par Sputnik Afrique
Paris a rapidement reconnu la mort de deux Français en Ukraine, parlant de travailleurs humanitaires. « Mais la presse ukrainienne parle de volontaires » qui auraient pu participer aux combats. Ce sont « des informations qui sont pas très claires », note auprès de Sputnik Afrique Nikola Mirkovic, président de l’association humanitaire Ouest-Est.
Les informations sur les deux Français dont la mort en Ukraine a été reconnue ce 2 février par le président Macron et son chef de diplomatie, ne sont pas trop claires pour affirmer qu’il s’agit bien de travailleurs humanitaires, a déclaré à Sputnik Afrique Nikola Mirkovic, essayiste franco-serbe et président de l’association humanitaire Ouest-Est.
« Si le président français le dit, il doit être normalement bien renseigné. Mais dans la presse ukrainienne, ils parlent de volontaires, sans parler d’humanitaires. Donc il faut voir un petit peu, en attendant un petit peu pour savoir qui étaient ces personnes, est-ce que c’était vraiment des volontaires humanitaires. Je trouve que la communication à un niveau aussi élevé de l’État en si peu de temps après l’attaque paraît un petit peu… pas forcément suspecte, mais je pense qu’il vaudrait mieux prendre un petit peu de recul », a indiqué Mirkovic.
Selon lui, la réponse du chef d’État semble avoir été trop rapide alors qu’on sait « que c’est toujours un peu difficile en zone de guerre d’avoir des informations précises » :
« On n’avait pas d’autres informations. Tout d’un coup, on entend parler de l’ONG Entraide Protestante Suisse (EREP) qui confirme que deux personnes de son organisation auraient été tuées, sans donner les noms, sans parler des missions. Vous avez la presse ukrainienne qui parle de volontaires français. Tout ça, c’est quand même des informations qui sont, pour ma part en tout cas, qui ne sont pas très claires. Et c’est un peu surprenant que la tête de l’État s’en empare pour communiquer dessus ».
D’autre part, si ces personnes étaient vraiment des bénévoles humanitaires, il faut toujours avoir en vue que venir en aide aux personnes sur les zones de guerre reste une activité dangereuse, rappelle-t-il.
« Quand on va en zone de guerre, ce que je fais depuis plus de dix ans au Donbass, on sait qu’on prend des risques. Ça ne veut pas dire qu’il est normal qu’on soit des cibles, mais ça arrive ça fait partie du travail et de l’humanitaire », explique-t-il.
« La France ferait mieux d’être discrète »
En tout cas, « Paris ferait mieux de ne pas évoquer ce sujet », à son avis.
« La Russie ou d’autres personnes qui sont directement partie prenante dans ce conflit pourraient dire : Et combien de civils du Donbass sont morts grâce à l’appui de la France, grâce à l’information des militaires ukrainiens par la France, grâce à l’envoi de matériel militaire français à l’Ukraine ? Combien de civils russes sont morts ? Donc je pense que dans ce genre d’exercice de style, la France ferait mieux d’être discrète. Parce que si on fait le calcul, je pense que malheureusement il y a plus de morts civiles russes liées à de l’armement français que de Français morts sous des bombardements russes », a conclu Mirkovic
Le ministre français des Affaires étrangères a écrit sur X que deux humanitaires français avaient « payé leur engagement auprès des Ukrainiens de leur vie », ce qu’a ensuite confirmé Emmanuel Macron.
Plus tôt, le chef de l’administration militaire régionale de Kherson avait signalé la mort de deux Français dans la ville de Berislav, sous contrôle de Kiev.
source : Sputnik Afrique