Cette semaine, j’ai été particulièrement touché, oui, touché, par l’apparition de Bernard Tapie au journal de 20 h de France 2. Et frappé par la différence entre le traitement qu’il a subi et celui réservé à Cahuzac. Lequel figurait en deuxième position des députés socialistes les mieux lotis en matière de réserve parlementaire. Ces trois sujets font l’objet de mon blog-notes (tardif) de ce mardi 2 juillet. La situation en Egypte en constitue le quatrième sujet.
Tapie : l’acharnement
Pour avoir étudié de près les tenants et aboutissants des médias pour mon livre La France confisquée, je sais quel mal ils peuvent faire à quiconque sort du système après en avoir été. « Lécher, lâcher, lyncher ! » Telle est bien la devise des médias français. Depuis bientôt vingt ans, Bernard Tapie en fait l’amère expérience. Mais, la campagne en cours est particulièrement vicieuse et tordue.
Je ne reviendrai pas ici sur le fond de l’affaire : quiconque s’informe sait qu’il s’agit d’une affaire de portage – strictement interdit par la loi – par le Crédit Lyonnais, alors banque publique, aux dépens de Bernard Tapie à l’occasion de la vente d’Adidas à Robert Louis-Dreyfus. Circonstance aggravante, l’escroquerie s’est accomplie via des filiales de la banque domiciliées dans des paradis fiscaux, avec, à la clé, un bénéfice illicite pour elle et, donc, un préjudice pour le vendeur, de 2 milliards de francs (plus de 300 M€) de l’époque, soit, au cours d’aujourd’hui, environ 400 M€, c’est-à-dire le montant total des sommes allouées à Tapie. De quoi parle-t-on depuis plusieurs semaines qu’on lui cherche des poux dans la tête ? De la procédure d’arbitrage, décrétée rétrospectivement illégale et frauduleuse alors qu’elle a été validée par une flopée de hauts fonctionnaires et de financiers de Bercy et du CDR. Et alors que deux personnalités aussi intouchables que Jean-Denis Bredin et Pierre Mazaud y ont participé, deux personnalités que les médias et les politiques qui exploitent l’affaire se gardent bien d’évoquer, et pour cause (lire).
Non ! Tous les tirs sont concentrés sur Tapie après l’avoir été sur Lagarde. Je ne crois pas une seconde que le but des assaillants soit de faire condamner Tapie. « Calomniez, calomniez : il en restera toujours quelque chose ! » La démarche est strictement à but politique, dégommer deux personnalités dangereuses pour les échéances à venir : Nicolas Sarkozy et Tapie lui-même. Mais si le premier est, quoi qu’en disent des « observateurs » très intéressés qui défilent à C dans l’air (émission produite par une société médias du « frère » de Sarkozy, Arnaud Lagardère), d’ores-et-déjà hors jeu du fait de l’accumulation de casseroles qui tintinnabulent dans son sillage, le second pourrait fort bien sortir renforcé de ce nouveau combat. A suivre !
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Cahuzac l’intouchable
Autant Tapie doit essuyer un tir nourri de scuds médiatiques, autant la presse, les télés et radios, notamment publiques, fichent une paix royale à l’ancien ministre du Budget. Et pour cause ! Dès sa nomination à la présidence de la commission des finances de l’Assemblée en février 2010 (sous la Droite), il fréquente assidûment le Ministère du budget où il se fait communiquer nombre de dossiers fiscaux. No comment !
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Des nouvelles de la « réserve parlementaire » sous Bernard Accoyer…
En 2011, les douze députés les mieux lotis (parmi lesquels Jérôme Cahuzac. Quel hasard !) se partageaient 30 M€, dont près de 12, soit 13% du total, pour le seul Accoyer, Président de l’Assemblée nationale. Restaient 60 M€ pour les 565 autres députés, soit 106 000 € chacun en moyenne, le moins bien servi devant se contenter de 30 000 €. Là aussi, no comment !
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Le peuple égyptien contre les Islamistes
Ce qui se passe ces jours-ci en Egypte est hallucinant… et réjouissant. Quelque 18 millions d’Egyptiens ont investi la rue pour exiger le départ du président islamiste Morsi. Ainsi, les Musulmans eux-mêmes montrent la voie. Il est vrai qu’eux sont directement confrontés aux dégâts dont les Islamistes au pouvoir sont capables. Ce n’est pas comme en France, menacée d’une islamisation rampante à l’horizon d’une décennie par l’irresponsabilité de nos élites, et où une élue européenne qui a recueilli sur son nom les suffrages de 6,5 millions de Français à la présidentielle de 2012 est menacée d’un procès parce qu’elle a sonné le tocsin.