« Ils » ont tous crié haro sur le baudet quand un parfait inconnu (comme d’ailleurs tous ses collègues parlementaires) LREM, un certain Gilles le Gendre, est sorti pour quelques heures de l’anonymat cher à Andy Warhol en expliquant que le grand tort du pouvoir actuel était d’être trop intelligent, trop subtil, trop technicien pour être compris des idiots congénitaux qui constituent la France profonde… Enfin, s’ils ont eu leurs vapeurs, c’est moins par empathie avec le peuple de France, que parce qu’il y a les Gilets Jaunes, que c’est le bon moment pour retourner sa veste, qu’ils ont beaucoup à se faire pardonner, et surtout, surtout, qu’ils ont peur, au cas où une démocratie illibérale venait à s’installer en France (Macron et Dieu nous en préservent), de se retrouver, comme tout un chacun, à faire le poireau devant Pôle Emploi. Mais au fond d’eux-mêmes, sachez-le, braves gens, « ils » sont parfaitement raccord avec le mépris qu’éprouve pour la populace ce Gilles le Gendre dont je répète pour la dernière fois le nom, certain que vous n’en entendrez plus jamais parler.

Hé bien moi, je vous le dis au risque de vous énerver, je souscris sans réserve à l’analyse de ce brillant commentateur - qui semble oublier que son job serait plutôt d’être acteur, mais ne chicanons pas... Je l’applaudis même des deux mains pour la lucidité de ses propos. Oui, les LREM, leur président en tête (j’écris « leur » parce que je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il est aussi le mien, hélas), non seulement sont beaucoup plus intelligents que nous –la preuve, ils se sont fait élire sur leur seule bonne mine -, mais ils le sont beaucoup trop pour nous.
En réalité, l’élection de Macron, suivie de l’arrivée massive des LREM à l’Assemblée Nationale, n’est qu’une succession d’énormes malentendus. Les Français, dans leur médiocrité abyssale, croyaient n’élire que l’employé de banque effacé, époux d’une enseignante de lycée un peu olé olé, représentation type et rassurante d’une classe moyenne en voie de prolétarisation, qui comprendrait le désarroi des petites gens et saurait y porter remède, tandis que le candidat Macron voyait dans chacun des Français les start-upers aux dents longues, les winners prêts à tuer père et mère pour maximiser leur bonus de fin d’année, qu’il côtoyait tous les jours. La France, pour Macron, n’était qu’une étape dans son parcours de futur président d’un Monde parfaitement écologique, où les villes s’installeraient à la campagne. Nous, geignaient les français de la France qui perd, on voudrait seulement que nos salaires mensuels nous permettent de vivre décemment tout le mois. Incompréhension rédhibitoire.

Alors, il faut maintenant nous rendre à l’évidence, aussi cruelle soit-elle : nous sommes trop « peu » pour Macron et ses fidèles. La France est trop renfermée, trop petite, trop moisie pour de tels cerveaux. Nous n’avons ni le niveau intellectuel, ni les moyens financiers de les garder. Sachez-le, ils croulent sous les propositions. Des peuples plus intelligents, plus ouverts, plus riches que nous sont prêts à leur faire un pont d’or pour bénéficier de leur compétence.
Il faut nous résigner à les perdre. Certes, ils se sont engagés pour 5 ans avec nous, mais, pour une fois, montrons nous à la hauteur. Ne soyons pas procéduriers. Soyons classe. Laissons-les tous partir sans chipoter. Ce sera une grande perte, mais nous nous ferons une raison.

Joyeux Noël et très bonne année à tous mes lecteurs, même à ceux qui ont voté Macron ou LREM, à condition qu’ils ne récidivent pas.