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Des mesures économiques indispensables… et dangereuses

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Par Jean-Philippe Delsol.

Un article de l’Iref-Europe

Deux mille milliards ! 2000 milliards… qui dit mieux ? Aux enchères du coronavirus, ce sont les États-Unis qui l’ont emporté en volume de l’enveloppe de secours. L’Europe a mis 1000 milliards, mais ses pays membres ont également contribué. L’argent public coule à flots et la planche à billets fonctionnera sans limites.

Il est vrai que la crise est inédite. Un arrêt généralisé et mondial de l’économie est provoqué par un coronavirus inattendu. L’activité s’effondre partout. L’indice PMI composite qui en mesure le niveau était supérieur à 50 depuis 2013, signifiant que l’activité progressait de mois en mois, et il a plongé à 31,4 en mars dans la zone euro.

Certes, certains pays ont anticipé mieux que d’autres. Ils ont moins de morts, comme l’Allemagne, et plus d’activité, comme la Corée du Sud ou la Suède. Après la crise, nous pourrons évaluer quelles ont été les politiques les plus efficaces et les moins coûteuses en vie et en argent.

Mais la France qui s’est trouvée sans masques, ni plan de dépistage, ni suivi de l’épidémie n’avait peut-être, par précaution, pas d’autre choix que ce confinement généralisé qui frappe presque toute l’économie. Et le pire est peut-être à venir.

Des mesures économiques agissent plutôt en soutien de l’offre que de la demande

D’ores et déjà, il faut craindre que le recul du PIB en France, c’est-à-dire la baisse de notre production globale, et donc indirectement de notre revenu, ne soit très importante cette année.

Si nous estimons qu’un tiers de la population ne travaille plus, qu’un tiers est plus ou moins en télétravail dont on sait que la productivité est réduite, peut-être de moitié, et que le dernier tiers travaille encore mais parfois moins ou dans des conditions difficiles et de précaution qui ralentissent son efficacité, c’est sans doute largement plus de 50 % de perte de production.

La reprise ne sera pas aisée et seulement progressive, sur un mois peut-être. S’il y a deux mois de confinement comme certains experts le préconisent, c’est sans doute une baisse de 10 % du PIB, peut-être plus, qu’il faut redouter.

Dans ces circonstances, les mesures mises en place par le gouvernement français étaient nécessaires. À défaut les entreprises auraient déposé leur bilan sans tarder dans un jeu de dominos dévastateur. L’État va soutenir toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, en garantissant les emprunts de trésorerie, que les banques sont plus ou moins obligées de leur accorder, pour des montants considérables, jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires annuel ou deux années de masse salariale pour les start-up.

Par ailleurs sont accordés des reports de paiement de charges sociales et d’impôt direct ainsi que, pour les plus petites entreprises en difficulté, un report du paiement des loyers, factures d’eau, de gaz et d’électricité. Des mesures généralisées de chômage technique permettront des prises en charge des salaires pendant la période de crise… Ces mesures vont aider les entreprises à passer le cap.

On peut donc considérer les mesures actuelles comme inévitables afin de maintenir en réanimation les entreprises que l’imprévoyance de l’État a mises en grave danger. En aidant les acteurs économiques, elles agissent plutôt en soutien de l’offre que de la demande.

Cette esquisse d’une politique de l’offre, au travers de la réduction de diverses obligations sociales et fiscales, pourrait même être utilement prolongée à condition qu’elle soit davantage financée par des économies dans les dépenses étatiques que par un recours continu à l’emprunt qui ne pourrait pas s’amplifier sans risque majeur pour l’économie elle-même.

Car le rebond espéré après ne pourra avoir lieu que si tous les acteurs de la société relèvent la tête et retroussent les manches, ce qui pourrait être encouragé en libérant durablement les conditions et horaires de travail et en permettant que chacun de ceux qui travaillent plus gagnent plus.

Plus l’État intervient dans l’économie, plus la croissance baisse

Mais le risque est important que ces circonstances extraordinaires incitent la puissance publique à se croire indispensable alors même que les ressources publiques auront décru de manière drastique. Celles-ci représentent environ 50 % du PIB et se réduiront à proportion de la baisse du PIB.

Elles chuteront même plus encore car l’économie sera en morceaux et chacun sait qu’il est plus difficile de reconstituer le vivier que de faire de la bouillabaisse avec les poissons qui s’y trouvent.

Le versement sans compter d’argent public aura perturbé les mécanismes de marché en créant, comme toujours dans ces cas, des gagnants et des perdants indus, en favorisant des profiteurs au détriment parfois des autres, ce qui rendra plus difficile encore la reprise.

La tentation sera grande alors que l’État maintienne sa mainmise sur l’économie et continue d’assister sans mesure les ménages et d’administrer les entreprises. Et déjà certaines mesures inquiètent comme le chantage de l’État qui prévoit de refuser les aides publiques aux entreprises qui distribueront des dividendes cette année. Le ministre de l’Économie n’a pas hésité d’ailleurs à dire qu’il irait jusqu’aux nationalisations éventuellement.

Enfin, la menace sera que l’État continue à s’endetter sans compter et sans rembourser.

Certes les naïfs diront que ça ne serait pas si grave eu égard aux enseignements de Keynes selon lequel « des dépenses sur fond d’emprunt peuvent, même lorsqu’elles sont inutiles, enrichir en définitive la communauté ».

Keynes pensait même que la construction des pyramides avait été l’une des causes de la richesse « fabuleuse » de l’Égypte ancienne, en oubliant sans doute que le plein emploi n’y était pas assuré sinon par une masse considérable d’esclaves qui représentaient de fait autant de ceux qui seraient aujourd’hui mis dans la catégorie des chômeurs et ou des contribuables surtaxés.

Le multiplicateur budgétaire de Keyne s, selon lequel l’augmentation de la dépense publique dans un pays a pour conséquence une augmentation plus que proportionnelle de la production dans ce même pays, n’a jamais fonctionné durablement.

L’histoire des dernières décennies dans les pays développés démontre que plus l’État intervient dans l’économie, plus la croissance baisse. Il convient donc de rester vigilant pour éviter que la crise soit prétexte à une collectivisation durable .

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