien. Qu’est ce qui permet de dire une chose pareille sinon le besoin de justifier le bougisme électoral habituel et le clientélisme ?

Pourquoi ne pas supposer pour commencer que les abstentionnistes sont aussi, dans l’ensemble, des gens responsables ?

Pourquoi un jeune ne pourrait il pas prendre, par exemple, le temps de mûrir une réflexion politique avant d’aller voter ?

Mais, puisqu’il s’agit pour une bonne part d’une population d’origine immigrée, peut être que, tout simplement, ces électeurs ne se sentent pas tout à fait Français. Peut être se sentent-ils concernés mais relativement étrangers, peut être se contentent-ils d’observer les « vrais » Français pour mieux les connaitre.

A bien y réfléchir, s’abstenir est un comportement sain quand on ne partage pas la culture d’un pays. Comment s’intégrer ? Quels repères adopter ? Par exemple, doit-on se comporter comme un musulman laïc ou comme un musulman religieux ? Il se pourrait tout à fait que la majorité des jeunes issus de l’immigration n’ait pas d’avis déterminé, qu’elle cherche seulement la meilleure façon de s’enraciner.

Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il existe deux modèles d’intégration. Il y a le modèle traditionnel, défendu par la droite nationale, et le modèle mixte, défendu par la gauche altermondialiste, pour schématiser. Le modèle traditionnel impose de devenir plus Français que le Français lui-même. Pendant longtemps, ça marchait bien, le modèle étant adapté à l’intégration d’une population déterminée d’immigrés à la Nation. Le modèle mixte change le paradigme. Il s’adresse à des populations de migrants qui affluent continuellement et massivement, au point qu’il semble impossible de leur demander de s’intégrer, d’autant plus que les pays d’accueil doivent eux-mêmes s’intégrer au sein de l’Europe. Le modèle mixte essaye d’affirmer une identité internationale qui englobe toutes les autres.

Cependant, on peut constater à la lumière des résultats électoraux que la crise identitaire est essentiellement un débat franco-français. Bien sûr, il existe de part et d’autre des français issus de l’immigration pour défendre le modèle d’intégration qui leur réussit, mais dans le fond la question reste on ne peut plus théorique. Le débat identitaire est utile essentiellement aux clivages politiques. Le but d’un tel débat n’est pas de déterminer quelles sont les meilleurs conditions de l’intégration mais de préciser les modalités de la construction européenne.

En somme, il y a de forte probabilités pour que l’abstention ne soit que la conséquence d’un manque de visibilité dans le projet européen d’intégration des populations. A l’échelle de la France c’est pareil, aucun dirigeant ne veut assumer pleinement la politique d’immigration qu’il défend et on peut tout à fait comprendre que les populations d’origine immigrée se placent volontiers sur le banc des observateurs.

Rien n’empêche vraiment les français d’origine immigrée de suivre le modèle d’intégration traditionnel, même pas leur nombre, même pas leur répartition sur le territoire. Ils ont encore le souvenir des colonies, quand la France exigeait d’eux qu’ils adoptent des valeurs françaises. Ils étaient alors fiers de les adopter, fiers de la grandeur de la France. Aujourd’hui ils ne leur reste plus que des doutes, merci à la gauche de critiquer sans cesse l’identité française et de promouvoir une identité internationale tout à fait fantasmée.

Le combat des partis d’extrême droite pour une Europe des Nations respectueuse des souverainetés et des identités est loin d’être terminé mais hier, à l’occasion des élections départementales, la gauche française a pris une claque mémorable. Si effectivement les Français d’origine immigrée attendent un message clair pour choisir le modèle d’intégration qu’ils suivront, alors les revendications communautaristes devraient diminuer d’autant.

Si au contraire ils s’avère que les français d’origine immigrée ne vont pas voter parce qu’ils sont victimes d’exclusion et mal représentés, comme aurait tendance à le prétendre le discours stéréotypé qu’on connait, alors les partis communautaires devraient avoir le vent en poupe. Pour le moment, ce n’est pas le cas.

Nous verrons bien.

Voir en ligne : http://24heuresactu.com/2015/03/24/...