Il y a 40 ans, le 27 décembre 1974 un coup de grisou faisait 42 victimes sur les 90 mineurs descendus dans la fosse des Six-Sillons à Liévin (Pas de Calais). Ce fut la plus grande catastrophe minière d’après guerre, elle laissera 40 veuves et 116 orphelins.
Le Premier ministre, Manuel Valls, a prononcé un discours émouvant sur « Le monde ouvrier qui a contribué à bâtir la France ».
« Honorer la mémoire des victimes c’est aussi accomplir un devoir envers tous les ouvriers de la mine qui durant trois siècles ont fait de la France une grande nation industrielle. Les ouvriers ont tenu une place centrale dans le destin de notre nation. Le monde ouvrier a fait avancer l’histoire, à travers sa participation au dessein économique de notre pays. La France compte toujours plus de six millions d’ouvriers. Les ouvriers ont pris toute leur part aux progrés économiques et sociaux et « bâti la France »
Tout cela est parfait, monsieur le Premier ministre, et vous deviez commémorer cette tragédie, mais il ne s’agit pas de la plus grande catastrophe minière de l’après-guerre.
Le 20 août 1955 à El Halia, petit village proche de Philippeville, se situait des mines de pyrite et de fer ouvertes avant la deuxième guerre mondiale.
En 1930 deux millions de tonnes de minerai de fer et un million de tonnes de phosphate étaient produits et en 1953 la production minière était de 3.372.000 tonnes, dont 10% étaient exportés vers la métropole. Les mines de charbon de Kenadsa produisaient 40.000 tonnes. Toutes ces mines atteignaient des rendements égaux à ceux des camarades mineurs du Pas-de-Calais.
Dans ce village d’El Halia vivaient 130 européens et 2000 musulmans. Ces derniers étaient payés au même taux et bénéficiaient des mêmes avantages sociaux que leurs camarades européens. Les coups de grisou et la silicose ont tué autant de mineurs en Algérie qu’en France.
Mais là n’est pas mon propos.
Ce 20 août 1955 les ouvriers musulmans préviennent les européens d’un risque d’attaque des terroristes et ils ajoutent :
« vous n’avez rien à craindre, nous vous défendrons ».
Ce sont ces ouvriers musulmans qui les premiers ont égorgé leurs camarades.
71 européens ont été massacrés. Ils n’ont laissés ni veuves ni orphelins. 6 familles sur 50 survivront à cette tuerie sauvage et barbare.
Voilà donc, Monsieur le Premier ministre, ce que fut la plus grande catastrophe minière d’après-guerre.
Ces ouvriers ont également pris part aux progrès économiques et sociaux de la France…en Algérie.
Peut-être que pour les soixante ans de cette tragédie, le 20 août 2015, aurez-vous une pensée émue pour tous ces ouvriers-mineurs et leurs familles morts pour la France sur une terre française ?