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La lutte frénétique contre les inégalités à tout prix

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Par Pierre Allemand.

La lutte contre les inégalités est une activité classique pour tout politique qui veut se faire un nom et accessoirement augmenter le nombre de ses électeurs. L’État affiche et met en œuvre cette lutte, en provoquant des inégalités encore plus grandes.

La chasse aux inégalités est un sport auquel se livrent en permanence un certain nombre de politiques, ainsi que certaines associations, la plus connue étant Oxfam International (Oxfam France, sa filiale française, est dirigée par Cécile Duflot qui s’est retirée de la vie politique en 2018, sans doute épuisée par la rédaction de la loi ALUR ).

La lutte contre les inégalités est une activité classique pour tout politique qui veut se faire un nom et accessoirement augmenter le nombre de ses électeurs. C’est en effet une belle idée devant amener à la paix sociale absolue que de faire en sorte que les individus se fondent dans une masse transparente et uniforme qui empêche absolument de les distinguer.

Mais ces individus ne perdraient-ils pas du même coup leur identité même ? Par ailleurs, si l’action individuelle ne permet plus à chaque individu de s’élever au-dessus de la masse, n’est-ce pas entraîner l’uniformité au niveau le plus bas pour tout le monde ?

Les différentes formes d’inégalité

Le vocable inégalités recouvre un domaine très large qui n’est d’ailleurs pas souvent précisé celui qui se livre à cette chasse. On peut néanmoins distinguer trois grandes formes d’inégalités :

Inégalités devant la loi

C’était une forme d’inégalité qui était en usage en France, sous l’ancien régime : « selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » écrivait La Fontaine dans Les animaux malades de la peste en 1698. Dans son article premier, la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 a en principe mis fin à cette situation. Je dis en principe car il ne me paraît pas très égal que par exemple certains détenus le soient dans des quartiers dits VIP, ce qui montre sans conteste que ces conditions de détention sont finalement liées à l’état de puissant ou de misérable.

Inégalités de revenu

C’est la forme d’inégalité la plus populaire, et donc la plus dénoncée. Les protestations souvent pilotées d’ailleurs par les médias devant les salaires jugés exorbitants de certains capitaines d’industrie , en sont l’exemple le plus courant. Remarquons que ces protestations sont d’ailleurs bien moins importantes lorsqu’il s’agit du revenu des footballeurs . Il est vrai que dans ce cas, on parle de sujets bien plus sérieux, du moins pour les journalistes dits sportifs qui sont dans ce cas les pilotes peu convaincus de la protestation.

Quoi qu’il en soit, l’impôt sur le revenu vient raboter fortement les gros revenus avec le système très efficace mais peu éthique de la progressivité qui est une sorte d’impôt sur l’impôt, puisque le taux d’imposition sur un euro quelconque de revenu dépend aussi de la quantité de ces euros.

Inégalités de patrimoine

Est-ce parce qu’elles sont moins bien connues, toujours est-il que ces inégalités-là semblent mieux acceptées par une partie de la population. Pour preuve cesondage révélé par l’IFRAP qui constate que 80 % des Français sont hostiles aux droits de succession qui peuvent pourtant constituer un moyen puissant pour rogner progressivement les plus gros patrimoines. Du point de vue de l’éthique, il faut cependant reconnaître que ces droits constituent un impôt sur la mort particulièrement indécent.

La justification des impôts cités ci-dessus est toujours la même : le prélèvement est effectué pour le compte de la collectivité. Or, du point de vue de celui qui décide du montant de l’impôt, rien n’est trop beau pour celle-ci. Par ailleurs, l’État se crée en permanence de forts besoins d’argent et n’a pas d’autre source de financement1.

Notons cependant que ces arguments sont parfaitement subjectifs et n’ont aucune justification morale.

L’État, fabrique des inégalités

Il est un fait que les biens produits par l’État sont complètement inexistants. L’État ne produit que des services, qu’il vend curieusement à la tête du client : celui disposant d’un gros revenu paiera beaucoup plus sous forme d’impôts que celui payé au SMIC les services vendus par l’État comme l’éducation ou la sécurité.

Par ailleurs, certains services comme le transport via la SNCF sont payés plusieurs fois par les clients de l’État : une première fois lorsque le client achète son billet de train ; une deuxième fois lorsque ce même client finance via ses impôts le prix du déficit annuel de la SNCF ; une troisième fois lorsqu’il paye, toujours par ses impôts, l’effacement périodique de la dette de la SNCF ; une quatrième fois lorsqu’il paye la part étatique des investissements consacrés aux transports ferroviaires.

La facture totale du billet de train finit donc par être élevée. Cette situation explique pourquoi tant les gouvernements successifs que les organismes concernés freinent des quatre fers la mise en concurrence de cette activité : les premiers craignent pour la paix sociale, les seconds (syndicats, direction) savent que la Société Nationale n’est pas du tout en état de supporter cette concurrence. Mieux vaut pour les protagonistes cités de conserver les inégalités courantes…

Remarquons toutefois que par un artifice consistant, en gros, à ignorer certains postes comptables, la SNCF a déclaré des bénéfices au cours de ces dernières années : 1,33 milliard en 2017, 141 millions en 2018, mais -801 millions en 2019, conséquence de la longue grève de décembre .

Lorsque le client français se rend compte qu’il paye un prix exorbitant pour des services qu’il estime insuffisants, il cherche tout naturellement une solution de repli, et peut décider de quitter la France . En effet, les pays ne manquent pas qui demandent moins d’impôts et offrent des services supérieurs. Seulement, pour le pays ce départ s’accompagne de la perte d’un (souvent gros) contribuable, ainsi que d’une perte de chiffre d’affaires correspondant à une bonne partie de l’ex-revenu de l’exilé qui faisait vivre un certain nombre de personnes.

Ce départ est considéré par de nombreux politiques et médias comme une atteinte inadmissible au revenu du fisc. Peu d’entre eux se placent au niveau de l’exilé, ce qui est assez improductif, car il en résulte que les remèdes envisagés à ces départs sont uniquement contraignants et ne peuvent aller très loin vers une solution.

La lutte contre les inégalités de revenus montre ici ses limites.

L’illusion de la gratuité

L’État, ou les collectivités locales peuvent lutter contre les inégalités en multipliant les services dits gratuits dont l’objectif est de permettre aux personnes à faible revenu d’en bénéficier. Ces services sont finalement payés par les ménages aux revenus plus élevés. Par exemple, le 23 juillet 2020 les élus du Conseil de Paris ont voté à l’unanimité la gratuité des transports en Île-de-France pour les enfants parisiens jusqu’à leur majorité.

Comme ces transports sont du ressort de la Région Île-de-France, la gratuité s’exprimera par le remboursement a posteriori du Pass Navigo . Ceci reviendra d’ailleurs à fabriquer une inégalité colossale entre les enfants franciliens et les enfants parisiens sur le même réseau, puisque les mineurs Parisiens pourront voyager gratuitement sur tout le réseau, chose qui sera interdite aux banlieusards.

On peut parier que les élus franciliens vont essayer à leur tour de résoudre le problème en fabriquant une nouvelle inégalité entre les jeunes voyageurs franciliens et les jeunes Français en général…

« Il n’y a pas de repas gratuit » disait Milton Friedman , Prix Nobel d’économie en 1976. Malheureusement, les élus franciliens n’ont sans doute qu’une connaissance limitée de l’économie réelle…

Le coûts des déplacements en région parisienne (en langage à la mode les mobilités) constitue un frein naturel au développement illimité de l’agglomération. Si ce frein est supprimé, en agissant toujours vers le bas sur les prix, ce que les politiques font depuis toujours, on favorise ce développement sans mesure, avec les inconvénients de plus en plus grands qui en résultent : pollution, promiscuité dans les transports collectifs, embouteillages dans les rues, et pertes énormes de temps.

On fabrique et on développe en même temps des fosses à subventions sans fond comme la RATP ou la SNCF .

Si, au contraire on laissait agir ce frein, on favoriserait la naissance de petites agglomérations périphériques à dimensions plus raisonnables. Mais comme toujours les politiques ont une vision strictement limitée au temps qui les sépare des prochaines élections, et favorisent donc toujours le gigantisme et la dépense centralisée et sans limites, payée par des contribuables lointains qui n’en profiteront jamais. On fabrique ainsi de gigantesques inégalités qui peuvent créer l’émergence de mouvements spontanés du genre Gilets jaunes .

L’ISF, l’IFI et les inégalités

L’IFI, Impôt sur la Fortune Immobilière , a remplacé l’ISF jugé avec raison économiquement stupide. L’ISF, impôt relativement peu productif si on se place du côté des prédateurs, possède en lui-même la propriété de s’auto-neutraliser. En effet, si la pression fiscale devient trop forte, et comme déjà expliqué plus haut, l’heureux possesseur de biens dits meubles peut émigrer avec ses biens vers des pays moins fiscalement voraces, ce qui revient à illustrer le célèbre aphorisme « trop d’impôt tue l’impôt« .

L’IFI est un ISF duquel on a retranché les biens meubles, ne laissant que les immeubles. C’est une redoutable machine à s’approprier les fortunes immobilières. Ainsi, sans aucune légitimité autre que la loi qu’il a lui-même faite établir, le gouvernement français peut s’attribuer en quinze ans 20 % d’une fortune immobilière de 50 millions et la moitié de celle-ci en cinquante ans. C’est un vol légal qui n’existe que dans seulement cinq pays au monde qui en compte 197 inscrits à l’ONU.

La justification de cet impôt cher à la deuxième génération de Gilets jaunes noyautée par l’extrême gauche est une punition infligée aux riches simplement pour le fait d’être riche. Bien loin de lutter contre les inégalités, cette punition consiste en réalité à assouvir une envie dévorante et une jalousie vis-à-vis de plus riche que soi.

Une société qui accepte ce genre de justification se met en désaccord avec la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, qui constitue le principal préalable de la Constitution de la Cinquième République. En effet, parmi ces droits figure la propriété qualifiée dans ce texte d’inviolable et sacrée. Inviolable signifie qu’elle ne peut pas être accaparée, quel qu’en soit le motif, sauf à respecter la condition d’une juste et préalable indemnité.

Le non-respect de cette règle qui ne peut être le fait que de gouvernements financièrement aux abois montre en réalité le véritable visage de cet impôt. Il ne s’agit, ni plus ni moins que d’une opération de racket : « j’ai la force (légale) pour moi, ainsi que la loi (que je fabrique) » dit l’État au contribuable. « Tu dois me payer le montant que je décide ». C’est la définition même de l’extorsion, punie de sept ans de prison et de 100 000 euros d’amende (Code pénal, article 312-1 ) lorsqu’elle est commise par un particulier.

Et le fait que ce racket profite finalement à un nombre supérieur à celui des victimes mises à contribution illustre d’une façon éclatante le principe de la démocratie qui ne respecte pas les minorités , à la différence d’ailleurs du libéralisme qui fait de ce respect l’un de ses principes fondateurs. La protection des minorités est en effet au cœur de la pensée libérale, à commencer par la minorité la plus petite : l’individu.

La démocratie c’est un agneau et deux loups votant ce qu’il y aura au dîner. Benjamin Franklin

Le libéralisme, c’est la police qui protège l’agneau contre les deux loups. Le Président Macron en a pourtant trouvé une autre : après avoir constaté que les emprunts inconsidérés d’argent ne seraient finalement payés par les Français qu’aux temps lointains où il ne serait plus aux commandes, a décidé d’utiliser ce moyen à outrance… ↩

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