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MAI 1962 : le procès du général Raoul SALAN.

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Cet article provient d'une source externe à NJ sans autorisation mais à titre d'information.

Les procès des responsables de l’OAS, à Paris (Organisation Armée Secrète) tournent à la déconfiture du général De Gaulle. Il n’obtient pas la tête des généraux qui ont osé le braver, il devra se contenter du sang des légionnaires Albert Dovecar et Roger Degueldre, fusillés respectivement les 7 juin et 6 juillet 1962, et d’un civil, Claude Piegts ainsi que de l’ingénieur chef Bastien-Thiry, qui n’avait pas une goutte de sang sur ses mains, dont il refusera les grâces et qu’il fera exécuter sans aucune pitié.

Ce mot n’existait pas dans le vocabulaire de De Gaulle.

Il n’émettra même pas une parole de regret en apprenant le suicide de son ami le général de Larminat, compagnon de la libération et grand chancelier de l’Ordre.

Il devait présider le tribunal de la cour martiale de justice (qui sur ordre de De Gaulle avait remplacé le Haut tribunal militaire jugé trop clément envers les « factieux ».

Il avait été très marqué psychologiquement par les conditions atroces et inhumaines de la mise à mort du lieutenant Degueldre quelques jours plus tôt.

Jamais, selon lui, cet officier français n’aurait dû être exécuté.

Cet officier qui avait juré à son chef, le colonel Jeanpierre : « Plutôt mourir, mon colonel, que de laisser l’Algérie aux mains du FLN. Je vous le jure ! » et qui, très calmement, avait déclaré, avant de se présenter devant le peloton d’exécution : Je suis fier de mourir pour tenir le serment qu’a fait tout officier ayant servi en Algérie. J’ai donné ma parole, je la tiens ! »

Le général de Larminat refusait de participer à cet hallali judiciaire voulu par De Gaulle et il préféra se donner la mort.

Je « couvre » pour les quotidiens L’Aurore et Le Méridional le procès des généraux Salan et Jouhaud.

Je suis entouré par l’écrivain Jacques Perret et J.R. Tournoux qui me répète une phrase que lui a dite De Gaulle la semaine précédente et qui l’a choqué énormément : « Ce n’est pas un Français comme vous et moi. C’est un Pied Noir »

Il s’agissait justement du général 5 étoiles de l’armée française Edmond Jouhaux.

Et ce n’est pas la pire des appréciations de ce « grand » Français qu’était, paraît-il, De Gaulle. Lors du conseil des ministres du 4 mai 1962, Alain Peyrefitte relate dans son livre cette affirmation du chef de l’état alors qu’il lui présentait la très grave situation des harkis : « N’essayez pas de m’apitoyer sur les harkis, ce magma dont il faut se débarrasser sans attendre ! »

Cela explique sans doute le message sibyllin adressé par de Gaulle à Ben Bella le 4 septembre 1963 : « A l’occasion de votre élection à la présidence de la République algérienne, je vous adresse mes félicitations. Cette indépendance algérienne nous l’avons voulue et « AIDEE ». (Certainement en désarmant les harkis et en les livrant à leurs tueurs.)

En mai 1962 le général Salan, lors de son procès, revendique hautement sa responsabilité entière en tant que chef de l’OAS. (Je me souviens avec émotion de ces deux soirées passé en sa compagnie, à Madrid, un an plus tôt, à Pâques 1961)

« Je suis un général français représentant l’armée victorieuse, et non l’armée vaincue. A la différence de celui qui vous demande licence de me tuer (de Gaulle) j’ai servi le plus souvent hors de métropole.

Quand par deux fois l’heure du péril a sonné pour la vieille métropole, j’ai vu les peuples de l’empire accourir à son secours.

Quand on a connu la France du courage on n’accepte jamais la France de l’abandon.

A Paris, les hommes politiques et la presse accablent d’outrages l’armée et le ministre résident et aident ainsi de tout leur pouvoir l’ennemi en difficulté et le font impunément.

Je suis sorti de la légalité mais ce n’était pas la première fois.

J’ai préparé, sans la réaliser, une opération militaire sur la métropole, sur Paris, opération décidée par celui qui devait en être le bénéficiaire, le général de Gaulle, alors simple particulier.

Ceux qui ont été bafoués et trompés avec moi c’était les soldats vivants et morts de l’armée d’Algérie, leurs camarades de métropole, et tout ce peuple confiant et fort, toutes races confondues.

Si j’ai trompé le peuple d’Algérie et l’armée en criant « Vive de Gaulle » c’est parce que j’ai été trompé moi-même.

L’autodétermination n’était qu’un mensonge destiné à couvrir un mensonge bien plus monstrueux que vulgaire.

C’est le gouvernement qui reniant ses origines est responsable du sang qui coule et, au-dessus de quiconque, celui à qui j’ai donné le pouvoir.

La mission qui m’a été confiée était de garder l’Algérie à la France et de la garder française. De Gaulle m’a affirmé : « que l’Algérie resterait française et que la France ne nous abandonnera jamais.

Je dis cela sans haine, mais j’ai grande amertume en constatant combien la perte de la province algérienne nous coûte, et singulièrement en ce moment où nous allons être privés de ce pétrole que nous avons fait jaillir des étendues vides du Sahara.

J’essaye toutefois de m’expliquer les variations du général de Gaulle dans sa politique algérienne, dans ses relations avec moi, et je pense à ce que me disait, le 12 avril 1945, dans une chambre de Baden-Baden, André Malraux, (alors colonel Berger), commandant la brigade Alsace-Lorraine qui entrait dans la composition de ma 14e D.I.

« Le mensonge de la seconde, le mensonge de la minute, le mensonge de l’heure, le mensonge du jour, le mensonge de la nuit, toujours le mensonge... »

Utiliser le mensonge comme arme, couvrant la raison d’Etat, est un acte terrible lorsque des hommes, pour cette même raison d’État, meurent dans l’obéissance aux ordres partis d’en haut.

Pensant à tous ceux qui se sont fait tuer depuis 1917, année où j’entre dans le métier des armes, à tous ceux que j’ai commandés et conduits à la bataille pour la grandeur de la France, dont trop, hélas ! Ne sont pas revenus, j’évoque cette phrase d’Alfred de Vigny dans Servitude et grandeur militaires :

« La parole qui trop souvent n’est qu’un mot pour l’homme de haute politique devient un fait terrible pour l’homme d’armes. Ce que l’un dit légèrement ou avec perfidie, l’autre l’écrit sur la poussière avec son sang et c’est pour cela qu’il est honoré de tous, par-dessus tous, et que beaucoup doivent baisser les yeux devant lui. »
Il est donc prouvé que de Gaulle, alors simple citoyen, organisait un complot contre l’Etat français avec intervention de l’armée dans le cas où on ne lui aurait pas offert le pouvoir d’une manière constitutionnelle.

Le général Salan a refusé d’y participer.

Ce que l’on sait moins, ce sont les circonstances exactes et exceptionnelles dans lesquelles le général Salan a sauvé sa tête.

Les jurés sont réunis et il est plus que probable qu’une condamnation à mort sera votée, De Gaulle la veut et même Jean-Louis Tixier-Vignancour en est intimement persuadé.

Que se passe-t-il donc dans le secret de la salle des délibérations ? L’un des jurés, Pasteur Vallery-Radot (membre de l’Académie de médecine, membre de l’Académie française, grand croix de la légion d’honneur, ex député RPF, etc.) sort un revolver de sa poche et avertit :

« Je vous préviens, si vous votez la mort de Salan, je me tue, là devant vous ! ».

On peut imaginer la stupeur qui s’empare des autres jurés et des magistrats.

Si cela se produisait, sur un plan technique il faudrait reprendre le procès à zéro mais sur le plan émotionnel le scandale serait énorme, international.

Or aussi bien les magistrats que les jurés savent que Pasteur Vallery-Radot ne cherche nullement à les influencer mais qu’il se tirera très certainement une balle dans la tête.

Les jurés ont voté les circonstances atténuantes, le général Salan a sauvé sa tête et De Gaulle a presque perdu la sienne car il est entré dans une colère noire en l’apprenant.

Cette anecdote dramatique m’a été racontée par Maître Jean-Louis Tixier-Vignancour en personne.

Voir en ligne : http://magoturf.over-blog.com/2019/...

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