Jusqu’à présent, lors des élections précédentes, comme nous l’expliquaient tous les médias, on devait officiellement choisir entre la continuité et le chaos. Manque de pot ou petites boulettes malencontreuses de nos élites maladroites, sur les sept dernières années, nous eûmes surtout la continuité dans le chaos, ce dernier prenant maintenant une place prépondérante.
Et ce chaos s’est parfaitement illustré avec la décision lunaire d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée au soir du 9 juin 2024, suite à une déculottée saignante aux élections européennes.
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Comme on pouvait s’y attendre, l’actuel locataire de l’Élysée misait une fois encore sur sa troupe de castors, qui sont toujours prompts à s’élever comme un seul barrage homme pour lutter contre les discriminations – sauf bien sûr lorsqu’il s’agit d’une discrimination basée sur la présence d’anticorps ou sur la possession d’un QR code, car là, c’est une discrimination souhaitée.
Mais cette fois-ci, les choses ont pris une tournure un peu différente puisqu’on nous a proposé de lutter contre le Ventreuh Fécond de la Beuhête Immonheude en constituant plutôt le mélange de la carpe et du lapin, additionnant avec une maestria unique les islamistes et les antisémites avec les communistes, les socialistes avec les écologistes, les mondialistes avec les communautaristes, ceux qui veulent absolument revoir la Constitution pour y intégrer l’IVG, et ceux qui y voudraient plutôt un (gros) bout de charia, ceux qui sont farouchement opposés à toute modification de cette Constitution, et ceux qui veulent absolument en changer pour passer à une Sixième République.
En fait de barrage habilement construit par toute l’habituelle équipe d’ingénieurs politiques, c’est plutôt une mixture étrange, une bouillie idéologique, un cataplasme, de ceux qu’on applique religieusement sur les jambes de bois en espérant une guérison miraculeuse.
En fait de ventre fécond, la politique française a accouché d’un mort-né, un « nouveau » Front Républicain qui n’aura pas vécu plus d’une semaine pour mourir un dimanche soir électoral à 20 heures, dans le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas si chers à Mélenchon.
Et en fait de démocratie, les élites des grandes villes ont multiplié les arrangements et les bidouilles électorales pour garantir que la France périphérique n’aurait surtout pas son mot à dire. Ainsi, malgré un premier tour particulièrement clair dans les intentions de vote des électeurs, ces derniers se retrouveront avec à peu près l’opposé de ce qu’ils souhaitent majoritairement : ils ne voulaient plus du macronisme et d’une politique de gauche, ils auront une nouvelle louchée de macronisme et de politique de gauche.
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La semaine écoulée fut l’occasion de constater que la hontectomie est encore largement pratiquée en France.
Pour rappel, il s’agit d’une opération qui se pratique à tous les âges de la vie, mais souvent très tôt, et qui consiste à éliminer toute trace de honte chez le candidat, ce qui lui permettra de débiter n’importe quelle ânerie, de faire n’importe quel coup pendable, de compromettre et se compromettre sans la moindre limite ni la moindre gêne (avec laquelle il n’y aurait plus de plaisir).
Au passage, il n’est pas rare que cette hontectomie s’accompagne d’une gonadectomie rapide qui explique à la fois la prise de poids et la perte de tout courage, de toute capacité à prendre des décisions audacieuses.
Bref, les uns et les autres ont joué de désistement au second tour pour garantir la position la plus favorable à l’opposant le mieux placé contre le candidat du Rassemblement national (et dans quelques rares cas, du Républicain qui serait encore en lice) permettant à certains communistes ou socialistes jusqu’alors rabiquement opposés aux macronistes d’adouber avec une souplesse d’endoscope le candidat RenuisanceRenaissance de la circonscription, ou, inversement, à certains macronistes piteux de se retirer pour laisser la place à l’un des excités de LFI duquel ils prétendaient pourtant être aussi éloignés que possible.
Et pendant une semaine, on a entendu, lu et compris que la clique actuelle se demandait exclusivement « Comment stopper le Rassemblement national », mobilisant absolument tous ses moyens pour y parvenir, impliquant médias, artistes, propagande voire mensonges éhontés dans ce but spécifique qui lui permet aussi de ne surtout pas se poser la seule question qui aurait du être posée, à savoir « Que veulent donc nous dire nos électeurs ? »
Comme la question n’est pas la bonne, la réponse apportée hier soir est obligatoirement à côté de la plaque.
D’une part, il va falloir composer avec un pays dont la classe dirigeante a très clairement divorcé du reste du peuple dans une démonstration grotesque de sa vision de la « démocratie » : les questions de ce chapitre ne seront donc pas répondues. Les précédentes revendications à une meilleure représentativité ayant été largement étouffées en 2019 par une solide bordée de bon gros socialisme à visage humain moins un œil, l’exercice électoral venant à présent de démontrer son ridicule achevé, il semble que l’avenir démocratique français ne pourra s’exprimer que de plus en plus violemment dans les prochaines années (au point de nous casser les urnes). La classe politique actuelle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même.
D’autre part, il semble évident qu’aucune des préoccupations économiques et sociales ne sera prise en compte à la suite de ce théâtre politique absurde. Les problèmes migratoires et sécuritaires ont été relégués à leur caricature grotesque pendant la campagne, et ne seront donc plus abordés. Oubliez.
Quant aux problèmes économiques, de loin les plus préoccupants, ils seront utilisés pour enfouir toute idée de prise de risque et de toute responsabilité pour tenter de sortir le pays de la spirale dans laquelle il vient d’entrer : explosion de la dette (+37 % en sept ans), des dépenses publiques (pour un résultat minable) ou des impôts (+30 % en sept ans), et surtout aucune espèce de solution ni de volonté de solution affichée par aucun des partis maintenant présents dans l’Hémicycle. Les causes de l’effondrement économique du pays seront confortablement rejetées sur la nouvelle Assemblée, et ce sera bien tout.
Eh oui : les Français ont eu à choisir entre de l’étatisme, de l’étatisme débridé ou carrément du communisme, ce qui, pour résoudre un problème d’État obèse omniprésent, est assez contre-productif.
Au final, peu importe qui sera Premier ministre dans les prochaines semaines : son second prénom sera forcément « Bordello ».
En dissolvant l’Assemblée au soir des élections européennes, Macron pensait avoir jeté une grenade dégoupillée dans les jambes des politiciens. Il apparaît maintenant qu’il leur avait jeté la goupille.