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Transparence, que de saloperies on commet en ton nom

, par  NEMO , popularité : 7%
NJ-Ile de France
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Un monde dans lequel tout ce qui se dit, fait ou photographie serait gravé dans le marbre des réseaux sociaux, où l’on serait tenu de dire ce que l’on pense, et de penser ce que l’on dit (à condition de penser « juste », cela va sans dire), où nous serions soumis à une transparence absolue de nos dires, faits et gestes, serait rapidement débarrassé de l’espèce humaine, qui s’étriperait jusqu’au dernier exemplaire, lequel, tout seul, n’aurait plus qu’à s’auto-détruire.

La vie en société, n’en déplaise à tous les prêcheurs qui nous saoulent de leur moralisme à géométrie variable, n’est possible que si l’on y met ce qu’il faut de dissimulation, d’hypocrisie et de lâcheté. Ce qui, au passage, n’interdit pas d’y ajouter un zeste de droiture, de loyauté et de courage.

Ainsi, que deviendrait la conversation de bistrot si l’on ne pouvait plus médire des absents sans qu’une âme charitable leur répète tout ce qui s’est dit ? Combien d’amis vous resterait-il si vous étiez informé de ce qu’ils racontent sur vous hors de votre présence ? Vous savez très bien que c’est « histoire de parler », que tout cela n’a aucune importance, tant que l’intéressé n’en sait rien… Et c’est bien le problème.

Le problème, c’est que de nos jours, des punaises médiatiques ultra-technologisées se sont arrogé le droit et le devoir sacro-saint de tout révéler, sur tout, au nom du droit à l’information et au devoir de transparence. Le tournant a vraiment été pris avec Sarkozy et le « casse-toi, alors, pauvre con », qui lui a coûté en partie son job. Et depuis, plus rien n’arrête les chercheurs de la Vérité avec un grand « V ». La dernière révélation en date, qui cloue au pilori le nouveau patron des LR, n’est qu’un avatar de plus de la frénésie « transparentielle » qui a saisi le monde du Bien. Je ne défendrai pas particulièrement Laurent Wauquiez, je dirai même qu’il m’indiffère. Qu’il se soit bêtement lâché devant des petits cons, qu’il ait commis une erreur de débutant ou qu’il ait fait exprès pour faire le buzz, peu m’importe. Ce qui est grave, c’est que cette affaire démontre une fois de plus que, où que vous soyez, quoi que vous fassiez, qui que vous soyez, un zigoto muni d’un matériel électronique aussi discret que performant et abordable, peut voler votre parole ou votre image, pour vous nuire ou simplement pour faire l’intéressant. Vous me direz que Wauquiez est un homme public, qu’il n’avait qu’à fermer sa grande gueule… sans doute il aurait mieux valu pour lui de se contenter des phrases convenues et lénifiantes qui sont le menu imposé de toute la parole publique. Mais qui vous dit que samedi soir prochain, invité chez votre ami Dupont, vous ne vous laisserez pas aller, après deux ou trois verres, à des confidences indiscrètes sur votre ami commun Durand, et qu’un autre convive n’enregistrera pas vos propos pour les lui passer complaisamment, histoire de mettre de l’ambiance dans vos relations ? Qui vous dit qu’une photo de vous, dans une attitude compromettante, prise il y a vingt ans, ne ressortira pas en plein dans votre procédure de divorce ?

Le pire, c’est que tous ces enregistrements, photos, vidéos, ont une caractéristique commune : ils sont tous sortis intentionnellement de leur contexte pour accabler la « cible ». Décidément, le monde des Tartuffe et des Torquemada a pris le pouvoir. Si c’est ça, le progrès dans l’égalité et la justice, je n’ai pas vraiment envie d’en faire partie.