L’HOMME DE LA DRAISINE
Je voudrais répondre à Christian Phéline, mon voisin de Blida.
Je ne lirai pas l’homme de la draisine qui raconte un des drames oubliés et soigneusement cachés de la guerre d’Algérie.
Je préfère lui rappeler que c’est son père qui ma mis au monde au domicile de mes parents et que c’est son père qui est allé déclarer ma naissance et m’a donné le prénom de Suzanne parce qu’il admirait ma grand –mère maternelle qui s’appelait Suzanne.
Lui rappeler que son père soignait gracieusement les femmes du bordel de Blida, et que c’est son père qui a emmené mon père à ce bordel pour soigner gracieusement leurs dents, et que mon père a consacré un après-midi par semaine à recevoir ces femmes à son cabinet dentaire où il pouvait mieux les soigner.
Que c’est son père qui, un jour, est venu chercher mon père pour soigner un mourant en lui disant de faire attention parce que les mouches étaient déjà au plafond de la chambre du mourant.
J’aurais encore pas mal d’événements à lui rappeler parce qu’à Blida son père était un personnage extraordinaire, aimé et respecté de toute la population européenne aussi bien que musulmane.
Christian Phéline aurait surement beaucoup d’anecdotes typiques de la vie en Algérie à raconter, je souhaite qu’il nous en régale.