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L’affaire BELLOUNIS (1ère partie)

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Cet article provient d'une édition antérieure de NJ.

Dans les coulisses de la guerre secrète :

L’affaire Bellounis

PAR ARMAND BAUGARD

L’affaire BELLOUNIS trouve son origine dans le vieil antagonisme qui oppose le F.L.N., le Front National de Libération et le M.N.A., le Mouvement Nationaliste Algérien.

- La rivalité de ces deux partis, explique le capitaine ROYER s’est vite transformée en une véritable guerre civile. Le F.L.N. incarnait la force, la brutalité et le terrorisme, alors que le M.N.A., parti de MESSSALI HADJ, un des pères du nationalisme algérien, se montrait plus conciliant et plus ouvert aux négociations avec la France.
(http://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/HARBI/12191)
C’est donc tout naturellement par le biais du M.N.A. que nos services secrets ont essayé, tout au long de la guerre d’Algérie, de rallier à la France certains chefs nationalistes et de créer ainsi une « troisième force » capable de s’opposer au radicalisme F.L.N.

C’est dans ce contexte que le 1er janvier 1957 prendra naissance l’affaire BELLOUNIS baptisée opération Ollivier, du pseudonyme de l’homme qui l’a imaginée. Une affaire étonnante qui nous restitue d’une façon exemplaire le climat de la guerre secrète qui sévit en Algérie pendant huit ans.

Au départ, une région au sous-sol très riche en pétrole, la willaya 6, c’est à dire les Aurès. Le F.LN. veut contrôler cet immense territoire où se sont réfugiées de puissantes bandes M.N.A.

Il met donc à la tête de la willaya un kabyle, Mellah Ali ben-Ahmed ; surnommé Si Chérif. Ce dernier est assisté par Amar, dit Le Rouget, autre kabyle veule et cruel qui s’attire aussitôt l’inimitié de la population.

En effet, les Arabes habitant ces hauts plateaux de l’Atlas n’admettent pas d’être dirigés par les Kabyles. Leurs villages sont régulièrement pillés et leurs femmes violées, la haine, la rancœur montent peu à peu pour exploser, en janvier 57, en un terrible massacre.
Les chefs désignés par le F.L.N. sont tués et leurs troupes chassées du territoire.

Un autre Si Chérif, Chérif-ben-Saïdi, ancien sergent chef de l’armée française fait prisonnier par les Kabyles puis relâché, prend la tête du mouvement insurrectionnel. Le nouveau chef rebelle explique aux habitants qu’il faut combattre à la fois le F.L.N. et les Français.

La willaya 6 est dès lors aux mains des Arabes.

Le FLN s’ inquiète : il faut absolument sauvegarder l’unité algérienne..

Une délégation est alors envoyée sur place, Si Chérif, se sentant menacé, se rallie avec ses hommes aux autorités françaises et laisse les "hauts plateaux" aux mains des révolutionnaires.

UN HORRIBLE CHARNIER

voir le site de Jacques SIMON
voir le site documents de Salan

Parmi les nombreuses bandes rebelles contrôlées parle M.N.A. qui se trouvaient dans cette région de l’Aurès, la plus redoutable est celle qui est dirigée par Mohamed BELLOUNIS,

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ancien conseiller municipal messaliste de Borj-Menaiel en 1954, à l’heure où commence la révolution algérienne. Cette bande compte trois cents hommes. Cependant BELLOUNIS est isolé, depuis que la révolte a éclaté, plusieurs responsables du parti de Messali Hadj ont rejoint le F.L.N. BELLOUNIS sent donc approcher sa perte.

Une seule solution pour échapper au F.L.N. : la France.

En janvier 57, il tente alors d’entrer en rapport avec le gouvernement de Paris. Ce n’est qu’à la troisième tentative qu’il parvient enfin, par l’intermédiaire d’un instituteur M. Barrière, à attirer l’attention de Robert LACOSTE, ministre résident en Algérie. Ce dernier charge alors le général SALAN, commandant en chef des forces armées, de l’affaire. Les autorités françaises acceptent d’apporter leur aide à BELLOUNIS en échange de son ralliement officiel. BELLOUNIS rechigne et pourtant le temps presse.

(1) Pseudonyme choisi par l’auteur. Le Capitaine ROYER qui a participé activement, du début jusqu’à la fin, au déroulement de cette étrange affaire. Appartenait, durant la guerre d’Algérie, au service Action psychologique de l’armée. Il a bien voulu nous recevoir et nous confier ses souvenirs et ses archives. Qu’il en soit Ici remercié.

Le 28 mai,en effet, l’horreur atteint un degré insupportable. A Melouza , petit village du douar de Beni-lliemane, on découvre le plus grand massacre de la guerre d’Algérie : http://www.cartage.org.lb/fr/themes...
300 habitants ont été abattus par le F.L.N. C’est un véritable charnier : vieillards, jeunes garçons et adolescents sont entassés, les corps encore déformés par la souffrance et la peur. Ils ont été assassinés à coups de couteaux et de pierres, au fusil, à la pioche. Ils ont été mutilés, torturés. le village baigne dans le sang, l’odeur est insoutenable. Des femmes éplorées parcourent le village à la recherche d’un père, d’un mari ou d’un fils, en poussant des cris de bêtes blessées et en se lacérant le visage avec leurs ongles, conformément à une antique tradition musulmane !

Les journalistes venus de partout s’emparent de l’affaire, et ce sont des images insupportables qui circulent dans le pays et dans la métropole. Le général SALAN et Robert LACOSTE

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se rendent sur place. Les hélicoptères ne cessent d’amener de nouvelles personnalités.

L’affaire atteint d’immenses proportions, l’Action Psychologique de l’Armée lance à coups de tracts, une grande opération d’information.

Voilà ce qui vous, arrivera entre les mains du F.L.N.

Ils savent que vous, " population arabe", êtes à nos côtés et ils ont peur.

Ils n’hésiteront donc pas à vous massacrer ralliez-vous à nous c’est votre seule chance !

Cet argument est largement appuyé par les terribles photos divulguées par la presse, et l’opération atteint pleinement son but. ’

L’étonnante lettre du capitaine COMBETTE

Le monde entier s’indigne : le F.L.N. par cette tuerie insensée, s’aliène encore un peu plus la sympathie de la population arabe.
De son côté, BELLOUNIS accepte maintenant de se rallier aux autorités françaises, grâce notamment aux efforts déployés par Combette, officier de la Section Administrative Spéciale.

COMBETTE est un jeune militaire enthousiaste qui, dans sa région de Ouled-Taïr-lllemane, a très vite réussi à s’attirer la sympathie de la population et à créer un tel climat de confiance avec les Arabes que 400 d’entre eux combattent à présent aux côtés de ses 120 hommes. Dès qu’il a reçu le feu vert du gouvernement français pour une collaboration avec le M.N.A., il a fait parvenir une lettre à BELLOUNIS, par i’intermédiaire du maire du Village.

Voici le texte de cette étonnante lettre écrite dans le plus pur style des correspondances arabes :

« Louange à Dieu !!
" "
« A Monsieur Mohamed BELLOUNIS le bonjour de ma part. C’est moi, Touidjine Ferrah, chef du Maghzen de Ouled-Taïr et maire du village qui écris cette lettre. Je pense comme toi qu’une rencontre entre nous est nécessaire. Pourquoi se cacher au lieu de vivre au grand jour dans le bonheur et la prospérité ? Nous voulons une Algérie heureuse avec du pain pour tout le monde, Il est temps pour ceux qui se sont trompés d’ouvrir les yeux et d’ agir comme des gens d’honneur. Au Service du Bien de la Patrie.

Le sang des innocents n’a que trop coulé. Nous voulons agir avec Intelligence :

A ceux qui parlent, nous parlons.

Si Ahmed est mort à Melouza de notre main pour n’avoir pas voulu comprendre ces choses-là. Tu veux combattre le F.L.N. : nous aussi. Alors, sois un vrai Musulman laisse les sentiers dé la forêt et viens marcher avec nous dans la lumière. Si tu veux me parler et si tu veux parler à mes chefs comme tu l’écris dans ta1ettre, alors viens ou dis-moi où te rencontrer. La place de ton fusil et des armes de tes hommes est à nos côtés.

Les Musulmans ne se battent pas comme des chiens, et les cadavres des F.L.N., les amis des communistes, pourrissent et sont mangés par les chacals. Je demande à Dieu que notre rencontre soit dans les jours proches.

A Dieu qui nous voit et qui juge nos actions,

Le bonjour de ma part aux hommes de bonne volonté

TOUIDJIN FERRAH , maire de Ouled Taïr

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