Différents médias ont relayé la pénurie de Doliprane produit par Sanofi, qui a commencé à le rationner. Dafalgan et Efferalgan produits par UPSA sont bien achalandés , d’où l’intérêt de la concurrence.
Cette tension sur ce médicament est causée par la demande accrue entraînée par diverses infections, covid, infections ORL et respiratoires saisonnières, grippe et autres. Son principe actif, le paracétamol, provient de Chine, d’Inde ou des USA. Il n’est plus produit en France. Le fait que nous en disposions toujours est lié à la libre circulation des marchandises, au libre échange.
En réaction à la difficulté d’approvisionnement, déjà mise en exergue lors des épidémies de covid, le gouvernement a décidé que le paracétamol sera bientôt produit en France avec intervention de fonds et de garanties publics. Il en a fait un des étendards de son plan France relance .
La production locale n’invalide pas la nécessité du libre échange. Si le site de production français a un problème, il faudra bien alimenter les chaînes de fabrication de médicaments en trouvant des fournisseurs extérieurs.
Système de santé défaillant
Le système de santé français est défaillant , il ne parvient pas à assurer aux Français qu’ils seront soignés correctement en toute circonstance. Le pays encore riche et développé qu’est la France n’est pas capable de faire face à des infections attendues, puisque un traitement symptomatique de base, un simple antipyrétique/antalgique, est en tension et qu’il y a déjà eu des pénuries d’autres produits.
Cela peut être pris comme un témoignage de plus que nous ne sommes plus un pays prospère, parce que la pénurie est partout. Pénurie de lits d’hôpitaux, de lits de réanimation, de places de psychiatrie, déserts médicaux, manque de généralistes, de certains spécialistes, d’infirmières, la liste n’est pas exhaustive hélas.
Malheureusement, aussi grave que cela soit, ce n’est qu’un épiphénomène.
Désastre français
Nous avons déjà évoqué les pénuries de médicaments dans une série d’articles .
Cette fois nous allons considérer la rupture d’approvisionnement en Doliprane comme un témoignage du déclassement de la France, du désastre français pour parler franc.
Le problème n’est pas seulement de relocaliser des activités. Il est de rendre la France attirante pour toutes les entreprises. Il est que celles qui sont revenues ne repartent pas, une fois les aides consommées par exemple. Il est que celles qui sont encore en France ne fuient pas. Il est que des entreprises puissent éclore et prospérer en France. Il est que les gens, en particulier les entrepreneurs puisse faire fortune, la transmettre librement, et ainsi donner naissance à un véritable capitalisme… avec des capitaux.
Il est la création d’un système de santé performant en toutes circonstances.
Or la France est une terre peu fertile pour les entreprises et les entrepreneurs.
La cause évoquée pour expliquer la délocalisation de la fabrication du paracétamol est le coût de la production en France. C’est un argument bateau pour expliquer n’importe quelle délocalisation. De prime abord c’est évident. Quand on creuse un peu c’est plus compliqué.
En vérité, c’est l’industrie chimique qui s’est effondrée. Ce qui entre dans le cadre de l’effondrement de l’industrie en général, lui même lié à l’effondrement de l’économie française.
Causes endogènes
Ce désastre de l’économie française a des causes endogènes. Ce sont des dizaines d’années de politique idiote qui l’ont entraîné. Dans un inventaire à la Prévert on trouve :
Des causes anciennes
– la fiscalité stérilisante et protéiforme, plus de 483 impôts et taxes ;
– des dizaines de règlements et codes ;
– une insécurité juridique avec un cadre légal complexe qui change en permanence ;
– le déficit chronique du budget et des comptes sociaux, la dette plus qu’abyssale ;
– l’absence de capitalistes dignes de ce nom, c’est-à-dire de personnes ayant les capacités d’investir significativement dans l’économie. S’il n’y a pas assez de vrais capitalistes la France est étouffée par le capitalisme de connivence. Les Français qui n’ont connu que lui, le confondent avec le véritable capitalisme ;
– le mal-investissement, (gaspillage d’argent dit public, détourné du marché libre où il serait plus utile) en témoignent des sommes souvent énormes gaspillées pour des projets sans intérêt économique réel, comme l’éolien, les LGV Bordeaux-Espagne, ou la lutte contre « les passoires thermiques ». Mais avec l’intérêt bien compris des politiciens, et du capitalisme de connivence. L’association mal-investissement et pénurie est caractéristique d’une économie socialiste ou communiste ;
Des causes plus modernes
– la pénurie d’énergie à un point tel que, depuis deux hivers, RTE demande aux Français d’économiser l’énergie . En cas de nécessité, pour éviter de délester chez les électeurs, et de jeter les gens dans la rue, c’est l’industrie qui se privera. Or, pour une économie prospère et un système de santé performant, il faut une énergie abondante et bon marché. Ce n’est plus le cas suite aux politiques désastreuses des divers gouvernements inspirés par les Khmers verts, dont le totalitarisme misanthrope a détruit la capacité énergétique de la France ;
– le retour de l’inflation ;
– les conséquences incalculables, imprévisibles, directes ou indirectes, nationales ou internationales, y compris monétaires, des sanctions économiques imposées aux Français et aux Européens, par leurs propres gouvernements au prétexte de punir les Russes . On peut être inquiet car les va-t-en-guerre ont tout fait pour que la guerre éclate, et ne font rien pour qu’elle s’achève ;
– l’obsolescence programmée d’industries soumises à l’arbitraire étatique. Le diesel, le nucléaire, les produits phytosanitaires en ont fait les frais. Qui peut faire confiance à la France pour y implanter une industrie, sans avoir certitude de sa pérennité ?
– les Zones à Faible Émission qui vont perturber, voire empêcher la circulation, sur le territoire national de millions de personnes ;
– la fuite dans une Europe qui a oublié son objectif d’origine, une Communauté économique européenne, pour se transformer en une Union soviétique européenne qui étend sans cesse son fatras réglementaire, hors de ses domaines de compétence, et sans aucun contrôle ;
Inventaire non exhaustif lui non plus.
Mauvaise équipe
Le différentiel de coût de la main-d’œuvre entre les pays dits en voie de développement, et les pays dits développés va perdurer encore longtemps. Le gouvernement français n’a pas de prise sur les rémunérations dans les autres pays. Par contre il peut agir sur les contraintes et coercitions qu’il impose à ses entreprises et à ses habitants, parce que le coût de la main-d’œuvre ne fait pas tout.
C’est aujourd’hui la mondialisation qui nous permet d’avoir encore du paracétamol comme elle nous permet de bénéficier de marchandises du monde entier à des coûts qui permettent aux Français les plus modestes d’en profiter, sans ressentir le déclassement de leur pays.
Ce n’est pas la mondialisation, c’est-à-dire la concurrence déloyale d’autres pays, qui est la cause des malheurs de la France. C’est une gestion idéologique, fondée sur l’acculturation, le relativisme, et sur des concepts marxistes, keynésiens, collectivistes, qui a entraîné le désastre économique français.
Un pays miné par les dettes sur plusieurs générations, vendu à l’encan et dont la survie, presque au jour le jour, dépend du bon vouloir de riches prêteurs étrangers peut-il être audible sur la scène internationale ? Comment peut-il être attractif ? Comment peut il être respecté ? Comment peut-il avoir une quelconque souveraineté ? Ce n’est pas sa dilution dans l’Union soviétique européenne qui constitue un quelconque espoir ou planche de salut.
Le renouveau économique ne peut se concevoir sur cette terre défavorable aux entreprises et aux entrepreneurs qu’est la France.
Il faut rappeler que l’on ne peut attendre des gens qui ont ruiné la France qu’ils la sauvent. Surtout s’ils s’arc-boutent sur les mêmes mesures et modèles organisationnels que ceux ayant conduit à la catastrophe.
Nous sommes dans un système socialiste collectiviste. En France l’interventionnisme étatique est un dogme. Toute action ne peut se concevoir que sur fonds publics.
Or ce sont des dizaines d’années de politiques gouvernementales imbéciles qui ont engendré la déconfiture économique. En clair, l’État veut réparer par l’intervention publique le désastre que des décennies d’interventions publiques ont provoqué. Le plus sage serait de commencer par un recul de l’interventionnisme étatique. Les Français n’auraient plus à en réparer les dégâts et la prospérité reviendrait.
La réindustrialisation n’est pas le seul enjeu . Elle ne peut réussir que dans le cadre d’une renaissance de l’ensemble de l’économie française avec un allègement gigantesque des contraintes et coercitions qui pèsent sur les Français et les entreprises. Faute de quoi le retour du paracétamol restera une rustine sur un pneu crevé, la réindustrialisation un fantasme gouvernemental. Quant à la prospérité économique et l’harmonie sociale, la Parousie aura eu lieu avant !