« Bloc-notes : la droite doit se réconcilier avec le peuple »
Tout antimacroniste est un âne. C’est ce gourdin qui est brandi par le parti présidentiel. À entendre ses membres, rien de vertueux n’existe en dehors de La République en marche. Le parti est appelé à devenir le cercle des progressistes éclairés, pourvu qu’ils fassent allégeance au chef de l’État. C’est ce qu’explique Sébastien Lecornu quand le ministre des Collectivités appelle, dimanche, les maires LR à "laver leurs fautes" en rejoignant LREM. Gilles Boyer l’avait dit plus rudement peu avant : "Un maire qui serait élu sans l’appui de LREM et du Modem serait un ennemi du président. " Le lendemain, ce proche du premier ministre s’est excusé du mot guerrier. Mais le terme résume la tentation hégémonique de la formation : elle a déjà oublié qu’elle est arrivée deuxième aux européennes, derrière le RN. Elle ne s’attarde pas non plus sur la fragilité de son socle électoral, ni sur l’opinion revêche. La démocratie n’est pas cette farce.
Le chef de l’État se préoccupe plus de sa réélection en 2022 que de la préservation des équilibres politiques. Reconnaître son habilité tactique, qui a pulvérisé les partis vermoulus, est une chose. Plus inquiétant est son attrait pour la personnalisation du pouvoir et le parti unique, support de la pensée unique. Sa quête de reconnaissance se traduit par une jubilation à "achever la droite" (le JDD), dans le but de la faire taire. Rien n’est moins imaginatif que la stratégie de la table rase et de la diabolisation déployée par Macron : il vise à nouveau à faire de Marine Le Pen son unique adversaire dans trois ans. En cas de duel, le président est quasiment assuré de l’emporter encore, tant le soupçon d’incompétence pèse sur la vaincue de 2017. Or ce destin préfabriqué est indigne d’une république construite sur l’alternance et le multipartisme. Ne serait-ce que pour contrer cette pente despotique, il est urgent de consolider les oppositions.
La gauche n’est jamais rétive, au contraire de la droite, pour parler d’union quand sa survie l’exige.