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Violences policières : toutes les victimes ne se valent pas

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Sabine Lula.

Depuis la diffusion sur Internet de la vidéo montrant la mort de Georges Floyd le 25 mai 2020 , des émeutes, des manifestations et des pillages se sont produits aux États-Unis, avant de se répandre un peu partout dans le monde .

La France n’est pas en reste, puisqu’on observe un regain des manifestations du collectif Justice pour Adama . Ce collectif fondé en 2016 par Assa Traoré , suite à la mort de son frère Adama après une interpellation des gendarmes, a depuis quatre ans exigé qu’on reconnaisse cette mort comme un meurtre raciste de la part des forces de l’ordre.

L’autre but du collectif est aussi de manifester contre un racisme considéré comme systémique, et que les bavures policières sont des preuves de la haine des Français et de la police à l’encontre des immigrés et leurs descendants (ce qu’Assa Traoré a voulu démontrer dans son livre Le Combat Adama).

Ces revendications et ambitions revenant régulièrement sur la scène politique, il convient de s’interroger sur la légitimité de ces dernières. Tout d’abord, au sujet du racisme institutionnel du système judiciaire.

Une petite chronologie s’impose

Par souci de simplification, limitons-nous aux seuls événements de 2020 :

Le 29 mai 2020, une troisième expertise de la justice (en plus des deux autopsies réalisées) confirme la version des gendarmes , alors que des contre-expertises demandées par la famille prétendent démontrer le contraire.

Le 2 juin, Assa Traoré appelle à manifester devant le Tribunal Judiciaire de Paris.

Le 8 Juin, Macron annonce vouloir faire pression sur le gouvernement à propos de la lutte contre les violences policières.

Le 9 juin, elle rejette l’invitation de Nicole Belloubet qui l’invite personnellement à venir au ministère pour discuter de l’affaire. Le même jour, Christophe Castaner indique que « l’émotion dépassant le cadre juridique  », aucun empêchement des manifestations prévues n’aura lieu, malgré les restrictions pourtant en place dans le cadre de la crise sanitaire. Les policiers, se sentant trahis , protestent à leur tour.

Le 13 juin, une nouvelle manifestation en faveur d’Adama Traoré a lieu, ponctuée notamment par un incident avec l’organisation d’extrême droite « Génération Identitaire », auquel les manifestants autoproclamés antiracistes ont répondu en hurlant « Sales Juifs » aux militants ayant posé la banderole « Justice pour les victimes du racisme antiblanc. »

La simple chronologie de cette affaire, bien que non-exhaustive, démontre ces faits : tout d’abord, il est difficile de croire à un racisme systémique quand on transforme une affaire datant de quatre ans en cause nationale , qu’on excuse de nombreux débordements et accorde des privilèges dont est privé le reste de la population en ces temps de crise sanitaire.

La remise en question du monopole de la violence légale de la police étatique se fait dans la demi-mesure, et change en fonction de qui en est la cible.

Violences policières : toutes les victimes ne se valent pas

On remarque en effet que bien souvent, les victimes des violences policières (souvent commises lors d’un flagrant délit, comme le rodéo sauvage de Villeneuve-la-Garenne , ou lors d’une interpellation de délinquants multirécidivistes, comme c’était le cas pour Adama Traoré) sont érigées en symboles tant par les élites gouvernementales que par les élites intellectuelles.

Celles-ci se complaisent dans une dénonciation du « privilège blanc », dans un fantasme éducatif moralisateur qui n’a rien à envier à la mission civilisatrice ordonnée par la Troisième République au sein des colonies.

On peut à titre d’illustration rappeler qu’à la fin de l’année 2018, la France des Gilets jaunes a été dans le collimateur des forces de l’ordre. Pourtant, on a compté beaucoup de violences policières (avec des mutilations, des éborgnements ), et à aucun moment Emmanuel Macron n’a demandé publiquement à son gouvernement d’agir contre ces dérives.

Même si le mouvement des Gilets Jaunes s’est révélé rapidement parasité par les doléances habituelles des manifestants français , il convient de ne pas oublier comment un mouvement de contestation hors des clous a été accueilli par l’exécutif . Et surtout, les administrés à l’époque se sont trouvés particulièrement silencieux face aux « violences policières », comparées à celles d’aujourd’hui.

La justice au service de l’État

Ce n’est pas une nouveauté que le système judiciaire est complètement phagocyté par l’État, et que chacune des décisions rendues dans les tribunaux sont en adéquation avec le spectre idéologique qui flatte les électeurs. Le contexte de l’affaire pèse bien plus qu’il ne le devrait lors du jugement pour un même délit : une situation très bien expliquée dans La France Orange Mécanique.

La raison à cette réalité – pourtant révoltante pour n’importe quelle personne normalement constituée – est purement électorale : en démocratie, le temps à la tête de l’État est très limité par rapport aux autres régimes. Il est donc vital de tout faire, même les pires bassesses , pour s’assurer le renouvellement du vote.

Il convient d’ailleurs de rappeler que le second tour des élections municipales approche, après que celui-ci a été décalé en raison de la crise sanitaire. Le 28 juin 2020, les Français sont appelés à voter une nouvelle fois. Au vu de ses actions et des causes qu’il défend, on sait à quoi s’attendre de la part des gouvernants.

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