Episode 1 : En février 2014, Abdelatif Hammouchi, chef du contre-espionnage marocain est de passage à Paris. Il est arrêté et présenté devant une juge d’instruction car il est visé par plusieurs plaintes pour torture et complicité de tortures par plusieurs associations et ressortissants franco-marocains (contre qui ? On souhaiterait le savoir)

Le Makhzen suspend aussitôt sa coopération judiciaire avec la France et remet en cause de nombreux accords bi latéraux.

A Paris c’est l’affolement aux Affaires étrangères qui vont tout faire pour débloquer cette situation.

Le 31 janvier un nouvel accord sur la coopération judiciaire, quasi secret, est signé.

**Le Canard Enchaîné vient de le dévoiler : pour qu’il n’y ait plus d’affaire comme celle concernant Hammouchi, chacun des deux pays doit immédiatement informé l’autre des procédures et des faits pénalement punissables. Les plaintes déposées en France contre un marocain doivent être transmises sans délai à Rabat, et inversement. Il appartiendra au pays concerné de décider des suites à donner, soit l’ouverture d’une procédure, soit son renvoi dans l’autre pays. Ainsi le pays concerné pourra décider unilatéralement la « clôture » du dossier. Les magistrats saisis du cas Hammouchi n’ont plus qu’à classer le dossier. »

*Ainsi, par exemple, un sujet marocain qui assassinera en France un leader de l’opposition au roi du Maroc (cela s’est déjà produit : Medhi Ben Barka, assassiné en France en octobre 1965), s’il est arrêté ne pourra ni être entendu par nos magistrats, ni être condamné par la justice française, mais raccompagné au Maroc pour être honoré comme il se doit.

Le 14 février, jour de la Saint-Valentin, déclaration d’amour de notre ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve (alors en voyage au maroc) qui annonce depuis Rabat qu’Abdelatif Hammouchi sera bientôt décoré, à Paris, de la Légion d’Honneur. (Rappelons que la Légion d’Honneur récompense les mérites éminents acquis au service de la Nation, soit à titre civil, soit à titre militaire)

On peut se demander quels sont les mérites rendus à la France par M. Hammouchi, chef du contre-espionnage marocain ?

Episode 2 : Le 23 janvier 2015, après l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo, des journalistes de la chaîne arabophone France 24 sont empêchés de tourner au Maroc une émission sur la liberté d’expression intitulée « L’humour comme moyen d’expression ».

Le dimanche 15 février, Jean-Louis Pérez et Pierre Chautard, ont reçu la visite des policiers marocains venant les arrêter directement à la maison des droits de l’homme de Rabat, en présence du président de l’AMDH, Ahmed El-Haij, en vue d’être expulsé, alors que, justement, ils étaient en train de tourner un documentaire sur « Les droits de l’homme » au Maroc et interviewaient des personnalités indésirables pour le régime marocain, qui refuse d’entendre leur voix. Après l’arrêt du tournage et que leur matériel eût été confisqué et, surtout pour obtenir des informations sur leurs sources, les deux journalistes furent expulsés « manu militari ».

Malgré un échange téléphonique entre François Hollande et le roi du Maroc, la France s’incline pour des raisons économiques et stratégiques et on espère toujours une forte réaction de la ligue des droits de l’homme et des ONG françaises qui restent étrangement silencieuses, à l’exception de Reporters sans frontières.

Jean-Louis Pérez s’est exprimé dans l’émission « 28 minutes » et a déclaré au sujet du reportage prévu : « Je pense qu’il y avait une personnalité qui les avait vraiment fachés, parce que c’est quelqu’un qu’ils détestent » Pérez était à l’abri, en France, et pouvait très bien révéler de qui il s’agissait puisque, de toute façon, on l’aurait appris dans leur reportage !

Le Président de la République a reçu le roi du Maroc à l’Elysée. Ils se sont expliqués mais il est vrai que Mohamed VI se trouve aujourd’hui devant une situation très difficile vis-à-vis de son peuple à cause des révélations sur son compte dissimulé à la banque HSBC et qui vient d’être révélé par « Le Monde ». Il donc est préférable de ne pas y ajouter d’interventions « musclées » destinées à baillonner son opposition.