Je n’ai pas écrit d’article le 11 septembre 2013. J’avais besoin de laisser passer un peu de temps.
Je suis lié par une affection ancienne et profonde au peuple américain
J’avais le cœur serré en entendant la longue liste des noms des victimes énumérée à New York, sur le site longtemps appelé Ground Zero, à Washington devant le Pentagone, et à Stoystown, Pennsylvanie, où le vol 93 s’est écrasé. Je suis lié par une affection ancienne et profonde au peuple américain, à son histoire, à ses joies, à ses tragédies. J’étais à New York quelques semaines après les attentats, et je garde en mémoire la cendre et la calcination, la douleur, mais aussi l’élan extraordinaire de courage, de dignité et de détermination de millions d’Américains. Je savais à l’époque que c’était la guerre. Je songeais que dans ces circonstances terribles, il était salubre que les Etats-Unis aient eu un Président à même de comprendre que c’était la guerre, de définir celle-ci, et de se conduire en Commandant en Chef digne de ce nom. Je voyais monter dans l’atmosphère européenne l’esprit malsain de l’apaisement et de la haine anti-américaine, qui est un autre nom du renoncement à la liberté. Je lisais avec dégoût les textes de membres de la gauche américaine.
Douze ans plus tard, je dois le constater : un immense reflux est enclenché. Les victoires durement remportées sous George Walker Bush ont été effacées une à une. L’esprit malsain a saturé l’atmosphère européenne jusqu’à en chasser ce qui ne lui ressemblait pas. La gauche américaine est, très largement, parvenue à ses fins, jusqu’à installer le plus émétique et le plus indigne de ses membres à la Maison Blanche.
Sous George Walker Bush, les bases arrières d’al Qaida ont été détruites, les talibans ont été, pour l’essentiel, chassés d’Afghanistan, le régime de Saddam Hussein en Irak a été renversé, et un Irak différent, aussi proche qu’il est possible de la démocratie dans cette région du monde, a pu se trouver établi, des milliers de djihadistes partis pour tuer des Américains du côté de Bagdad ont été éliminés de la surface de la terre, l’Iran a été placé sur la défensive et a suspendu ses programmes atomiques, le Liban a vu se desserrer l’étreinte conjointe du Hezbollah et du régime syrien, la Libye a abandonné ses programmes d’armement et a décidé de coopérer avec les services occidentaux dans la lutte contre l’islam radical.
Mais George Walker Bush a fait l’objet d’une campagne de diffamation répugnante, scandée de cris de haine et de diffamations falsificatrices. Les armes de destruction massive irakiennes, qui ont servi à gazer des villages kurdes entiers et qui ont pu quitter l’Irak en direction de la Syrie grâce à la complicité de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, ces armes de destruction massive dont la CIA, le MI6, la DGSE, la National Geospatial Intelligence Agency dirigée à l’époque par James Clapper (aujourd’hui directeur de la National Intelligence) attestaient l’existence ont été décrétées n’avoir jamais existé.
La campagne contre George Walker Bush a permis l’élection de l’Elu des diffamateurs, sanctifié avant même que le suffrage universel ait pu s’exercer, au nom du père Marx, du fils Franz Fanon, et du Saint Esprit Muhammad. Et l’Elu des diffamateurs a pu agir.
Il a déclaré qu’il n’y avait pas de guerre contre le terrorisme, que les Etats-Unis n’étaient pas en guerre avec l’islam radical et n’accepteraient jamais que le nom du Prophète de l’islam soit sali. Il a nommé des gens venus des Frères musulmans à tous les niveaux de son administration et choisi un hafiz, Rashad Hussain, comme ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Organisation de la Conférence Islamique. Il a changé les règles d’engagement pour les troupes en Afghanistan, envoyé Richard Holbrooke chercher des « talibans modérés » avec qui s’entendre, et annoncé qu’il « mettrait fin » à la guerre en Afghanistan en 2014, ce qui a été un signe amical envoyé aux talibans tout court. Il a retiré au plus vite toutes les troupes américaines d’Irak, contre l’avis du gouvernement irakien, et livré ainsi le pays à l’Iran et au retour des attentats terroristes. Il a prononcé un discours en direction de la umma à Al Azhar, avec pour invités d’honneur les principaux dignitaires des Frères musulmans égyptiens, contre l’avis d’Hosni Moubarak, et dix-huit mois plus tard, les Frères musulmans étaient au pouvoir au Caire et Moubarak en prison. Il a lâché Ben Ali en Tunisie au profit d’Ennahda, et fait éliminer Kadhafi en Libye avec l’imbécile complicité de Sarkozy et Cameron, pour le plus grand bonheur des djihadistes libyens. Il a fait éliminer Oussama Ben Laden au moment où une divergence existait dans al Qaida entre Ben Laden et Ayman Al Zawahiri, partisan d’un rapprochement avec les Frères musulmans, et a entériné la ligne Zawahiri. Il a abandonné les Iraniens soulevés contre la tyrannie islamique, et pratiqué l’apaisement vis-à-vis d’Ahmadinejad et de Khamenei, permettant à ceux-ci d’avancer vers l’arme atomique sans encombres, et espérant qu’après Ahmadinejad, il pourrait trouver un terrain d’entente avec Khamenei. Il a considéré Assad comme un « réformiste » et l’a courtisé, jusque trois mois après le début de l’insurrection en Syrie, et n’a commencé à sembler songer au renversement d’Assad qu’une fois les « insurgés » pris en main par les Frères musulmans et al Qaida.
Aujourd’hui, l’islam radical qui avait reflué sous George Walker Bush l’emporte largement dans le monde musulman : malgré la tentative de remise en ordre de l’Egypte sous l’égide du général Sissi, le pays reste tout au bord du chaos. L’Irak et l’Afghanistan, eux, sont dans le chaos. L’Iran des mollahs fait toujours l’objet de discours d’apaisement. Les pitoyables pitreries de Laurel et Hardy, Obama et Hollande, concernant la Syrie laissent les zones sunnites aux mains d’al Qaida et l’Ouest du pays aux mains d’Assad, du Hezbollah et des Gardiens de la révolution venus de Téhéran.
Ayant observé le pitreries, Vladimir Poutine, qui est un néo-léniniste sérieux, a relu Machiavel, et y a vu une opportunité à saisir, qu’il a saisie. Laurel et Hardy sont éliminés du Proche-Orient. Vladimir entend utiliser le croissant chiite comme un atout maître qui lui permettra de faire de la Russie la puissance dominante au Proche-Orient, en remplacement des Etats-Unis, de briser la continuité sunnite radicale qu’Obama voulait instaurer, d’être maître du nucléaire iranien, qui lui permettra de peser sur l’Arabie Saoudite et sur Israël.
John Kerry rencontre Sergei Lavrov à Genève. Il mime la fermeté. Lavrov n’a pas besoin de mimer quoi que ce soit : il a toutes les cartes en main.
Je n’ai pas écrit d’article le 11 septembre 2013, non. Je me souvenais qu’à l’époque les Etats-Unis avaient un Président. J’étais infiniment triste en songeant que douze ans après, il y avait un imposteur à la Maison Blanche, et que cet imposteur avait défait tout ce que George Walker Bush avait fait, insulté ainsi la mémoire de ceux qui sont morts le 11 septembre 2001, insulté aussi la mémoire des soldats tombés en Afghanistan et en Irak, livré le monde musulman à l’islam radical, et abandonné le Proche-Orient à un ancien officier du KGB.
Je n’ai pu m’empêcher de songer aux victimes d’un autre onze septembre : le 11 septembre 2012. Ce jour là à Benghazi, dans la Libye livrée aux djihadistes, une transaction made in Obama destinée à transférer des armes de djihadistes libyens vers les djihadistes syriens a mal tourné. Quatre Américains sont morts, dont un ambassadeur, ignominieusement abandonnés aux barbares par tous leurs supérieurs hiérarchiques, à commencer par le principal d’entre eux. Des mensonges ont été proférés pour couvrir un ensemble de trahisons et une affaire plus grave que le Watergate. Mais ce onze septembre là est déjà presque oublié.
Encore quelques années comme cela, et les Etats-Unis seront une puissance déchue.
Un immense reflux est enclenché, disais-je. L’esprit malsain sature l’atmosphère européenne. La gauche américaine est, très largement, parvenue à ses fins, oui.
Un redressement viendra-t-il. Au nom de l’esprit des Pères fondateurs et au nom de la liberté sur terre, je veux encore l’espérer.
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