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Présidentielle 2022 : le retour des anciens ?

, par  Nathalie MP Meyer , popularité : 5%
Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.
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Par Nathalie MP Meyer.

François Hollande en est convaincu , la victoire présidentielle d’Emmanuel Macron en 2017 ne doit rien au « nouveau monde » à base de « ni droite ni gauche » qu’il promettait aux Français mais tout au refus de ces derniers de voir arriver l’extrême droite à l’Élysée.

Et ce d’autant plus que l’élection s’est déroulée dans un « contexte particulier » où lui, Hollande, ne se représentait pas et où le candidat de la droite était affaibli par l’affaire des emplois fictifs de sa femme.

Autrement dit, plus qu’un programme séduisant, son ex-ministre de l’économie aurait surtout eu beaucoup de chance.

Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas entièrement vrai non plus. À l’époque, l’électorat était tout autant travaillé par le désir de jeunesse et de renouveau qu’Emmanuel Macron incarnait que par une puissante volonté de dégagisme dont les représentants de « l’ancien monde », les Juppé, Sarkozy et même Duflot , ont fait les frais les uns après les autres.

Et ce que les électeurs n’ont pas fait, le nouveau Président s’en est chargé lui-même en expédiant Ségolène Royal aux Pôles au lieu de lui proposer un poste de ministre de l’Écologie et en persistant à la tenir à l’écart après la démission de Hulot au motif qu’elle allait « lui pourrir la vie » (Oh, quelle idée !)

Quant à François Hollande, aurait-il oublié que son discrédit dans l’opinion était tel qu’il a été lui-même poussé sans ménagement vers la sortie par son propre Premier ministre Manuel Valls, lequel a été ensuite « dégagé » en bonne et due forme au profit de Benoît Hamon lors de la primaire de gauche ? Aurait-il oublié que même à gauche existait un sentiment persistant d’échec et un désir acharné de changement de tête qui s’est matérialisé dans la demande et l’obtention d’une primaire alors qu’en tant que sortant il aurait dû en être le candidat naturel ?

L’amnésie est à l’évidence une disposition d’esprit indispensable pour qui veut assurer sa longévité en politique. L’amnésie, et aussi la conviction inébranlable d’être éternellement indispensable à son pays et l’étonnante capacité à revenir sur scène paré des plus beaux atours du dévouement démocratique après avoir été piteusement renvoyé en coulisses sous une avalanche de quolibets.

Or non seulement les petites péripéties de 2017 appartiennent dorénavant à un passé lointain et si possible enterré, mais force est de constater qu’entre-temps, le printemps macronien s’est fracassé sur tant d’affaires , tant de contestation, tant d’incompétence et tant d’impopularité que Macron lui-même en est à se demander comment restaurer sa légitimité aux yeux d’une opinion de plus en plus convaincue que le « nouveau monde » ressemble comme deux gouttes d’eau à l’ancien.

Force est de constater également que malgré le profond désaveu dans lequel les Français tiennent leur Président, aucune opposition n’apparaît actuellement en position de force. La gauche est faible et morcelée en mille petits partis, la droite LR est faible et morcelée en mille petits prétendants (Bertrand, Baroin, Aubert notamment). De plus, l’une et l’autre manquent cruellement d’un vrai poids lourd de la politique susceptible de s’imposer dans l’opinion.

Quant à Marine Le Pen, elle ne souffre nullement des faiblesses évoquées ci-dessus. Elle a la notoriété, elle a le parti et elle a les éléments idéologiques – tout cela en un seul morceau. Mais nouveau monde ou ancien monde, tout le reste de la classe politique est convaincu de pouvoir la battre aisément au second tour si jamais elle y parvenait à nouveau en appelant comme d’habitude à faire barrage à l’extrême droite.

Il n’en fallait pas plus pour que les « dégagés » d’hier se disent qu’ils avaient toutes leurs chances aujourd’hui.

En ce domaine, nous avons une véritable experte en la personne de Ségolène Royal qui n’en finit pas de faire come-back sur come-back . En septembre 2019, dans un grand tour des matinales et des rédactions, elle laissait déjà planer le doute sur une éventuelle candidature présidentielle en 2022 :

« S’il y a une candidature pour 2022, ce sera en avant, avec l’écologie, le féminisme et à gauche, bien sûr. » (LCI)

Rebelote ces jours-ci sur BFM au micro de Jean-Jacques Bourdin. Ce dernier parviendra-t-il un jour à obtenir d’elle l’annonce officielle de sa candidature ? Ce ne sera pas faute d’avoir essayé et réessayé. Mais la dame tergiverse, parle de décision collective, de capacité à se rassembler, tout en se disant prête à proposer « une alternative démocratique, sociale et écologique ». Dans son collimateur, la méthode Macron :

« On en a assez de l’hyper-présidentialisation d’un régime qui fait que quelques-uns, que des hommes d’ailleurs, pensent qu’ils savent tout. Ils décident à deux ou trois, ils nous assènent des décisions, et ensuite, lorsque ça se passe mal, ils disent : ah ben si on avait réfléchi, peut-être que ça se serait passé autrement. » (BFM)

Il y a seulement un mois, Ségolène Royal jugeait pourtant que ce n’était pas le moment de critiquer l’exécutif. Espérait-elle retrouver un ministère à la faveur du remaniement annoncé et a-t-elle été éconduite ? Toujours est-il qu’en quelques semaines, le ton a bien changé.

L’ancien Président Nicolas Sarkozy est aussi un grand habitué des come-back. Supplanté par François Hollande en 2012, il a tenté à nouveau sa chance lors de la primaire de droite de 2016 et a fini balayé dès le premier tour.

À le voir multiplier les visites politiques chez les élus Les Républicains, on lui prête maintenant l’intention de revenir en politique sans qu’il soit très clair si ce retour se ferait avec ou contre Emmanuel Macron dont il serait actuellement une sorte de conseiller officieux. Aux dernières nouvelles, il aurait même engagé ce dernier à se débarrasser du poste de Premier ministre ! Rien d’étonnant à cela, il a toujours donné lui-même dans l’hyper-présidence.

Pour ce qui est de son avenir, Sarkozy ne se mouille pas au-delà de la langue de bois sirupeuse attendue :

« Quand on a été président de la République, on doit rester à la disposition de son pays. »

Mais posez la question à François Hollande et il vous dira que son prédécesseur est très loin d’avoir abandonné la politique comme il l’avait annoncé après sa défaite de 2012 et à nouveau après 2017 :

« Sarkozy a repris du service ! La preuve, c’est qu’il redit du mal de moi. »

Et de fait, Nicolas Sarkozy adore tacler celui qui a eu raison de lui en 2012.

L’Obs du 20 février 2020 rapporte que lors d’un déjeuner organisé quelques jours plus tôt par le vice-président du conseil d’État, l’ancien Président a fait montre « d’une forme éblouissante », donnant son avis sur tout et tous sans mâcher ses mots :

La réforme des retraites ? « Illisible ». Delevoye ? Un « abruti ». Et ce « pauvre Hollande » ? « Le seul à penser qu’il puisse revenir » en politique.

Car oui, François Hollande aussi s’active à donner l’impression que si certaines conditions étaient réunies, il pourrait peut-être, éventuellement, envisager une candidature en 2022. Comme il le confiait récemment au quotidien italien Corriere della Sera :

« La vie est pleine de sollicitations mais aussi d’imprévus […] En ce qui me concerne, j’ai servi mon pays et je me considère comme un militant de la démocratie. […] Je ne peux pas me séparer de cet engagement civil qui a éclairé ma vie et auquel je reste et resterai fidèle. »

Et pour finir en apothéose, notons un désir similaire chez Manuel Valls. Peu après avoir été débouté de ses prétentions présidentielles lors de la primaire de gauche de 2016, il filait dans sa Catalogne natale avec l’intention de devenir maire de Barcelone. Nouvel échec, qui le cantonne au simple rôle de Conseiller municipal. De quoi réévaluer ses priorités avec force trémolos patriotiques audacieux :

« Je n’ai jamais abandonné ou oublié ce pays qui m’a tant donné. Et au-delà de mon amour pour la France, ma seule patrie, je veux dire simplement que si mon retour en politique n’est pas à l’ordre du jour, je ne manquerai jamais d’être utile aux Français. » (Le Parisien , 28 fév. 2020)

Plus qu’une candidature en 2022, il envisage pour son compte un remaniement ministériel rassembleur au sein duquel il pourrait avoir sa place, mais seulement si Emmanuel Macron venait le chercher. II ne voudrait pas se rendre « ridicule » en se jetant à la tête du gouvernement ! En attendant, il multiplie les déclarations positives à l’égard de l’exécutif. On ne sait jamais. Comme vous voyez, un casting de rêve et d’avenir ! Ça promet .

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