L’Etat renonce à une créance de 4,8 M€ sur l’Humanité.
Ces derniers jours, l’actualité m’a carrément écœuré. La litanie de scandales, que les médias présentent comme des révélations alors que tous ont été moult fois traités par le Canard enchaîné et Médiapart, m’a laissé déprimé, sans ressort. C’est pourquoi, j’ai squeezé le blog-notes du mardi 11 mars. Mille excuses à mes lecteurs, en particulier à ceux qui m’ont écrit pour s’en inquiéter. Depuis, j’ai eu connaissance d’une information qui m’a scotché. L’État a, en décembre dernier, renoncé à une créance de près de 4,1 million d’€uros détenue par le Trésor sur le journal communiste l’Humanité depuis mars 2002[1].
Vous avez bien lu : quatre millions d’€uros ! Auxquels s’ajoutent les « intérêts courus et échus » dont l’amendement à la loi de finance rectificative voté en catimini par la majorité de gauche le 3 décembre dernier sans que la pseudo-droite s’en offusque ne précise pas le montant (Lire). Comme il n’y a aucune raison pour que l’Humanité, que plus personne ne lit, ait redressé ses comptes, un calcul simple permet d’estimer les sommes relatives aux intérêts non payés à près de deux millions. Total, ce sont quelque six millions d’€uros que la société éditrice du quotidien communiste a économisés.
Pourquoi ? Réponse : le fait du Prince ! Que dirait-on si une des 61 800 sociétés acculées au dépôt de bilan en 2013 (dont 4 880 réalisaient un chiffre d’affaire supérieur à 1 million d’€uros) avait pu y échapper grâce à l’effacement de ses dettes fiscales et sociales ? Parmi elles, combien de sociétés éditrices de journaux ?
Evidemment, quand on sait que l’État dépense environ 2,4 Mds€, dont la moitié en aides directes (lire mon article Quand la presse se gave d’argent public…), pour soutenir la presse et ses personnels, on n’est pas étonné que l’Humanité reçoive de l’argent public. Le problème est que ces six millions viennent en sus de l’aide institutionnelle accordée sous conditions à tout organe de presse. Et, à ma connaissance, seule l’Humanité profite de ce privilège. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Ou, plutôt, je ne le sais que trop ! Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas seulement de soutenir une entreprise en difficulté.
Le Parti communiste n’est rien d’autre qu’un fonds de commerce sous perfusion d’argent public. L’Humanité, dont les ventes payées se sont établies en moyenne à 49 000 exemplaires par jour (à comparer avec le Monde : 288 000 ex. ; Libération : 119 000 ex.) est, avec la CGT, un de ses principaux fournisseurs d’emplois fictifs payés par le contribuable et qui profitent aux apparatchiks du parti. Que les Socialistes au pouvoir ne lui aient jamais manqué peut se comprendre : on ne voit que trop bien en quoi le PC leur est utile. Mais c’est aussi le cas de l’UMP. D’ailleurs, en dix années de pouvoir chiraquien puis sarkozyste, l’État avait toute latitude pour recouvrer sa créance. A défaut, la loi, inflexible quand il s’agit de toute autre entreprise défaillante, se serait appliquée sans pitié. La société éditrice du journal aurait dû être liquidée et le journal cédé ou éliminé. Il n’en a rien été.
Pourquoi ? J’ai dans l’idée que l’UMPS et ses satellites auraient, s’ils s’avisaient d’abandonner le PC, ses filiales et ses officines, tout lieu de craindre de la part des Communistes des représailles mortelles. Il n’y a aucun doute que des dossiers, notamment sur l’affaire de l’abandon de l’Algérie française, dorment dans des tiroirs dont les héritiers de De Gaulle et de Guy Mollet ne veulent surtout pas les voir sortir. D’ailleurs, le silence assourdissant de Pierre Laurent sur les affaires en cours n’est-il pas significatif à cet égard ?
[1] A cette occasion, le premier ministre Jospin avait dit que la France « mérit[ait] un journal communiste ». il n’avait pas précisé quel crime elle devait expier !